SOIXANTE TROISIEME JOUR : LE 11 DECEMBRE 2019




      Ca y est aujourd'hui on quitte définitivement Kalaw pour découvrir la région du lac Inle , la perle de l'Est birman d'après les guides . Il faut dire que depuis trois jours que nous avons quitté Bagan les paysages de montagnes sont magnifiques , rien à voir avec la monotonie plate de  Yangon ou de Mandalay . C'est vrai que le pays Shan nous a tous emballé que ce soit géographiquement ou par sa population plus fine et plus entreprenante . Les ateliers d'artisanats exhibent  également des réalisations plus esthétiques  du moins pour nos yeux d'Européen . Ce matin le pré-chauffage de la salle de bain avec le sèche-cheveux nous a permis de prendre notre douche dans le grand confort . Maintenant nous n'avons plus qu' à attendre   que le soleil donne dans les grandes baies de la chambre pour faire monter le thermomètre de ce côté là .En attendant nous descendons au petit déjeuner sans plus d'espoir de se réchauffeur dans l'immense salle de resto où le personnel s'évertue à laisser les portes ouvertes . Pas facile de rester assis à discuter avec les voisins en regardant son haleine sortir de la bouche , ça donne aussitôt des frissons . Dommage d'avoir de si belles chambres , un si beau paysage devant les balcons , une si belle salle à manger et de ne pas penser à mettre un soupçon de chauffage . Donc pas de regret à quitter le Dream Moutain Resort .





            Comme convenu nous retrouvons Zaw et son duo de choc vers 8h00 pour charger les bagages à bord de notre nouveau bus .Nous prenons aussitôt la route du lac Inlé qui mesure 20 km de long sur 8km de large . En saison des pluies,  il atteint 4 mètres de profondeur contre 1 à 2 mètres actuellement : d'après Zaw , "Inlé" veut dire "village sur lac" et pendant prés d'un millénaire , il n'y en avait que quatre autour . Actuellement on peut en dénombrer une centaine!! Les autochtones habitant la région s'appellent des Inthia . Dans un tout autre domaine , il nous parle aussi de la démarche de Mme San Suu Kyi  qui est actuellement au tribunal international de La Haye pour défendre la cause des militaires qui l'avait personnellement interné . Ils répondent des persécutions perpétrées sur la population indienne musulmane qui habite le nord de la Birmanie . A l'époque de la colonisation britannique , les Anglais ont fait venir des Indiens musulmans pour peupler la région septentrionale  du pays afin de travailler dans les plantations .Le problème vient du fait que les indiens musulmans possèdent quatre femmes et une vingtaine d'enfants par famille , ce qui n'est pas du goût des Birmans voisins . D'autre part les généraux ont donné les gisements de gaz naturel aux Chinois moyennant des bakchichs conséquents . Le gouvernement actuel voudrait essayer de récupérer ces richesses premières qui appartiennent au peuple birman .




            Nous commençons par emprunter une route de montagne assez tortueuse sur une dizaine de kilomètres . Nous arrêtons au niveau d'un belvédère mais nous faisons court car la vue sur la vallée est trop brumeuse pour envisager de sortir l'appareil photo . Quelques épingles à cheveux plus bas nous passons devant un pagodon particulièrement kitch avec en guise d'offrande un Mickey et une collection de poupées russes .Encore une volée de lacés et nous débouchons sur un vaste plateau . Il parait qu'au lac Inlé on est à trois cent mètres plus bas en altitude qu'à Kalaw , on espère qu'il y fera plus chaud . Nous ne tardons pas à aller visiter un marché aux bestiaux . A peine descendus du bus , nous assistons à l'arrivée d'une camionnette chargée à mort de zébus , il y en a même un dont la patte avant pend hors de la bétaillère  :  ce ne sont que des mâles  ,munis d'une grosse bosse sur la base du cou . Ils sont de couleur blanche  ou grise ou  même chamois . Plus loin ,dans un vaste enclos le bétail commence à se ranger le long des clôtures . D'autres spécimens sont attachés à un pieu au milieu de la pâture pour pouvoir être mieux examiner par les maquignons qui tournent autour . Les négociations vont bon train , les paysans étant munis d'une musette pleine de billets pendue à leur cou . D'après Zaw un zébu vaut 3 millions de kiaps  , soit 2000 dollars US . On voit arriver aussi quelques buffles , beaucoup plus puissants .





