CINQUANTE TROISIEME JOUR : LE 1ER DECEMBRE 2019





      Bonne fête à tous les métallos  , et oui , nous sommes le premier décembre aujourd'hui ,et ici , avec 35 degrés l'après midi , il faut beaucoup d'imagination pour s'en souvenir . Aussitôt levé ce matin , je cours à la fenêtre de la chambre pour voir s'embraser la stupa d'or de Shwedagon dans la chaude lumière du soleil levant . Un spectacle inoubliable, dont il faudra se passer demain ,car nous devons nous lever à 4h00 du mat , et oui vous avez bien entendu , pour prendre l'avion  à 7h00 , histoire de grimper dans le nord du Myanmar, à Mandalay exactement. Donc ce matin ,nous dégustons le spectacle doublement ,malgré les trois heures de visite d'hier et les 330 photos de la journée dont une bonne moitié consacrée à Shwedagon ! Zaw nous a dit qu'en principe les touristes finissent par elle , histoire de ne pas être déçu par les nombreuses autres pagodes que compte le pays . Tant pis, au Vietnam nous avions commencé par la Baie d'Halong , et cela ne nous a pas empêcher d'apprécier le pays à sa juste valeur .






            Ce matin nous profitons du buffet du petit déjeuner pour faire des provisions pour ce soir ,car nous voulons éviter la perte de temps qu'occasionne un passage par le resto du second étage de l'hôtel et en plus pour  être aussi mal servi  pour pratiquement 20 dollars US à chaque fois. Comme ce soir, nous risquons de rentrer de visite assez tard d'après Zaw  , et que j'aurais la totalité du blog à taper étant donné qu'aujourd'hui nous nous déplaçons en train ,nous préparons tout pour passer une soirée tranquille à la chambre .




            Comme convenu , nous retrouvons Zaw dans le hall à 8h30  pour prendre un nouveau bus avec un nouveau duo chauffeur-stewart . Nous prenons aussitôt la direction de la gare et en remontant l'avenue principale , Zaw nous octroie un mi-arrêt photo pour tirer le portrait de Shwedagon depuis la porte Est , gardée par deux énormes lions .Malheureusement pour la magnifique pagode , ceux-ci pourraient bien venir  directement de la  ménagerie Walt Dysney ! Nous repassons également devant la Cathédrale Anglicane avant d'atteindre le parking de la Gare Principale . Comme nous sommes dimanche il y a peu de monde dans le hall et sur les quais, d'autant plus que nous sommes dans le sens inverse , les autochtones venant plutôt  vers la capitale le matin . Zaw a pris des billets de seconde  classe volontairement pour mieux  aller à la rencontre du  birman moyen : ceux-ci coûtent 200 kiaps pour les touristes et 100 pour les locaux pour parcourir 15 km sur la ligne circulaire qui mesure trois fois ça , si on veut faire le tour complet de Yangon . Déjà pour cette petite distance il met une heure et quart , alors je vous laisse imaginer pour la circonvolution  totale !! Il y en a pour quatre heures , il parait ! Comme dit Zaw  par dérision , c'est le TGV birman , c'est à dire le "Train à Grandes Vibrations" ! Depuis 1980 les motrices françaises et japonaises , équipées de moteurs diesels , ont remplacé les locomotives à vapeur depuis 1980 .








            Comme notre train  ne part que vers 9h40 , nous nous mettons à explorer  le quai où des groupes d'autochtones commencent à se former . On y voit des villageoises  aux joues enduites de thanaka , assises sur un tabouret devant un petit étale couvert de quartiers de pastèque, ou d'ananas finement sculpté en spirale . D'autres attendent avec des palenches chargées de poteries où même avec des gerbes de fleurs artificielles . De retour vers Zaw , celui-ci nous explique que nous allons jusqu'à Inshein , une grande ville de la banlieue Est de Yangon ,pour voir un marché de fruits et de légumes très réputés . A 9h40  tapantes, nous grimpons dans un wagon aux banquettes rustiques et crasseuses à souhait  avec des appuis-tête particulièrement poisseux ! Il faut attendre un petit quart d'heure pour que notre voiture se remplisse à moitié , ce qui nous permet d'être à l'aise  , seul sur une banquette , pour pouvoir prendre des photos à notre guise . Ici on charge du matériel mécanique , là des caisses de denrées diverses , plus loin  de gros paniers de fruits . De jeunes mères profitent du calme relatif avant le départ, pour donner le sein à leur nourrisson , aux joues déjà enduites de thanaka .





