SOIXANTE NEUVIEME JOUR : LE 17 DECEMBRE 2019
C'est avec regret que nous quittons Loikaw , l'état de Kayah et par la même occasion la Birmanie profonde . Cette étape de trois jours représente un dès plus grand moment de notre périple de 70 jours et elle nous a permis en tout cas de découvrir la plus belle région de Birmanie que nous ayons visiter . Nous avons pu y approcher de prés ,des ethnies telles que les Kayah , les Kayaw et les Kayan et partager leur vie quotidienne grâce à Mu Lih , notre guide-interprète Kayan et Pawlu notre guide-traducteur Kayaw . Htay Kho , Pemsong , Pam Pet et Rang Ku , quatre villages que nous ne sommes pas prés d'oublier .
Ce matin il faut se lever vers 4h30, car nous devons prendre l'avion pour Yangoon à 7h30 . J'en profite pour essayer de mettre les photos sur le blog car hier soir la wifi faisait défaut . Comme le débit est dès plus faible , nous prenons la douche et nous préparons nos valises tout en essayant de transmettre trois clichés à la fois . Un coup de rasoir et voilà encore trois photos de passées . Une vraie galère!! Je profite que nous descendons prendre le petit déjeuner pour installer l'ordi sur le desk , juste à côté de la box , histoire d'essayer d'améliorer le rendement . Le temps d'avaler des oeufs frits et en voilà quatre autres de parties . Un café et deux toasts confiture et je parviens à transférer une nouvelle série de clichés .Heureusement que l'on nous a servi une grande assiette de fruits , cela me sert de prétexte pour en balancer une dernière fournée ! Il n'y a pas la totalité de ce que j'aurais voulu joindre au texte mais le résultat n'est quand même pas trop mal, vu les difficultés techniques rencontrées .
Pour finir, l'avion unique de Loikaw atterrit à 8h20 .C'est amusant ces petits aéroports, où les passagers descendent de l'appareil comme s'ils sortaient d'un bus . Après avoir laissé passer les arrivants , nous avançons à pieds sur la piste, pour grimper la passerelle d'un bi-moteurs à hélices , de type ATR-72 de la compagnie Myanmar Air Line . Malgré le chargement manuel des bagages , nous parvenons à décoller vers 8h40 . Aie ...aie ...aie...! On a déjà une heure dix de retard ,sur notre timing plus que serré pour aller au Rocher d'Or, avec un aller et retour sur la journée . Dès que nous prenons de l'altitude, pour pouvons admirer le damier des rizières que nous n'avions pas vues à l'arrivée ,étant donné que nous étions en bus . A 9h15, nous commençons à amorcer la descente sur Yangon . En perdant de l'altitude , nous voyons maintenant la large vallée sableuse de l'Irrawaddy et aussi beaucoup de fermes d'élevage aquacole . Dès que nous sommes sur le plancher des vaches , nous nous dépêchons d'aller chercher nos bagages, pendant que Zaw téléphone à notre chauffeur afin de nous rejoindre au "dépose-minute" . Résultat, à un peu plus de 10h00 les valises sont chargées et nous sommes sagement assis à bord . Pendant ce temps un taxi a pris en charge Michèle et Jean Marie pour les conduire à l'hôtel . Dès la sortie de l'aéroport ,nous plongeons dans la cohue de la capitale et ses inévitables bouchons . Zaw nous explique que c'est en 1998 , lorsque les militaires ont perdu le pouvoir que Rangoun est devenue Yangon et que la Birmanie a fait place au Myanmar , en même temps que tous les noms anglais ont été transformés en nom birmans au niveau des rues et des bâtiments . Dès que la circulation se fluidifie nous passons devant le cimetière des Forces Alliées( Anglais et Américains) pendant la Seconde Guerre Mondiale qui étaient opposés aux Japonais : ceux-ci avaient envahi la Birmanie dès 1942 . D'après Zaw les Japonais ont alors détruits tout ce que les colons anglais avaient construits . Il y aurait 23 000 soldats enterrés ici suites à ces affrontements !!
A 11h00 nous entrons sur l'autoroute, en espérant pouvoir améliorer notre moyenne qui n'est pas fameuse jusque là . Comme chez nous , très vite, nous sombrons dans la monotonie des interminables lignes droites qui s'enchaînent . Par moment celle-ci est rompue par la traversée d'immenses plantations d'hévéa . Nous sommes surpris par le peu de circulation que nous rencontrons sur une autoroute venant de la capitale . Malheureusement une demi heure plus tard, nous retrouvons la route et bien sur , la baisse de moyenne qui l'accompagne. Celle-ci traverse des rizières où les aigrettes cherchent leur repas en piochant vigoureusement la vase . Ici les maisons sont construites entièrement en palme de lataniers ,aussi bien le toit que les murs . A l'horizon, on commence à voir la silhouette des montagnes assez hautes . C'est là que se trouve le Rocher d'Or d'après Zaw . D'ailleurs depuis un moment, on double pas mal de camionnettes dont les bennes sont pleines de pèlerins, tassés sur des bancs et chargés d'offrandes . Sur les bas côtés de la route on voit flotter le drapeau bouddhiste, fait de bandes multicolores, avec souvent à côté des nonnes en robe rose et la tête rasée ,agiter leur grand saladier à riz pour faire la quête .Plus nous approchons de notre but , plus on sent l'effervescence monter . Zaw nous explique que c'est surtout le samedi et le dimanche que les pèlerins convergent vers le fameux rocher . Nous arrêtons à un péage , cette fois c'est pour emprunter l'immense pont qui enjambe le fleuve Sit Taung , la quatrième rivière du pays par ordre décroissant . Nous traversons maintenant des vergers de pamplemoussiers et d'arbres à noix de cajou , juste avant d'arriver dans la ville de Kyaiktiyo où nous commençons à voir un grand Bouddha assis sur la droite de la route .
