CONCLUSIONS


CONCLUSIONS

C’est une sacrée gageure ,que d’essayer de tirer les conclusions sur un périple de soixante dix jours aussi intense que celui ci , qui nous a tenu en haleine sans le moindre soupçon de répit ,pendant toute sa durée . Afin d’éviter trop de confusion dans mon propos ,je vais m’en tenir à suivre la chronologie de notre parcours .
Je commencerai donc par le Vietnam auquel nous avons consacré la plus grosse partie de notre temps , soit environ 25 jours . Comme je l’avais déjà dit au cours de ce récit, le Vietnam c’est une incroyable histoire d’eau : il faut dire qu’avec 3500 km de côtes et trois grands fleuves , le Mékong , le Fleuve Rouge et le Fleuve Noir , il ne pouvait pas en être autrement . Ici on a toujours les pieds dans l’eau ! Aussi tout découle de là , les paysages , l’habitat , les cultures , la pêche et bien sûr les habitudes alimentaires . Préparé par de nombreuses lectures concernant le demi siècle de guerre dont a souffert le pays, j’ai été surpris par la gaieté et l’entrain de sa population , tournant ostensiblement le dos à son sinistre passé pour regarder droit devant . C’est certainement l’insouciance de la jeunesse de ses 96 millions d’habitants qui a permis ce miracle . Il suffit de se promener une heure dans les rues grouillantes de monde de Hanoï pour constater que le drapeau américain est présent partout dans les magasins , sur les sacs et sur les tee-shirts ! Mac Do , KFC et Coca Cola ont de belles années devant eux . Et c’est vrai que ça grouille partout ici au Vietnam , une vraie fourmilière .Il faut dire qu’ici tout se passe dans la rue , les maisons aux étroites façades ne servant que de dortoir dans les étages et de garage à scooter au rez de chaussée : sur le trottoir on installe les barbecues , on dresse des tables basses entourées de mini-tabourets , on épluche les légumes , on fait la vaisselle , on vend aussi ,tout et n’importe quoi ,rendant la vie impossible aux piétons qui ne peuvent décemment pas descendre sur la chaussée envahies de scooters . C’est dans cette cohue indescriptible que le touriste fraîchement descendu de l’avion, prend contact avec la capitale du Nord .Bridé par 10 siècles de servitude chinoise puis par 75 ans de joug colonial français , le Vietnam semble dévorer son avenir avec un appétit trop longtemps mis en stand by .
Après ce premier contact musclé , nous avons commencé très fort avec la découverte de ce qu’il est convenu d’appeler la perle de l’Asie du Sud Est , la Baie d’Ha Long . C’est aussi, pour nous ,le point culminant de notre voyage , même si la Baie d’Ha Long Terrestre du côté de Tam Coc peut pratiquement jouer à jeu égal avec celle-ci . Subjugués par ces deux merveilles , nous avons alors pris notre bâton de pèlerin pour entamer une inévitable descente vers le sud ,comme l’on fait bien avant nous les différents Empereurs vietnamiens , franchissant le « col des Nuages », pour atteindre Danang , puis Hué la capitale des N’guyen et enfin Hoi An que nous avons apprécié tout particulièrement à cause de sa vieille ville et aussi à cause de l’authenticité de sa population .
Nous avons ensuite entrepris un vaste crochet à l’intérieur des terres ,pour découvrir ce qu’il est convenu d’appeler les Hauts Plateaux, peuplés d’ethnies telles que les Gia Rais , les Ba Nas , les E Des et les Mnongs . Certainement avions-nous trop escompté de cette approche , qui somme-toute s’est révélée relativement décevante . Heureusement que la découverte de Dalat , cette station d’altitude que l’on doit à Alexandre Yersin, puis de Mui Né avec ses plages peuplées de cocotiers et ses superbes dunes de sable doré ont rattrapé la déception de ces Hauts Plateaux .
