CINQUANTE SIXIEME JOUR : LE 4 DECEMBRE 2019






      Tout d'abord bonne fête de Sainte Barbe à tous ceux qui se sentent concernés : nous, en temps qu'habitant du Pas de Calais  et  surtout en tant que petits enfants de mineurs de fond ,nous ne pouvons pas faire autrement que d'avoir une pensée pour tous ceux qui ont bravé les dangers de la vie souterraine , pour notre  plus grand confort . Au cours de ces deux jours passés à Mandalay nous avons découvert le potentiel artisanal de cette capitale culturelle et nous avons  apprécier  également toute la vie qui gravite autour des berges de l'Irrawaddy . Grâce à son sens de l'organisation  , Zaw a réussi à nous montrer un maximum de choses en quarante huit heures : des sculpteurs sur bois et sur pierres , des batteurs d'or , des brodeuses et des tisserandes ,des fabricants de marionnettes et bien sur des pagodes .





            Ce matin nous avons rendez-vous avec lui un peu plus tôt car nous avons les 130 bornes de la route de Monywa à parcourir avec notre bus , qui nécessitent environs quatre heures . Et puis  nous devons aller voir un atelier de potier et un autre d'argentier que nous avons laissé de côté hier , pour pouvoir essayer la piscine de l'hôtel , mais en vain! Nous commençons par quitter le centre ville sans gros problème de circulation ,les grandes avenues étant équipées de contre-allées où les scooters s'en donnent à choeur joie .  Puis nous prenons la direction de l'Ouest pour traverser l'Irrawaddy sur le même grand pont qu'hier . C'est l'occasion pour nous de revoir "la colline de Sagaing" truffée de pagodes .Arrivés à l'extrémité du pont nous revoyons également le flottage des troncs de teck . Aujourd'hui ,par contre nous tournons à gauche pour entrer dans le village éponyme ,dont le rond point principal est décoré d'une statue du roi  Athinkhayar datant du XIV ème siècle . C'est ici que nous arrêtons dans un atelier de poterie , pas étonnant d'ailleurs vus  l'encombrement des trottoirs par de nombreux étales de  céramiques en tous genres . Dans la petite rue que nous empruntons , nous croisons des femmes transportant des paniers d'argile séchée qu'elles déposent par terre pour que d'autres la concassent à grands coups de bâton , histoire  d'en ôter les impuretés . Sur les conseils de  Zaw ,nous pénétrons dans une cour où une vieille autochtone commence à tourner une pièce pendant que sa fille fait tourner à la main, le lourd plateau garni de deux poignées .D'un coup de pouce plongée dans la boule de glaise elle  fait monter un pot tout simple, qui ressemble comme deux gouttes d'eau à nos saloirs . D'un coup d'index plié à l'équerre, voilà  maintenant qu'elle décore le haut de la poterie d'une collerette plissée  . Un coup de fil à couper le beurre et voilà le pot décollé du tour et placé au soleil où il sèche pendant deux jours avant d'être repris en main pendant qu'il est encore malléable . Maintenant c'est la fille qui nous montre  son savoir faire . Elle  prend en main un pot à moitié sec et se met à le tapoter avec un bout de bois portant des motifs gravés. La main intérieure, armée d'une pièce ronde sert à repousser la glaise pendant que l'autre imprime le motif en tapant régulièrement avec la planche . Une fois la partie supérieur décorée , elle se met à lisser la partie inférieure toujours avec la même technique ,mais cette fois en tapotant avec une planche lisse , donnant ainsi à la partie basse , la forme d'un "cul de poule" .Ces poteries servent de pot à eau potable , posée sur un support métallique . On y plonge  avec une louche en noix de coco comme celle que nous avons acheté au cours du périple . Puis la taulière nous  fait une démonstration de transport d'eau en  empilant deux cruches sur la tête et deux autres sous chaque bras . Pour les remercier de leur accueil , nous leur achetons une petite chouette qui peut servir de pot à crayon pour 3000 kiaps ; soit 2 dollars US .