Comme d'habitude Zaw nous trouve une belle taule installée dans un magnifique jardin où nous mangeons très bien pour 19 000 kiaps et en plus nous y sommes servsi au pas gymnastique selon ses recommandations . Résultat j'en oublie de reprendre l'ordinateur que j'avais mis à charger sur une table un peu trop loin , sans doute . Lorsque je me rend compte de ma bêtise , nous sommes obligés de faire demi tour au bout de deux kilomètres . Ce n'est vraiment pas malin de ma part car nous sommes vraiment à la bourre . Malgré tout , nous arrivons au pied de la montagne vers 14h00 . Là ,il faut grimper dans la benne d'un camion où nous nous retrouvons à 42 personnes , à raison de six par banc . Il faut s'infiltrer dans les quelques places qui restent et aussitôt le camion démarre en pétaradant tout ce qu'il peut .Je sens aussitôt quelques chose de pointu , comme un bout de ferraille, me malmener les fesses . En même, Zaw assis derrière, me tape sur l'épaule :" Pié , sé mé yeu-nou , sé pa gra , sé mé yeu-nou , Pié !" Nous commençons par traverser un village où la rue que nous empruntons est bordée de boutiques de souvenirs en tout genre et d'étales de fruits et de douceurs à grignoter . Nous nous arrêtons ensuite à l'entrée du parc fermée par une barrière , puis nous attaquons aussitôt une petite route de montagne qui grimpe furieusement , enchainant les virages à un rythme d'enfer, à travers la forêt tropicale . Par moment le camion peine tout ce qu'il peut , surtout quand il est obligé de serrer l'intérieur des épingles à cheveux . Il rétrograde en première et fait monter les tours à grands coups d'accélérateur . Le moteur grogne et le camion fume noir comme c'est pas permis . A bord , serrés comme nous sommes , nous ne risquons pas de glisser sur les bancs , par contre on écrase à tour de rôle le voisin de droite ou de gauche . Au bout de dix minutes, nous arrêtons dans une sorte de hameau pour qu'un autochtone grimpe sur un escabeau afin de parvenir à notre niveau . Il fait la quête avec le même pot à riz que les moines . Deux moines d'un certain âge, grassouillet au possible , nous crient dessus en disant que les Européens doivent mettre de l'argent aussi , les crapules ! Une fois que tout le monde a versé son obole , nous reprenons notre ascension à un rythme d'enfer, car le chauffeur essaie de garder son élan le plus possible . En prenant de l'altitude, on commence à découvrir des panoramas superbes sur les massifs montagneux voisins ,couverts de forêts et très sauvages . Sur un sommet, on voit un rocher doré posé à côté d'une pagode mais "se né pas le vlé , Pié " , me dit Zaw .Parvenus un peu plus haut , nous arrêtons dans un second hameaux pour attendre que d'autres camions comme le notre puissent descendre ,car à partir de cette altitude la route est à voie unique . C'est l'occasion ,pour quelques paysannes installées sur le bas côté , de vendre des fruits joliment découpés , présentés dans de petits sachets individuels . Une fois la voie dégagée , nous reprenons notre ascension avec encore plus d'épingles à cheveux à franchir et des raidillons encore plus pentus à grimper . Notre pilote ne ménage pas sa monture qui grogne sans arrêt tout ce qu'elle peut . Nous passons sous un petit téléphérique dont les oeufs tout neufs, semblent boudés par les pèlerins . Encore quelques passages difficiles et voilà que l'on débouche sur une ligne de crêtes sur laquelle nous apercevons de loin le fameux "Rocher d'Or".
Cette fois on peut dire que l'on a été jusqu'au bout du bout en exploitant cette journée de battement entre deux vols pour faire quatre cent bornes plus deux heures de camion bâché pour aller voir le Rocher d'Or .On est aller aussi jusqu'au bout du bout de l'exploitation de nos réserves de 4h30 , heure du lever à Loikaw jusqu'à 22h30 heure où nous regagnons la chambre à Yangon . Une sacrée journée marathon qui reste dans le ton de ce périple de 70 jours mené à tombereau ouvert .
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