Il nous a fallu ensuite pas moins de quatre ou cinq jours pour découvrir le sud, la fameuse Cochinchine , avec sa capitale Saïgon ou Ho Chi Minh et son curieux délta du Mékong, où tout est à cent pour cent aquatique.Dommage que la chaleur accablante de la région nuit un peu à l’approfondissement de sa découverte .
D’un coup de vedette rapide sur le Grand Fleuve nous sommes alors passés au Cambodge et plus particulièrement à Phnom Penh , sa capitale . En quelques heures de bateau nous avons quitté la « Chine » pour nous retrouver en « Inde »: fini les yeux bridés , ici on a la peau mat et de couleur pain d’épice , on salue en joignant les mains sous le menton et en fléchissant le buste ,on porte aussi le krama , ce fameux foulard noué autour du cou , si cher aux Khmers Rouges . Finis les embouteillages , finies les rues grouillantes ,finies les scooters tonitruants , nous sommes dans un pays d’à peine 15 millions d’habitants où tout le monde est cal-me ….! Même au restaurant le changement est flagrant , ici le curry a pris le pas sur le piment . A l’hôtel il faut rester zen et surtout ne pas laisser transparaître notre impatience maladive d’Européen pour obtenir les clefs de la chambre , n’oublions pas que nous sommes au pays où l’on regarde pousser le riz !
Ici l’empreinte communiste semble moins apparente surtout lorsque l’on visite le Palais Royal, toujours occupé par une tête couronnée , même si elle n’est que fantoche ! Notre boucle sud n’offre pour finir guère d’intérêts, sauf peut être pour goûter le poivre de Kampot , les crabes de Kep et les plages de sable blanc bordées de cocotiers de Sihanoukville . Sans consteste , ici tout se passe dans le nord ouest du pays: d’abord à Battambang , autour du lac de Tonlé Sap avec ses magnifiques villages de pêcheurs vivant dans leurs bateaux ou dans des maisons sur pilotis et ensuite du côté de Siem Réap avec les incomparables sites archéologiques de Angkor Wat , de Angkor Thom et de Préah Vihear . Sur le plan architectural c’est ici que nous atteignons le Must de notre périple . Par contre, l’absence de relief du Cambodge rend sa traversée assez monotone et même pénible par moment du fait que cette plaine est écrasée par le soleil et couverte d’une végétation chétive . Nous y avons aussi apprécié la gastronomie ,beaucoup plus fine qu’au Vietnam ,avec des restaurants beaucoup plus propres . C’est bien le seul pays où personne du groupe n’a souffert de trouble digestif .
Après une petite incartade vers le sud-est , c’est à dire vers Kratie, qui mérite le détour ,nous sommes remontés plein nord pour passer au Laos et profiter d’un peu de détente dans l’Ile de Khone sur le Mékong . En continuant notre progression vers le nord nous avons pu découvrir le magnifique site archéologique khmer de Wat Phu , le seul au Laos , qui se révèle du même tonneau que ses homologues cambodgiens . Un coup d’avion et nous voilà à Ventiane , la capitale , qui recèle quelques pagodes dignes d’intérêt , mais sans plus, car on ne descend jamais en dessous du XVIIIème siècle . Vang Vieng n’est guère plus intéressante , il faut attendre la fameuse Plaine des Jarres pour en prendre plein les yeux . C’est vieux , c’est beau et c’est surtout très insolite , au milieu de ce vaste plateau désertique où les Américains se laissèrent aller à un acharnement sans précédent : un bombardement toutes les 7 minutes pendant 11 ans successifs ,sans aucune interruption !! Un délire paranoïaque qui ne peut venir que des yankees ! Encore un pas vers le nord et cette fois nous tombons sur du lourd : c’est Luang Prabang , l’ancienne capitale du Royaume du Millions d’Eléphants , un petit bijoux où nous passons trois journées particulièrement intéressantes .
