CINQUANTE SEPTIEME JOUR : LE 5 DECEMBRE 2019

   Si les chambres de Win Unity  ont la sobriété  des piaules universitaires , elles n'en sont pas moins très calmes car nous nous octroyons une vraie nuit de bébé  . Ce matin en discutant avec Dominique nous en arrivons à trouver le nord de la Birmanie un peu décevant . Il faut dire que nous partions avec des aprioris très positifs : cet hiver , en préparant le voyage , je voyais Monywa comme un village perdu dans la jungle avec des éléphants tout autour et des vestiges de temples antiques nichés dans la verdure . Aussi hier le choc avec la réalité a été dur : une plaine poussiéreuse  , des temples clinquants comme des quincailleries qui brillent au soleil  et une ville sans caractère particulier  à l'arrivée , le compte n'y était pas ! Aujourd'hui , nous retournons sur Mandalay où nous faisons à nouveau étape ce soir, pour prendre le bateau, direction  Bagan, le lendemain . Le petit déjeuner se révèle dans la lignée de la chambre , c'est à dire très  cantine universitaire !

            Comme d'habitude , nous retrouvons notre cher Zaw à la réception de l'hôtel vers 8h30 afin qu'il nous expose le programme  envisagé pour la journée . " Bon-iu , o-jou-dui on vi-si dé got , qua-ran kilo-met , une eu allé é une eu retou !" Dès la sortie de Monywa  ,la route s'enfonce sous une voûte de verdure : il parait que la haie d'arbres qui nous procure cette ombre est faite de margosers , dont les fruits  en grappe ne sont pas comestibles mais qui servent à soigner la peau ,une fois mélangés à la terre . Nous ne tardons pas à traverser la rivière Chindwin , un affluent de l'Irrawaddy dont nous admirons au passage les immenses bancs de sable .Nous longeons maintenant des alignements de petites parcelles de cultures maraichères  . A l'abri derrière on peut  voir les clayettes de bambous sur lesquels  poussent le bétel , une sorte de plante grimpante dont on récupère les feuilles en forme d'as de pic pour les chiquer .  Et bien sur à coté nous voyons des bouquets de palmiers d'où pendent de grosses grappes de noix d'aréque  .Devant nous se dresse un énorme terril sur lequel nous voyons courir des camions : ce sont les déchets accumulés suite à l'extraction du minerai de cuivre dans les grandes mines à ciel ouvert exploitées par les chinois . D'après Zaw ils cherchent aussi de l'or ,assez répandu dans la région . Puis nous quittons les cultures pour traverser une zone aride : c'est le domaine de l'herbe sèche , des arbres chétifs et des agaves  : on se croirait du côté de Oaxaca au Mexique .D'après Zaw il y aurait souvent des incendies dans cette région à la saison sèche .Pas étonnant que les arbres soient si maigrichons !

            Nous arrivons maintenant aux grottes de Shwebataung datant du XIV ème siècle . Le roi de la région ,de retour de Bagan où il était invité par son collègue , aurait décidé de réaliser cette construction énorme et éternelle en faisant creuser la montagne . Nous commençons par descendre un immense escalier , creusé lui aussi dans la roche pour atteindre tout un réseau de couloirs étroits desservant des cavernes décorées de statues de bouddha dorées . Ces cavernes sont fermées sur le devant par une façade en maçonnerie richement décorées de bas reliefs peints retraçant la vie de Sidartha et de  fenêtres surmontées de  chapiteaux . L'ensemble est assez élégant , rien à voir avec la quincaillerie clinquante de Thanboddhay .Nous continuons à suivre un dédale des couloirs dont les parois rocheuses , striées de coups de burins mesurent plus de 8 mètres de haut .Sur le sommet d'un dôme rocheux on peut voir à un endroit un énorme rocher , tout juste posé au bord du vide :il est doré à la feuille d'or et surmonté d'une stupa . Au détour d'une courbe , nous avons l'attention attirée par une colonne de maçonnerie carrée ,peinte en vert et surmontée d'un chapeau doré . Devant elle nous remarquons  la statue de trois moines en robe pourpre se faisant la courte-échelle . En y regardant de plus prés ,nous voyons que nos trois larrons sont bien couillus , avec la bite à l'air sous la toge et les aisselles hirsutes . C'est d'un réalisme ahurissant . Celui qui est au sommet de  cette pyramide  humaine a même l'anus ouvert et son voisin de dessous en porte  les conséquences sur l'épaule !! En continuant à remonter les corridors nous  visitons une série d'autres cavernes ,toutes peuplées de statues de Bouddha et fermées d'une haute façade en maçonnerie souvent peinte et décorée de bas-reliefs . A l'entrée de l'une d'elle , nous tombons sur un autochtone qui vend des petites feuille d'or pour coller sur la statue d'un Bouddha creusé directement dans le fond de la grotte : comme nous refusons de lui en acheter , il en met une sur la langue et se met à la mâcher tout en nous mimant que c'est aphrodisiaque !

