SOIXANTIEME JOUR : LE 8 DECEMBRE 2019




        Soixantième jour déjà , ça commence à sentir le roussie ,  même si nous ne sommes qu' au milieu de notre circuit birman . Heureusement que la perspective de revoir la famille et  les amis , le contexte aussi des fêtes de fin d'année et la perspective de la neige et des sports d'hiver masquent  sérieusement l'amertume qui accompagne inexorablement la fin d'un grand voyage , surtout quand il a été riche en découvertes , comme celui-là. Ce matin nous avons la chance de ne pas être persécuter par un timing serré ,nous pouvons le prendre cool, car le départ avec Zaw n'est fixé qu'à 8h00 , le panard ! On va pouvoir faire la grasse mat jusque 6h00 ! Ca pourrait en faire sourire certains , mais c'est quand même mieux que les 4h00 du mat des deux jours précédents et de demain car nous reprenons l'avion pour aller au lac Inlé . Ce n'est pas tous roses et tous violettes, la vie de retraité ! Au petit déjeuner on apprend que Christian a été victime d'une indigestion qui s'est déclarée à trois heures , exactement comme moi :c 'est certainement la viande hachée des pâtes bolognaises qui était pourrie car nous avons étaient pris de frissons pendant toute la nuit !! Il est grand temps de rentrer au pays de Rabelais , de la bonne chair et du bon vin ! Nous apprenons par Gérard , venu manger seul , qu'Isabelle est dans le même état alors qu'elle avait pris une pizza  dans le resto Queen installé à côté de l'hôtel ! Il devient urgent que les Birmans adoptent des mesures d'hygiène s'ils veulent continuer à voir arriver autant de touristes .



            Comme prévu nous retrouvons notre cher Zaw vers 8h00 à la réception : personnellement je trouve qu'il parle de plus en plus mal  le français  , il est au même niveau que Ki : hier nous avons eu du mal à décoder des mots comme "ati" pour artistes ," pilier" au  lieu de plis concernant la robe de Bouddha , "tasse" à la place de terrasse ,... A force c'est fatigant de faire marcher son imagination pour trouver la solution de l'énigme .Depuis que nous nous sommes levés , nous nous heurtons au froid : sous la terrasse couverte où nous avons pris le petit déjeuner on voyait son haleine , je suis sur que le thermomètre ne dépasse pas 14 degrés , d'ailleurs nous avons tous enfilé un pull pour partir . Mais le plus drôle c'est lorsque nous arrivons au bus et que nous voyons les membres de notre équipage , chauffeur et Stewart, emmitouflés comme pour aller aux sports d'hiver !! Nous prenons la direction du village de Sel distant d'une vingtaine de bornes , spécialisé dans la fabrication de la pâte de soja et des tongs en bois . Dès la sortie de Old Bagan , nous ne tardons pas à longer  l'aéroport  . Puis nous  nous mettons à emprunter une  piste étroite et sinueuse . A chaque fois que notre petit bus rebondit sur une bosse ou au fond d'une ornière ,nous nous mettons à soulever un nuage de poussière  pas possible . Nous traversons une plaine d'herbes sèches d'où émergent des bouquets de palmiers  et aussi de petits arbres rachitiques au feuillage clairsemé . Par moment nous croisons une camionnette chargés de paysans partant travailler dans les champs que nous ne voyons pas . Nous croisons également quelques chars à boeufs chargés de  pieds de cacahuètes séchées   . On en voit aussi de jolies meules rondes entrain de dorer au soleil dans les  champs fraîchement récoltés . Par moment on voit de petits hameaux regroupant tout juste quelques paillotes entourés de haies d'agaves .




            Arrivés à Sel nous commençons par visiter un atelier de fabrication de pâte de soja : on fait bouillir les graines de soja dans de grandes marmites d'eau bouillante en utilisant les coques vides de cacahuète comme combustible . On enlève les graines  de soja cuites que l'on fait sécher sur des clayettes de bambous pour les manger accommodées avec la viande .Le  bouillon obtenu est remis au feu pour réduire jusqu'à obtention d'une pâte qui devient noire avec l'oxydation .Des autochtones armés d'une longue spatule en bois mélangent sans cesse la pâte qui s'épaissit progressivement en rendant des nuages de vapeur qui les incommodent . Cette pâte de soja est ensuite cuisinée avec des oignons pour être  servie lors des repas . Dehors nous assistons à l'arrivée d'un char à boeufs chargés de coques de cacahuètes vides .Toute la manoeuvre de déchargement s'effectue à la main . Chez les voisins nous voyons le même type d'atelier de production de pâte de soja mais industrialisée  celui-la,  avec une grosse citerne chauffée avec le même combustible à la place des marmites .