            Un grondement , suivi de l'apparition d'un nuage de fumée bleue nous annonce que avons enfin démarré . Déjà des camelots arpentent l'allée centrale ,en vociférant, pour se faire remarquer . Des femmes de l'ethnie Môn portent de lourds plateaux chargés de fruits : des ananas ou des bananes  surtout. D'autres circulent avec un petit présentoir pendu devant eux chargés de bocaux blanchâtres : ce sont des marchands de chiques de bétel . Un couple ,trainant  avec beaucoup de peine , un lourd panier rempli de raisins à grains énormes , s'arrête à notre hauteur pour peser un kilo de fruit destiné à une voisine qui ne cesse de manger depuis qu'elle est montée à bord , c'est incroyable ! A peine lancé à 15km/h , voilà que nous ralentissons déjà pour entrer en gare . En même temps que des passagers descendent , en voilà d'autres qui montent , ce qui fait aussitôt redoubler d'ardeur nos colporteurs : pendant qu'un mendiant passe en agitant une casserole pleine de cailloux  pour se faire remarquer , voilà dans l'autre sens un jeune autochtone proposant une sorte de grosse loupe qui s'adapte sur les smartphones pour  en agrandir l'image . Il vend ça pour l'équivalent de deux dollars US !!  Un autre plus bruyant , le suit de prés, avec les mains chargés de carnets d'horaires de train .Le pauvre se fait bousculer par une grosse paysanne qui tire  péniblement un énorme panier  rempli de belles pommes rouges .




            Comme nous roulons à  très faible vitesse et que les fenêtres ne s'ouvrent qu'à moitié , la ventilation est nulle et il fait très vite une chaleur épouvantable à l'intérieur du wagon . En me penchant à l'extérieur pour essayer de me rafraîchir, j'aperçois un train venant en sans inverse sur la voie d'à côté : quelle chance nous avons d'avoir autant de place dans le notre, car celui-la est tellement bourré à craquer  de passagers, que je vois des bras et jambes pendre par les portes et les fenêtres ! Derrière une première ligne d'habitations souvent sommaires , quand ce ne sont pas de simples cabanes faites  de bouts de bois en tous genres , je vois quelques grands bâtiments en béton et en verre . Dès que nous approchons d'une station j'assiste au va et vient des passagers ,souvent affreusement chargés de caisses ou de matériel en tous genres .


