CINQUANTE CINQUIEME JOUR : LE 3 DECEMBRE 2019

















    Après une bonne nuit de récupération , on y voit plus clair , quand même ! Après le lever à 4h00 du mat et la journée marathon d'hier, consacrée à la visite de Mandalay , il fallait  bien ça . Sans compter qu'en arrivant tardivement à l'hôtel il a fallu empiéter sérieusement sur la soirée pour rédiger le blog et classer les photos . aussi ce matin ,nous le prenons cool d'autant que nous n'avons rendez vous avec Zaw qu'à 8h30 . Et  dire qu'il y en a qui pensent que les retraités se prélassent à longueur de journée sous les tropiques ! Hier nous n'avons même pas eu le temps d'aller voir la belle piscine de l'hôtel , alors ...! On va quand même essayer de faire mieux aujourd'hui .




            Comme prévu nous retrouvons Zaw à la réception de l'hôtel vers 8h30 ; "Bon-you lé hami , vou ben do-mi ! Au-jou-di , on ba en a-to pou i-si-té un i-la  é-ni -mo ! ce qui veut dire après quelques grattages de tête "Bonjour les amis , vous avez bien dormi ? Aujourd'hui , on va en bateau pour visiter un village d'ethnie Môn " . A peine grimpés à bord du bus , Zaw se met à nous parler de l' Irrawaddy , ce  fleuve long de 2000 km, qui prend sa source au Tibet dans l'Himalaya ,comme le Mékong , pour aller se jeter dans le Golfe du Bengal .Comme le Mékong pour le Laos , l'Irrawaddy représente la colonne vertébrale du Myanmar, servant à la fois pour le transport , pour la pêche et pour l'agriculture .Et je ne parle pas des matériaux de construction fournis par le grand fleuve . Nous ne tardons pas arriver à l'embarcadère .





           Il faut en premier lieu descendre la pente boueuse de la berge puis comme notre bateau est à couple avec quatre autres de même taille ,  mais plus proches du bord ceux-la , il faut emprunter une succession de passerelles pour aller  d'une embarcation à l'autre . Quand je dis passerelle , c'est un bien grand mot , il s'agit juste  d'une planche , la rambarde se limitant à un bambou tenu à chaque extrémité  par un matelot!  Une fois à bord il faut grimper sur le pont supérieur , le pont inférieur étant réservé au fret , inexistant aujourd'hui . Dès que nous sommes installés dans de bons fauteuils en osier , les matelots larguent les amarres puis celui de devant , toujours avec son grand bambou qui nous a servi de rampe , déborde la proue de notre bateau afin de le faire pivoter sur lui-même , tant il est serré sur ceux de devant , restés à quai . Nous gagnons aussitôt le large et le capitaine met les gaz car  pour aller vers le village de Mingun il faut remonter le courant .




            Bien que maintenant nous sommes au milieu du lit du fleuve, le pilote est obligé de suivre le chenal indiqué par des balises rouges afin d'éviter les nombreux bancs de sable . Zaw nous explique qu'à la saison des pluies le niveau monte de 3 ou 4 mètres , rendant la navigation plus facile . En période sèche ,comme maintenant , des paysans se mettent à cultiver des légumes sur les zones limoneuses que nous voyons découvertes actuellement . Pour éviter les déplacements et aussi surveiller leurs cultures , ils restent sur place , construisant des cabanes en bambous le long des bancs d'alluvions . Sur les rives ont voit aussi des maisons sur pilotis,       appartenant à des pêcheurs ou à des transporteurs de teck . Ceux-ci descendent l'Irrawaddy  en guidant  leurs troncs d'arbres qu'ils laissent flotter sur le fleuve jusque Mandalay . Ensuite ceux-ci sont transportés en camion jusque Yangon . Il parait que le gouvernement a fourni des appartements neufs  dans des sortes de HLM à ces habitants des rives du fleuve ,que nous montre Zaw , un peu plus en amont . Malheureusement ces autochtones ne s'y sont pas habitués et sont rapidement revenus peupler les berges de l'Irrawaddy , dans leurs maisons en bambous sur pilotis . Il parait qu'en février on peut voir des dauphins baptisés du même nom que le fleuve : les "dauphins irrawaddy"  ne seraient plus que  70 dans le secteur .





            Un grand projet de barrage dans le nord du pays avait été mis au point à l'époque où les militaires étaient au pouvoir en partenariat avec les Chinois  à grands coups de caisses noires et de bakchichs  , bien sur ! Par chance, les généraux ne sont plus à la barre et de ce fait le projet a avorté . Les riverains ont donc encore un peu de répit devant eux ,  mais jusque quand ? Normalement le fleuve porte le nom de Ayeryarwady pour les Birmans , mais il fut rebaptisé Irrawaddy par Rudyard Kippling par soucis de simplification ,sans doute,  dans les livres qu'il écrivit sur la région et cette dénomination devint officielle dans la bouche des Britanniques , pour le même soucis de simplification . Tout le long de la rive gauche nous voyons une succession de temples avec leurs  jolies stupas dorés , brillant au soleil : devant ce spectacle Zaw nous fait une leçon de vocabulaire en nous expliquant qu'en Birmanie on dit "temple" pour un bâtiment dans lequel on peut pénétrer et "stupa" ou "pagode" pour une construction dans laquelle on ne peut pas entrer . Au Laos Sun nous avait présenté les choses différemment ; chez eux les "stupas" sont des tombes contenant les cendres  de défunts importants , les "pagodes" sont réservés à Bouddha  et aux moines , et peuvent abriter une relique . Par contre les "temples" sont pour les fidèles .