            Une fois que nous avons retrouvé le plancher des vaches nous reprenons le bus sur un ou deux kilomètres pour aller visiter d'autres grottes appelées Pho Win Taung .Ici  les choses se présentent différemment . La roche mise à nue est sculptée autour de portes donnant sur de petites niches contenant des sculptures de Bouddha .Il parait que le site serait riche de plus de 500 chambres  . Les parois et les voutes sont décorées de fresques peintes de couleurs vives . Une armée de petits singes nous accompagnent , toujours prés à voler un sac ou une paire de lunettes , il faut rester vigilants . Heureusement que des bonzes et des autochtones leur distribuent des fruits en guise de diversion . Nous pouvons de ce fait continuer à admirer les bas reliefs et les sculptures qui décorent l'entrée de chambres plus vastes où nous voyons des Bouddha couchés , yeux ouverts et pieds décalés , donc simplement endormi soit l'inverse de ce qu'on nous avez dit au Cambodge et au Laos pour le différencié du Bouddha mort . Sur le sommet des rochers s'alignent  de petites stupas blanches et dorées qui donnent une petite note de couleur à cet ensemble à la fois élégant mais austère du fait de la teinte  terne de la roche . Construit au sommet d'un petit mont  , l'ensemble est superbe  . Par endroit des façades de cavernes décorée de sculpture émergent parmi des bouquets d'arbres que nous découvrons au fur et à mesure que nous redescendons vers le parking .

            Nous reprenons ensuite le bus pour retourner sur Monywa par la même route que ce matin . Zaw nous propose quelques arrêts photos, en particulier  le long des champs de tournesols  et lorsque nous voyons des autochtones travailler en ligne, le chapeau conique visé sur la tête , dans de grandes parcelles de pois cassés .En toile de fond nous devinons les cônes de déchets des mines de cuivre . Nous retraversons la Chindwin pour aller manger dans  un troquet du même nom , à l'entrée de Monywa . La salle à manger est installée sous une vaste paillote ouverte sur les quatre faces . Nous mangeons du poulet à la tomate accompagné de riz pour 21 000 kiaps soit 14 dollars US par couple . Un peu avant 14h00 nous reprenons le bus pour nous retaper les 130 bornes de la  route de Mandalay . Au bout d'une heure Zaw nous propose d'aller visiter le village de Kyet Su Kyin à pieds  . Nous commençons par passer devant la maison d'un menuisier spécialisé dans la fabrication  de lit qu'il essaie lui même en faisant la sieste dans la rue . On s' enfonce ensuite dans les chemins poussiéreuses bordées de maisons sur pilotis avec des murs fait de tressages de lamelles de bambous teintées en marron avec de l'huile de vidange . Nous y voyons de jolis  greniers à riz , des charrettes à boeuf , du millet qui sèche au soleil et la fameuse colonne avec un oiseau posé en haut construite à cote d'une stupa .En rentrant nous tombons sur un jeune autochtone qui nous permet de photographier ses dents rougies par les chiques de bétel . Après ce sympathique intermède photographique , il faut se résoudre à reprendre le bus pour terminer les trois heures de route restante .
          Bien que nous arrivons vers 17h30 et qu'il fait déjà noir , dès que les bagages sont dans la chambre , nous courons à la piscine  pour un plouf magistral . Je l'aurais mauvaise si nous avions cette baignade tant attendu et après une nouvelle journée de sacrifice à taper sur l'ordi dans des conditions épouvantables dans le bus . Bien que l'eau soit un peu fraîche , nous nous régalons quand même . Un peu de transfert de photo et nous descendons  au resto de bonne heure vers 7h00 car demain matin il faut une fois de plus se lever à 4h30 pour aller prendre le bateau .

POUR ADULTE UNIQUEMENT