            Nous reprenons le bus pour prendre la route de Shwe Nyaung . Nous franchissons quelques collines sur lesquelles les autochtones ont planté des hévéas à perte de vue . Dès que nous redescendons un peu , nous traversons de vastes plantations de cannes à sucre . Puis nous arrêtons au temple Shwe Yan Pay construit en 1889 qui a la particularité d'avoir deux fenêtres ovales où apparaissent périodiquement les novices . Nous avons la chance de tomber avec des photographes professionnelles de "Inlé Tour Photo" qui ont payé pour bénéficier d'une apparition . Merci pour les photos que nous pouvons tirer dans de bonnes conditions ! A la sortie nous tombons sur des jeunes qui jouent avec une balle en bambou de la taille d'un ballon de hand ball . Il faut que la balle ne tombe pas au sol et on peut la frapper avec les genoux , les coudes , les cuisses mais pas avec les mains . Ce jeu s'appelle Chin Lone d'après Zaw ! Nous reprenons le bus pour traverser une zone de marécages et d'étangs sur lesquelles se reflètent des cabanes et des pirogues de pêcheurs . Il faut ensuite s'arrêter pour payer l'entrée du parc naturel d'Inlé . Quelques kilomètres plus loin ,nous grimpons à flanc de coteaux : ceux-ci sont couverts de vignobles . Nous arrêtons dans l'un d'eux pour déguster quelques crus locaux . Pour 5000 kiaps nous avons droit à  4 dégustations : un sauvignon blanc 2016 vert à souhait ,un muscat blanc 2016 moins pire mais trop sucré pour certains , un pinot noir 2013 méconnaissable mais pas en son honneur , et un syrah 2013 trop sur le fruit rouge à mon goût . Pour finir nous avons eu de la chance avec les vins que nous avons dégustés à l'hôtel . Peut être  étaient-ils meilleurs du fait qu'ils étaient présentés en demi bouteille .Nous reprenons ensuite la route pour nous rendre à l'hôtel Inlé Resort and Spa . Au milieu d'un parc  à la végétation luxuriante de 33 hectares  , on peut dire qu'il a de la gueule ! Avec son embarcadère privé et sa grande piscine à débordement  , on est au paradis ! Merci Motaïba!.




               A midi , nous embarquons à bord de deux pirogues à moteur pour aller au village de In Paw Khone ,situé à trois quart d'heure de navigation d'ici, sur la côte ouest du lac Inlé . Il faut d'abord remonter un chenal étroit où nous sommes amenés à croiser des autochtones entrain de tirer un jardin flottant avec une barque à moteur . Après avoir longé l'obstacle qui mesure facilement trente  à quarante mètres de long , nous gagnons le large en passant entre des bancs de jacinthes d'eau . Le lac semble s'étendre au milieu d'un plateau ,à mille mètres d'altitude, coincé entre deux chaines de montagnes culminant bien à deux milles mètres . Nous ne tardons pas à rencontrer les fameux pêcheurs qui ont la spécialité de ramer avec un pied , en faisant des huit sur l'arrière de leur embarcation tout en jetant leur filet avec les deux mains, restées libres de ce fait .On ne se lasse pas de les regarder et aussi de les photographier . Quelle adresse et quel équilibre il faut avoir pour coordonner autant de gestes avec trois membres et rester en équilibre , debout sur une jambe dans une pirogue aussi étroite . C'est fabuleux ! De vrais acrobates aquatiques ! Encore un petit quart d'heure de navigation et nous commençons à longer des maisons en bois construites sur pilotis car nous nous rendons dans un ville entièrement lacustre. Nous nous arrêtons d'abord dans un restaurant où Zaw nous a réservé une table en terrasse, d'où nous dominons le lac d'un coté et le bourg de l'autre . Nous y mangeons du poisson bien sur , cuisiné dans du lait de coco servi avec du riz pour 20 000 kiaps soit 18 dollars US . Annie et Christian , encore perturbés digestivement , se contentent de riz frit aux petits légumes .