            Nous regagnons le bus pour aller à l'autre extrémité du village ,histoire d'aller visiter un atelier où l'on travaille l'argent . Nous voyons des ouvriers d'abord tracer le motif sur une tôle d'argent de 1 à 2 millimètres d'épaisseur . Une première phase consiste à repousser les gros reliefs avec un marteau arrondi en ayant soin de mettre de la résine d'arbre de l'autre côté pour éviter de passer à travers . Puis il retourne la tôle pour un second repoussage plus fin sur l'autre face en ayant soin de mettre à nouveau de la résine en dessous . Puis il cisèle des motifs encore plus délicats avec de tous petits poinçons . Il faut ensuite plier la tôle en l'arrondissant puis la souder pour en faire des vases , des pichets et autres ustensiles décoratifs . Le résultat est magnifique . Dominique ne peut pas résister à l'envie d'acheter une paire de boucle d'oreilles pour 5 dollars .



                            Maintenant , il est temps de tracer la route de Monywa si nous voulons respecter notre programme de visite et ne pas finir trop tard ce soir pour aller à la piscine.Dès la sortie de Sagaing ,nous nous mettons à traverser des rizières déjà moissonnées qui alternent avec des champs de maïs et de pois cassés . Plus loin c'est le domaine des cultures de pastèques en grande partie destinées à l'exportation vers la Chine . Après une heure de route nous constatons que la région est plus sèche . Zaw nous dit qu'ici la saison humide est très courte et que la température peut atteindre 46 degrés l'après midi . En même temps ,nous constatons que les parcelles agricoles sont plus petites . Puis ce sont carrément d'immenses zones d'herbes sèches où paissent des troupeaux de moutons et de vaches très maigres  . Par endroit des bouquets de hauts palmiers rompent cette plate monotonie . Tout à coup ,nous entendons :" Re-ga-dé a goi-te , la  gan ta-tu de bo-di , cent mè de o ! No ,no , pas à do-che, à goi-te , faut re-ga-dé ! E gan , cent mé de haut "



            Dès que nous approchons du parking du site, Zaw nous explique qu'ici il y aurait 500 000 bouddhas ici et nous nous arrêtons dans une espèce de vergers pour les photos : ici pour 1000  bouddhas , il y a 1000 banians de  plantés entre chaque statue : c'est impressionnant, on se croirait devant un cimetière militaire de chez nous ,avec des alignements à perte de vue . Nous faisons un second arrêt au pied de la colline pour photographier cette fois le Grand Bouddha Debout et le Grand Bouddha Couché de plus de 100 m avec le toit de la pagode doré à côté . Puis Zaw nous fait la surprise de trouver des scooters avec chauffeur pour grimper au sommet .Il faut alors se déchausser pour gravir les marches qui mènent à la terrasse supérieure . De là ,nous avons une vue à 180 degrés sur la plaine et Zaw en profite pour nous montrer de petits monts à l'horizon où se trouvent les mines de cuivre exploitées par les Chinois .Isabelle et Gérard n'hésitent pas à faire l'ascension des trente étages de la grande statue . De notre  côté , nous nous contentons de visiter les salles du bas : " ici  , on peut voi dé pin de fer , ui , dé pin de fer ! qu'est-ce-que tu racontes , Zaw ? Ah , tu veux dire des peintures de l'Enfer ! ui , des pin de fer , ui !" Effectivement , Gérard nous expliquera, à son retour de là-haut, qu'il a vu des représentations de fidèles embrochés sur de longues lances . En bas nous ne voyons que des Bouddhas dorés .  En sortant du socle du Grand Bouddha Debout nous allons quand même voir l'immense statue du Bouddha Couché  de plus prés. En circulant pour essayer de le cadrer au mieux avec l'appareil photo , nous nous faisons sortir de l'immense terrasse parce que nous avons laissé nos chaussures aux pieds . Nous nous mettons alors en quête de nos chauffeurs de scooter pour redescendre jusqu'au bus . Pas de pot , le mien prend  tout son temps en empruntant plusieurs chemins de traverse pleins d'ornières pour me montrer d'autres statues plus petites , nichées dans la verdure .








            Nous reprenons le bus sur quelques kilomètres à peine pour arriver au restaurant choisi par Zaw : la taulière , très dégourdie , nous explique la composition des plats en français : des christophines cuisinées avec des pousses de bambous , une poêlée de brocolis et de petits pois "mange-tout" ,une purée de fruit à l'ail et à l'oseille excellente ,une salade oseille et d'oignons , des fèves en sauce , du riz , des French fries , et du poulet rôti ,le tout finement préparé . Puis en dessert , des feuilles de thé cuites , du gingembre râpé et des cacahuètes frites avec lesquels il faut faire une boule que l'on mange avec un morceau de sucre de palmier fondant : curieusement  c'est  vraiment très bon car on en reprend une deuxième fois .On s'en sort avec 16 500 kiaps soit 11 dollars US boissons comprises pour deux personnes , la ruine !