        Nous traversons ensuite le village pour aller voir la fabrication de tongs en bois  : sous une paillote  au fond d'une cour , un autochtone taille des planchettes avec une espèce de machette . Il sculpte ensuite une ébauche de talon puis, avec des lanières découpées  dans des courroies de récupération ,il assemble la fixation en la clouant sur les semelles de bois ,peintes  en rouge au préalable . Dans la même cour nous voyons le père de l'artisan  , étaler un tas de cacahuètes sorties de leur coque , pour les faire sécher au soleil . Puis il allume un gros cigare birman sur lequel il tire goulument à grand renfort d'épaisses volutes bleutées . En continuant notre balade dans le village ,nous voyons une villageois confectionner de grands paniers, pour transporter les pieds de cacahuètes séchés,  avec des lamelles de bambous que son mari prépare à coté . La base du panier est moulée dans un cadre de bambous carré fixé sur des petit piquets de 30 cm plantés verticalement dans le sol .




        Arrivés au bout du village nous visitons un atelier de fabrication d'huile d'arachide . Les graines sont libérées de leur coques par deux villageoise armées de marteaux et d'une enclume en bois , puis tamisées et enfin séchées au soleil . On les écrase à l'aide d'un mortier ,dans lequel le pilon est actionné avec un mouvement  de va et vient produit par un arbre à came . Avec 12 kg de graines on obtient 2 litres d'huile et 10 kg d'une pâte  ocre qui sert à confectionner des plats accompagnant la viande . Cette pâte se présente sous forme d'un pain de sucre creux  d'un centimètre d'épaisseur , dépourvu de pointe .





           Nous reprenons le bus pendant un bon quart d'heure pour aller voir un village de potiers  appelé Set Set Yo. Nous reprenons une petite piste parfois sableuse qui traverse d'innombrables champs de cacahuètes en cours de ramassage . Celui-ci se fait en passant une charrue tirée par des boeufs afin de déterrer les pieds entiers , les coques contenant les graines étant attachées aux racines . Des femmes accroupies dans la terre sableuse , coiffées de chapeaux coniques , rassemblent les pieds qu'elles empilent pour en faire des meules bien rondes  qu'un char à boeufs viendra chercher . Nous arrivons maintenant au village de Set Set Yo . Les maisons en bambous et aux toits de palmes de lataniers ,entourées de clôtures de branches tressées, sont de toute beauté . Ici aussi les graines de cacahuètes sèchent au milieux des cours . Des femmes s'affairent au décorticage et au trie à l'aide de grands tamis de bambou .Une villageoise d'une soixantaine  d'année nous montre son savoir faire en tournant quelques jolis pots pendant que son mari actionne le tour à l'aide d'une longue bielle relié à un levier auquel il imprime un mouvement de va et vient . Elle est très douée car elle réalise quatre ou cinq formes différentes de céramique devant nous en moins de cinq minutes , c'est impressionnant! Elle nous montre ensuite qu'elle fabrique aussi des cruches à eau comme celles que nous avions vu à Monywa . Sur des poteries qui sèchent déjà depuis deux jours , elle en assure la finition en "cul de poule" de la partie inférieure et et à l'aide d'une petite planche gravée de motifs géométriques elle décore la partie haute .Les pots sont cuit sur la place du village en les empilant  en tas recouvert de cendre sur lequel ont fait un grand feu de bois .






            Nous continuons notre balade en bus pour aller dans un autre village  appelé Nga Tha Yauk où les enfants sont coiffés d'une façon très curieuse par soucis de traditions jusqu'à l'âge du noviciat c'est à dire 14 ans , avec une sorte de chignon se terminant par une petite queue qui se dresse en l'air , comme une plume d'indien . Lorsque nous arrivons vers 11h00 ils sont entrain de se réunir sous un préau de la pagode pour prier avant d'aller manger . Cette petite escale permet à Christian d'évacuer une fois de plus les surplus de son indigestion .C'est déjà la deuxième fois depuis notre départ .De son côté Isabelle grelotte sur une banquette du bus sous un pull et un blouson .Quant à moi , je n'arrive toujours pas à évacuer , je sens que les pâtes bolognaises sont toujours là à faire le yoyo dans l'oesophage ,d'autant que je m'évertue à taper sur l'ordi malgré les nombreux chaos de la route . Bonjour les nausée  !!Comme nous ne voulons pas troubler le repas des enfants , nous laissons tomber la distribution de cahiers et de stylos prévue par Zaw .Vu  l'état des troupes nous décidons d'un commun accord de rentrer à l'hôtel d'autant que ce soir nous avons une sortie bateau de prévu sur l'Irrawaddy pour admirer le coucher de soleil sur les pagodes de Bagan . Il nous faut une petite heure pour pouvoir  regagner la ville et enfin se reposer à la chambre . De mon côté je me contente d'un verre de coca pendant que Dominique part manger avec Annie au resto de l'hôtel . Quant à Christian , il enfile le pyjama dès son arrivée .
        Après deux heures de blog et de classement de photos , l'appel du lit se fait sentir et lorsque je veux me lever  à 16h00 pour aller voir le coucher de soleil  , je suis terrassé par une crise de violents vertiges rotatoires qui m'oblige à replonger sous la couette jusqu'à 19h00 . Nous retrouvons Annie et Christian dans le hall de l'hôtel pour aller au resto , histoire d'avaler un bol de bouillon de légumes avant replonger dans le lit . On se souviendra de l'hôtel Umbra !!















Commentaires

  1. Pas de chance.... Espérons qu’aujourd’hui vous avez tous récupérés . Nous attendons votre retour. Bonne continuation.

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