            Dès que nous sortons de table nous allons visité une fabrique de cigares birmans appelés inthas , comme l'ethnie qui les fait . On roule d'abord des feuilles de sébestier , un petit arbuste , préalablement séchées .Le tube ainsi obtenu est rempli d'un mélange aromatique d'anis étoilée , de tabac et de feuilles de maïs hachés en petits morceaux . Ce mélange a d'abord mariné dans une mixture à base de jus d'ananas , de jus de tamarin  , de miel , d'alcool de riz et de sucre de palmier , puis séché . Quand nous les avions goûté il y a quelques jours , je ne suspectais pas tous ça ! C'est amusant de voir toutes ces villageoises assises par terre fabriquer les inthas avec autant  de dextérité .Nous trouvons également  des cigares faits avec du tabac très sombre venant de Taunggyi , une ville situé un peu plus à l'Est .
            Nous reprenons ensuite notre pirogue pour aller visiter un atelier de tissage de soie et de fibres faites à partir de la tige de lotus . Longue d'un mètre cinquante ,celles-ci sont entaillées tous les dix centimètres puis écartée pour en extraire un faisceau de fibres très fines , que l'ouvrière roule avec le plat de la main sur un pupitre . En mouillant, elle parvient à assembler le nouveau tronçon au précédent et ainsi de suite . Il lui faut une semaine de travail pour fabriquer l'équivalent d'une petite bobine de fil assez fin mais relativement rêche . C'est pour cela que le plus souvent le fil de lotus est mélangé au fil de soie dans les tissages que nous découvrons ensuite mais malgré tout, elles fabriquent du tissus pur lotus pour les robes des moines . Il faut ensuite teinté les différents fils ainsi obtenus pour réaliser de beaux tissages . Certaines ouvrières filent ensemble plusieurs couleurs  de fils de soie pour donner des effets spéciaux dans leurs tissages .





            Nous continuons notre visite du village   pour aller voir cette fois un atelier de fabrication de pirogues en teck . On assiste à l'assemblage de longues planches sur les membrures de la charpente sous-jacente à l'aide de chevilles en bois , puis au calfatage avec de la laque noire épaisse . A côté, une pirogue entièrement laquée en noir est entrain de sécher . C'est sur celle-la que je colle mon pantalon en voulant me glisser dans l'atelier pour faire une photo . Une des employées me propose d'enlever la tâche en frottant énergiquement avec de l'huile d'arachide . Elle nous explique que c'est avec cette méthode que les ouvriers enlèvent la laque sur leurs mains . Nous sommes étonnés que ça marche aussi bien ! Zaw nous emmène maintenant , toujours en pirogue ,visiter la pagode Phaung Daw  Oo qui a la particularité de posséder cinq statues de Bouddha complétement déformées par les dépôts de feuilles d'or par les fidèles ,au point que celles-ci ressemblent à des citrouilles . Le 19 octobre 1965 , une violente tempête s'abattit sur le lac Inlé et fit chavirer la pagode sur pilotis . Les cinq statues sombrèrent au fond . Par chance les villageois finirent par les retrouver dans la vase . Nous pouvons donc les photographier aujourd'hui moyennant 500 kiaps !!




            Après avoir donner un petit coup d'oeil à la Barque Royale dorée comme ce n'est pas permis , nous mettons le cap sur l'hôtel .Les rayons du soleil couchant donnent de magnifiques couleurs aux maisons sur pilotis que nous longeons pour sortir de In Paw Khone , et aussi un peu plus loin aux montagnes qui encadrent le lac . Une fois arrivé , je me lance dans une dégustation de cigare en vrai tabac , achetés tout à l'heure en commençant à taper le blog dans le jardin . Puis comme il commence à faire trop sombre pour continuer mon travail sur l'ordi , nous allons avec Dominique faire un tour dans le parc afin de terminer mon cigare . Nous admirons au passage, les magnifiques illuminations de Noël mise en place par le gérant français , que nous rencontrons en cours de route . Il reçoit nos félicitations avec un certain plaisir et il nous explique qu'il va lui aussi faire quelques photos avec son smartphone pour les envoyer sur le champs à son patron ! Vers 19h00  Annie et Christian viennent nous rejoindre à la chambre  pour finir de manger les pizzas acheter hier au restaurant de Kalaw que nous accompagnons d'une bouteille de vin birman Aythaya qui se révèle très acceptable . Ici aussi les sèches-cheveux sont mis à contribution , mais ce soir c'est pour réchauffer les pizzas





















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