SOIXANTE CINQUIEME JOUR : LE 13 DECEMBRE 2019




    Aujourd'hui c'est relâche au Lac Inlé où nous restons  en tout trois nuits . Comme nous n'avons pas de programme pré-établi , nous avons décidé hier soir de louer des vélos ,pour aller visiter le village le plus proche de l'hôtel qui se trouve loin de tout, avec son parc de 33 hectares  . D'après le directeur du Resort Inlé , nous avons de la chance car c'est le jour du marché ! Il parait aussi que des autochtones proposent des balades sur le lac en pirogue avec un pilote qui rame debout avec le pied droit .Comme je me suis couché tard à cause du blog , ce matin nous trainons au lit jusque 7h00 . Il faut dire aussi que la température ambiante ne nous pousse pas à sauter du lit ,  il n'y a que l'espoir d'une douche bien chaude qui parvient à nous extraire de dessous la couette . Et aussi celle d'un bon café , mais comme nos réserves sont au plus bas , pas question de le prendre à la chambre  . Il faut donc se résoudre à affronter le froid extérieur pour aller prendre le petit déjeuner .Comme nous ne sommes plus qu'une vingtaine dans l'établissement le directeur a remplacé le buffet par un service à table particulièrement copieux et comme il est plus tard qu'hier , nous pouvons le prendre  en terrasse sans être congelés .





            Vers 9h30 nous retrouvons Christian et Annie pour aller choisir nos montures . Pour cela il  faut se rendre à l'entrée terrestre du domaine .  Il y a bien quatre bicyclettes  préparées devant le local technique mais pour finir il n'y en a aucune qui nous conviennent au point de vue taille hormis pour moi .  Dominique et Christian  changent carrément de modèle en allant se servir directement dans le stock et pour Annie nous sommes obligés de demander l'assistance du mécano afin de remonter la selle et  en y étant on le sollicite pour tirer l'incontournable photo de départ . Il faut d'abord emprunter une longue allée de cendrée qui nous permet de tester nos vélos à leur juste valeur , c'est  à dire rustique !  Au bout , nous tombons sur la route qu'il faut prendre sur la droite  en direction  du village de Myaung Yoo . Nous longeons d'abord des plantations de cannes à sucre, reconnaissables par leurs jolis plumeaux qui se dressent au sommet des tiges . Nous voyons également sur notre droite un immense champs de tabac dont les feuilles du bas ont déjà été cueillies : apparemment les autochtones laissent filer les pieds plus haut que chez nous pour faire de la semence , si on en juge par les superbes fleurs bleues qui égaient la plantation . Sur notre gauche se dresse une longue chaine de montagnes, magnifiquement éclairées par la chaude lumière du matin . La ligne de crêtes se découpe admirablement sur le bleu du ciel immaculé . Contrairement à ce que nous avait annoncé le directeur de l'hôtel , nous rencontrons quelques petites côtes où nous devons forcer un peu sur les pédales ; il faut dire que nos montures antédiluviennes sont dépourvus de changement de vitesses et que les pédaliers grincent sinistrement à cause de multiples frottements .





            Parvenus à l'entrée d'une petite agglomération , nous sommes obligés de solliciter la bonne volonté d'un groupe de villageois pour nous indiquer la direction du marché . Il faut encore faire l'effort de grimper un long faux-plat pour ensuite prendre un chemin  sur notre droite , juste avant une mosquée reconnaissable par le croissant de lune qui décore la flèche surmontant le bulbe argenté du minaret . Là , nous descendons un chemin poussiéreux et caillouteux à souhait, parmi des groupes d'autochtones chargés de lourds fardeaux  qui convergent vers une placette . Il faut se résoudre à abandonner nos vélos après les avoir entravés deux par deux à l'aide de nos antivols . Devant nous, le marché grouillant  déjà de monde , descend en pente douce jusqu'au lac  . Par chance  , nous ne rencontrons quasiment aucun touriste en  nous enfonçant dans les allées tortueuses ,bordées d'étales riches en couleurs .Il faut dire que nous attaquons par le secteur des fruits et légumes . Ici les commerçantes sont installées sur de longues banquettes surélevées en caillasse qui les isolent de l'argile poussiéreuses des allées . Assis directement par terre elles trônent au milieu de leur précieux butin : des pyramides d'oignons mauves , de grands paniers de piments de toutes tailles, soit verts , soit rouges , des corbeilles de christophines , de courges , de pommes de terre et de petites têtes d'ail . L'ensemble est plutôt photogénique et nous ne nous en privons pas , d'autant que beaucoup de villageoises portent des coiffures traditionnelles et ont le visage décoré de taches de thanaka . Plus bas c'est le secteur du bétel dont les feuilles sont joliment ordonnées en spirale dans de grands paniers ronds ; à côté on trouve les noix d'arréque déjà concassées et même les petits pots de chaux pour fabriquer les chiques de bétel . Ici tout le monde a les dents rouges et une bosse sur la joue . Le pire dans l'histoire, ce sont les énormes crachats rouges sang qui tapissent le sol des allées ! Nous sommes surpris de voir au passage deux étales de médicaments très achalandés avec des produits récents ,avec des spécialités injectables en vente libre et de grosses boites seringues à usage unique . Nous apprendrons en rentrant à l'hôtel  que la population locale a une tendance hypocondriaque , qu'elle est friande de médicaments pour le moindre petit bobo , et qu'elle se fait brancher un sérum glucosé en perfusion pour un coup de fatigue !  En continuant à errer parmi les étales d'épices , nous apercevons la rive du lac et aussitôt nous nous dirigeons vers les pirogues des paysans qui arrivent des villages lacustres voisins . Nous tombons sur une sorte de" parking nautique" où il faut payer un droit d'entrée pour y déposer son embarcation . Aussi ,nous restons là un bon quart d'heure à assister au va et vient des autochtones . Il y a ce qui sont pressés de s'amarrer pour aller faire leur marché : à peine coincés parmi les roseaux , les pirogues se vident de leurs chargement de villageoises qui grimpent aussitôt la pente . A côté , d'autres tentent de caser les paniers de marchandises qu'elles ont achetées avant de s'asseoir à bord . Des porteurs amènent, sur leur dos courbé à souhait, de gros sacs de riz ou des caisses de matériel . Une vrai fourmilière! Ici aussi l'appareil photo est mis à rude contribution . Le spectacle est d'autant plus joli que le cadre est superbe avec un arrière plan de marigots , des haies de roseaux et la montagne en toile de fond .