            Nous descendons comme prévu à Inshein pour gagner la gare en traversant les voies sans aucune protection ! Heureusement que les trains  birmans sont lents !! Là, nous retrouvons notre bus et son duo de choc ,pour traverser la ville où une conduite d'eau rompue, a transformé un quartier de misère , peuplés de cabanes, en marigot ! A la sortie de la ville ,nous nous arrêtons sur un vaste parking payant pour aller visiter le fameux marché de Nyingone . La première chose qui choque, c'est l'immensité du hangar sous lequel les marchands ont étalés leurs fruits et leur légumes à même le sol  . Nous nous glissons parmi d'énormes pyramides de pastèques . Zaw nous explique que la région de Mandalay est spécialisée dans cette culture , dans celle  du melon jaune et du bananier . En fait, ce sont les Chinois qui viennent les cultiver pour les vendre chez eux . Nous profitons de ce vaste marché pour acheter de quoi améliorer notre pique nique de ce soir : des avocats , du raisin et des clémentines,  le tout pour 2300 kiaps  , soit 1,5 dollars US . Ici on vend beaucoup de courges en tous genres , d'aubergines , de christophines  , de combos , de fruits du jaquiers , de pommes et de bananes . Mais nous levons vite le camps car nous commençons à saturer avec les marchés , d'autant que celui-ci n'a vraiment aucun caractère particulier .
            Une fois à bord de notre nouveau bus ,nous prenons la route du retour sur Yangon , histoire d'aller casser la croûte en centre ville . En arrêtant sur une station service , nous constatons que le gasoil est trois fois moins cher que chez nous, puisque ici il est vendu 2 dollars US pour 3 litres . Nous traversons une zone industrielle, où on peut voir des cimenteries , des sucreries  , des ateliers de métallurgie à partir de produits de récupération et aussi de savonneries où travaille l'épouse de Zaw . Les Chinois n'ont pas encore envahi la région mais ont mis la main sur les mines de cuivre à l'ouest de Mandalay , du côté de Monywa . En regagnant le centre de Yangon , nous constatons que c'est une ville très étendue , encore très horizontale malgré la construction récente de quelques buildings d'une trentaines d'étages . Comme nous voyons souvent du grillage aux balcons et aux fenêtres des appartements ,nous interrogeons Zaw sur les vols  : il nous répond qu'il y en a peu et que ces défenses sont surtout là pour éviter les chutes !! Il y a une chose incommodante avec notre nouvelle équipe, c'est que le chauffeur n'arrête pas de mastiquer des chiques de bétel qu'il recrache, avec force jets de salive rouge, dans une bouteille en plastique . Beurk ...! Nous nous arrêtons maintenant dans un énorme complexe commercial où Zaw veut nous faire goûter le plat préféré des Birmans , la fameuse soupe de poissons appelée Moat Hin Gar . C'est effectivement très bon , dommage que nous ayons pris en plus une assiette de beignets de légumes qui se révèlent trop gras pour nous .
            Le chauffeur ,  grand mastiqueur de bétel  ,nous dépose ensuite au marché Scott , soit disant marché artisanal : on y trouve beaucoup de pierres précieuses , de bijoux et de produits artisanaux certes , mais d'une facture souvent grossière et manquant totalement d'originalité .L'heure libre attribuée par Zaw me parait un siècle dans cette touffeur infernale sous un hangar de tôle , c'est vraiment affreux et inutile . Nous terminons la journée de visite par celle du parc Kandawjyi et de son  lac sur lequel il y a la "barque royale" . Avec l'accent déplorable de Zaw , qui parle aussi bouana-bouana que Ki , nous avions compris , plage royale, bague royale , enfin tout ce qu'on peut imaginer , mais pour finir je pense plutôt qu'il fallait comprendre  "blague royale" qu'en je vois le bloc de béton doré construit au bord du lac qui abrite maintenant un  restaurant , depuis que les militaires au pouvoir ont viré l'ancien musée de la ville ! Et comble de l'affaire il faut payer une taxe de 500 kiaps ,bon d'accord ça représente 30 centimes d'euro , pour photographier cette horreur . Plus kitch, tu meurs...! Et puis de là, nous mitraillons à nouveau la Shwedagon , tout illuminée par le soleil , se reflétant dans l'eau du lac . Pour finir nous rentrons à l'hôtel vers 15h30 après une journée de visite très médiocre hormis la sortie en train qui a permis de voir la Birmanie du quotidien . Il est temps maintenant de s'occuper du blog et des photos  .

          Vers 19h30 je descends chercher deux verres de vin blanc pour fêter notre premier repas à la chambre ,en tête à tête, depuis bien longtemps . Ce n'est pas que la vie communautaire soit pesante mais un peu d'intimité n'a jamais fait de mal . Dommage, nous aurions du acheter quelques chandelles hier à la fabrique , s'eut été parfait ! Et puis prendre l'apéro face à Shwedagon toute illuminée , c'est quand même un grand moment  dans la vie de simples mortels  ! Nous enchaînons ensuite avec un avocat d'Inshein , des bananes piquées au buffet de ce matin accompagnées de pain-toast de la même origine délictueuse et bien sur du raisin en dessert , le panard ! Dommage qu'il faille descendre à la réception pour envoyer les photos du blog avant de prendre le café devant la superbe stupa dorée toute illuminée . Merci Bouddha !



Commentaires

Articles les plus consultés