C’est en continuant notre route vers l’ouest cette fois , vers Pak Ou ,puis Pak Beng et Oudomxay que nous découvrons enfin le Laos profond , celui qui nous intéresse . Ici , tout s’articule autour du Mékong , dans ce pays dépourvu de débouché à la mer , dépourvu de route et de voie ferrée . Le Grand Fleuve représente tout ,à lui tout seul : une merveilleuse voie navigable que nous expérimenterons personnellement entre Luang Prabang et PakBeng , un atout majeur dans la culture de ses rives limoneuses , un pourvoyeur de poissons et aussi de matériaux de construction . Et dire que les Chinois, avec leur soif de construire des barrages à tout va, risquent de rompre à jamais ce magnifique équilibre !
Avec ses 6 millions d’habitants à peine , avec sa nonchalance légendaire , ici on écoute pousser le riz , le Laos paraît bien fragile par rapport à ses voisins et peu armé pour affronter le monde de brutes dans lequel nous vivons depuis quelques décennies . Aussi les puissances étrangères telles que la Thaillande , la Chine , le Japon s ’y taillent la part du lion en construisant des ponts , des barrages , des routes et des voies ferrées .
Arrivés au nord-est du Laos , nous sommes repassés au Vietnam pour visiter le Haut Tonkin . Celui-ci nous a aussitôt séduit avec ses paysages montagneux , ses fameuses rizières en terrasses , même si elles n’étaient pas vertes à cette saison , son climat d’altitude et surtout par l’approche des ethnies telles que les Daos rouges , les Hmongs noirs , les Tays , les Khaos Sapèques ,les Lu et les Xa Pho d’origine tibétaine .
D’un coup d’avion nous sommes alors passés au Myanmar , c’est à dire l’ex Birmanie . Comme il s’agit d’un vaste pays , la seule solution était de programmer une série de sauts de puce aériens .Nous avons consacré la première partie de notre séjour à la visite des incontournables sites officiels : d’abord Yangon , la capitale et sa célèbre pagode Shwedagon , puis Mandalay , capitale culturelle , avec son célèbre Temple Mahamuni et son pont de teck ,et enfin Bagan , capitale historique ,baptisée « l’Angkor birmane » avec ses deux ou trois milles pagodes que nous avons la chance de survoler en montgolfière . Mais là aussi, comme au Laos , c’est surtout la seconde partie de notre périple birman qui nous a le plus intéressé par l’approche des ethnies qui peuplent la région du lac Inlé du côté de Kalaw et Loïkaw . Là aussi nous avons atteint le Must de notre voyage en Asie du Sud Est ,au milieu des villages Kayaw , Kayah et Kayan , en pouvant discuter avec les dernières « femmes-girafes » de la planète !
Au cours ne notre retour vers Hanoï , nous nous sommes offerts un dernier petit extra en allant jusqu’au « Rocher d’Or », histoire de voir le troisième lieu de pèlerinage bouddhique du Myanmar après Shwedagon à Yangon et Mahamuni à Mandalay .
Cet incomparable périple n’a pu se réaliser que grâce au savoir faire de N’guyet de Sébastien de chez Motaïba qui , dès mon premier mail ,ont compris ce que nous recherchions : un voyage sur mesure , à la recherche d’une Indochine et d’une Birmanie authentique et si possible loin des hordes de touristes . Tout au long de la préparation puis du déroulement de notre voyage ,ils ont su être présents sans pour cela être collants. Nous avons également été touchés par leur gentillesse lorsqu’ils nous ont reçu chez eux à deux reprises et plusieurs fois par leur délicatesse comme lorsqu’ils ont offerts de jolis foulards à nos épouses pour célébrer la Journée de la Femme Vietnamienne ou lorsqu’ils nous ont invité à dîner au restaurant à Luang Prabang pour rattraper le malentendu de la pirogue de Vang Vieng . Un grand merci à tous les deux et bravo pour ce « sans faute » de 70 jours .
Au même titre que le Paris-Pékin-Istambul de 2016 et que la Panaméricaine de 2017-2018, l’Indochine et la Birmanie 2019 resteront gravées profondément dans nos mémoires .

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