            Il faut reprendre ensuite le bus pendant dix minutes pour aller visiter la Pagode Thanboddhay  . Ici dés la porte principale , on est édifier , on entre au "Cirque Barnum" entre deux sculptures d'éléphant dont la représentation infantile donne aussitôt le ton . On ne serait vraiment pas surpris de voir sortir  entre les deux pachydermes la parade avec en tête la grosse caisse tenue par le clown au nez rouge accompagné du nain qui fait des pirouettes ! ! Une fois dans l'enceinte ,on peut errer  de pavillon en pavillon ,comme on peut le faire sur un champs de foire, allant d'un manège à l'autre : ici c'est l'hôpital du monastère , avec une façade rose bonbon ,digne d'une loterie ou d'un stand de tir . Il a été financé par un moine qui a fait fortune en vendant dans le monde entier le fameux "Baume du Tigre". A côté, le temple ressemble à un "saut à l'élastique" avec sa haute colonne entourée d'un escalier en colimaçon où les fidèles se pressent . Quant à la petite  pagode de droite , elle ferait plutôt penser à un carrousel de chevaux de bois avec ses éclats de miroirs collés dans le bétons et sa ménagerie d'animaux style Dysney . Sur les conseils éclairés de Zaw , nous allons jusqu'au bout de l'allée pour découvrir la Pagode Principale ,  le summum du summum du kitch . Ici on bat tous les records, que ce soit en nombre de bouddha , en choix de couleurs criardes orange et rouge et en étalage de dorures . Bouddha est partout , il tapisse les murs , les plafonds , les colonnes . L'intérieur est encore plus hallucinant , on est à la limite de l'indigestion , de la nausée , on a les dents du fond qui baigne! Vite , il faut sortir prendre l'air , mais dehors ça recommence , il est partout là! ..., là !... là ...! Vite il faut récupérer ses chaussures pour s'échapper de l'enceinte et s'éloigner de cet enfer. En choeur  avec  Christian devant Zaw interrogateur  , nous nous lâchons , comme pour vider un abcès : "mon dieu , que c'est laid...! Ui , ui ...sé la pago tan bo dé , ui ! Mais c'est laid ! Ui ...ui ... nooon! Et tu as déjà vu des gens qui aime ça ? ui , ui ...pié , ui ! En fait , Zaw , tu dis toujours oui ? ui , pié ..., ui !" Il est désarmant ce Zaw , mais on l'aime bien comme quand même !





            Cette fois ça y est , la journée de visite est terminée et il n'est que 15h30 . On va pouvoir faire un bon plouf dans la piscine d'autant qu'aujourd'hui j'ai réussi à taper  une partie du blog dans le bus . Un quart d'heure plus tard nous traversons Monywa . Zaw fait arrêter le bus pour aller nous offrir une botte de cigares birmans dans un marché local , c'est vraiment délicat de sa part . Nous ne tardons pas à atteindre l'hôtel Resort Monywa . Dès que nous avons trouvé nos chambres et que les valises sont déposées , nous nous dépêchons d'aller à la superbe piscine que nous avons entrevu en traversant le parc . Malheureusement Isabelle et Gérard, arrivés avant nous ont vu de l'eau marron sortir des bouches de refoulement .Le personnel mis au courant reste planté là sans solutionné le problème . Oh la la ...! La déception est à la mesure de l'attente !! Depuis trois jours que nous espérions enfin avoir le temps de faire plouff , et bien c'est raté...! C'est avec les pieds de plomb que nous rentrons à la chambre pour s'occuper des photos et du blog pendant que Dominique passe ses nerfs sur la lessive ! C'est l'occasion pour moi de faire une seconde dégustation de cigare birman en tapant sur l'ordi dans la coursive devant notre chambre , face au soleil couchant . Puis nous nous retrouvons au resto de l'hôtel qui est presque complet avec l'arrivée de gros groupes de touriste . Nous nous contentons d'une assiette de spaghettis avec un pesto à la Génoise agrémenté de parmesan , ce qui est largement suffisant pour le peu d'énergie que nous avons dépensé dans le bus !!








Commentaires

  1. Oh! Pas de chance.... Après une journée bien remplie, un bon bain vous aurez bien rafraîchi. Merci pour toutes ces photos. Bonne continuation.

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