            Nous décidons malgré tout de remonter vers le marché lui même que  nous n'avons exploré que partiellement . En chemin ,nous repérons une petite taule sympa dont la terrasse donne sur le débarcadère . Comme le patron nous fait bonne figure et que le menu nous plait , nous décidons de revenir là pour casser la croûte en fin de matinée . Nous passons maintenant devant les étales de poissons séchés et de poissons salés . Plus loin nous sommes intrigués par une villageoise vendant de curieux tubes blancs présenté dans un mini stère de bois , comme des bûches : en discutant avec elle , nous apprenons qu'il s'agit de riz gluant sucré  fourrant des tronçons de bambou comme nous avions goûté au Vietnam avec Tchin-tchin mais de section beaucoup plus petite . Nous traversons le coin des bouchères qui taillent les volailles à grand coups de hachoirs et celui des poissonnières qui découpent d'énormes poissons chats et de grosses carpes .Elles les écaillent avec une petite brosse faite d'une planchette garnie de clous . D'autres à côté s'activent autour de marmites fumantes sur des braseros en terre cuite , tout en servant des repas à leurs clients . Nous nous arrêtons un peu plus loin devant un joli stand de poupées birmanes et bien sûr nous nous mettons à marchander leurs prix car le vendeur est un peu gourmand en les proposant à 20 dollars US ! Pour finir  Christian , notre spécialiste en négociation  en obtient une à 6 dollars . Malheureusement Dominique a jeté son dévolu sur une un peu plus grande et de ce fait la négociation traine un peu plus mais nous l'obtenons malgré tout à 8 dollars US  .





                          Nous reprenons ensuite nos montures pour continuer notre route le long de la  rive du lac à la recherche de Long Bridge .que nous avons repéré sur notre plan . Au bout de trois kilomètres , nous nous décourageons d'autant que la route commence à monter sérieusement . Il est temps de faire demi tour et de mettre le cap sur la taule que nous avons repérer tout à l'heure . Une fois nos montures stockées à l'ombre , nous nous installons en terrasse  face à l'embarcadère pour déguster une bouteille de blanc Aythaya  bien frais tout en regardant cette fourmilière humaine  : cette fois ce sont les commerçants qui chargent leurs denrées invendues à bord de leurs pirogues . Le taulier nous sert une fricassée de poulet à l'ail et à l'oignon sans sauce accompagnée de riz . Un café et nous reprenons la route d'abord pour photographier la plantation de tabac que nous avions vue ce matin puis pour aller voir le fameux "Long Bridge" . Nous y retrouvons Michèle et Jean Marie qui ont loué un vélo pour l'après midi . Il s'agit d'un ponton en bois , en très mauvais état car beaucoup de planches sont vermoulues , voir déclouées . Christian en fait d'ailleurs les frais en passant à travers l'une d'entre elles . Cette passerelle dessert un village lacustre sur pilotis  et nous permet de voir par la même occasion des jardins flottants vus d'au dessus . Puis nous rentrons à l'hôtel après une balade de 13,5 km bien sympathique le long des rives du lac Inlé . Dès que nous sommes débarrassés de nos montures ,nous allons enfin essayer la superbe piscine à débordement bien que l'eau soit un peu fraiche . Il ne me reste plus qu'à m'occuper du blog en terrasse , face au marigot voisin de la chambre tout en dégustant un cigare . Vers 17h30 nous retrouvons Annie et Christian pour assister au coucher de soleil , aussi grandiose que celui d'hier . Encore un peu de blog et nous nous retrouvons pour une dégustation de vin rouge birman Aythaya , mais chez eux cette fois . Vers 19h30 nous allons diner au resto de l'hôtel . C'est l'occasion pour Christian de manger un confit de canard depuis le temps qu'il veut déguster quelque chose de chez nous et c'est aussi l'occasion de faire nos adieux au directeur car nous quittons le Inlé Resort demain matin vers 8h00 .




















           

       

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