            Droit devant nous , nous commençons à voir l'énorme silhouette de la Pagode de Mingun , haute de 50 mètres . Le roi Bodawpaya qui commanda sa construction à partir de 1790 voulait qu'elle fasse 150 mètres de hauteur afin de la voir depuis son palais à Mandalay . A sa mort en 1819 , les travaux furent abandonnés . Elle a subi deux gros tremblements de terre en 1838 et en 2014 , mais malgré tout , elle en impose encore , même de loin . A peine , approchons-nous de la rive , que voilà une nuée de vendeuses de souvenirs en tous genres coiffées de chapeaux chinois coniques appelé chapeaux diamants car ceux-ci ont la particularité de se terminer par une pointe métallique qui brille au soleil comme un diamant . En prenant le chemin de la célèbre pagode nous voyons les vestiges d'une énorme barque d'au moins trente mètres de long , creusée dans un seul tronc de teck . Zaw nous explique que l'arbre faisait la taille de 4 hommes en circonférence , soit 6 mètres , donc deux mètres de diamètre à peu prés !







            Parvenu au pied de la Pagode de Mingun , nous avons le souffle coupé par la monstruosité de cette édifice fait en briques . Quelle masse incroyable, qui pourtant est profondément lezardée , voir même disloquée sur une des quatre faces . Chacune d'entre elles était percée d'un large portail qui donnait sur une statut de bouddha . Cet édifice monstrueux devait servir à protéger une relique de Bouddha , une dent en l'occurrence , qui se révéla fausse et donc ne figura jamais dans la pagode inachevée  . Nous continuons notre chemin pour aller voir une petite pagode abritant une énorme cloche de 90 tonnes  datant de 1808 . Celle-ci  devait prendre place dans la pagode inachevée pour satisfaire le goût de la démesure de Bodawpaya ! Notre balade à pieds se termine devant l'énorme masse d'un blanc immaculé de la Pagode Sin Phyu Mal ou Mya Thien Tan datant de 1806 . En revenant sur le débarcadère je trouve enfin des cigares birmans que je goûte sur le champs , histoire de bénéficier du briquet de la commerçante . Bien que dotés d'une cape verte très grossière , ils s'avèrent léger , douceâtre , jamais agressif , et surtout de combustion régulière jusqu'au bout du purin  . Je fais profiter de ma découverte d'abord Jean Marie que je retrouve en route vers le bateau , puis Christian et Gérard . Je ne regrette pas de mettre délester de 1000 kiaps  , pour 6 puros , soit 10 centimes d'euro le cigare !






            De retour sur la terre ferme à Mandalay vers 12h30 , Zaw nous emmène aussitôt dans un petit resto pour goûter une fricassée de poulet à l'ananas et aux petits légumes qui s'avère moins cuisinée que le porc à la mangue et au curry d'hier . Cela ne peut pas être parfait tout les jours! Malgré tout la cantine est propre , bien que Christian trouve un long cheveux noir dans son riz !! Un café et nous reprenons le bus pour trois quart d'heure de route , histoire d'aller visiter la colline  Sagaing . Pour cela il faut commencer par sortir de Mandalay, qui se révèle assez étendue avec ses 1,2 millions d'habitants . Après une bonne demi heure de route , nous empruntons un immense pont payant qui enjambe l'Irrawaddy . De là, nous avons une vue superbe sur le fleuve sillonné de très nombreux bateaux et sur la colline de Sagaing peuplée de près de 500 pagodes dorés et blanches qui semblent jaillir de la forêt . On dirait un énorme sapin de Noël garni de boules étincelantes dans la lumière de fin d'après midi . Arrivés à proximité de l'autre rive  nous voyons des convois de troncs de teck attaquer la descente du fleuve , guidés par des bûcherons juchés sur des radeaux de bambous . Comme hier pour la colline de Mandalay , nous changeons de véhicule . Nous grimpons dans la benne d'une petite camionnette tout terrain  pour mieux passer les épingles à cheveux de la route qui monte à travers la forêt , laissant  par moment une vue  dégagée sur les nombreuses pagodes qui essaient de se dresser au dessus des arbres . Parvenus au sommet , il faut payer une taxe de 300 kiaps pour avoir le droit de photographier depuis la terrasse de la pagode et bien sur il faut quitter les chaussures . Pas drôle de traverser le parking en macadam couvert de crachats rouges sang de chiques de bétel ! Une épreuve bien difficile pour des européens moyens ! Brrr... rien que d'y penser , j'en ai des frissons dans le dos ! La vue du sommet pour finir est beaucoup moins bien que celle depuis le pont ou de la route . En redescendant avec notre camionnette bâchée , nous tombons sur une Fête d'Incorporation de Novices  avec processions et danses dans la rue avec fond de musique techno à décoller les tympan . C'est vraiment du grand "n'importe quoi" cette religion quand nous voyons ces jeunes filles en robes à paillettes  se trémousser sur le tare mac ! Je voudrais bien savoir ce que pense Bouddha de tout ce cirque !




            Une fois  que nous avons regagné le bus , nous reprenons la direction de Mandalay pour aller voir le Pont  d' U Bein , en teck ,qui enjambe le lac Taungnyo d'Amarapura ; avec ses un kilomètres deux cent , cela en fait le plus long pont en teck du monde , rien que çà . Il parait qu'il est soutenu par 1054 piliers d'une belle section . Pas étonnant qu'il tient le choque depuis 1848 ! Il n'est pas facile à prendre en photo l'animal , d'autant qu'il est courbe  . Et puis faire rentrer une telle longueur dans un objectif aussi petit , j'y renonce ! Je préfère marcher un peu et prendre le tronçon qui est encore au dessus de l'eau afin de profiter des magnifiques reflets que procure la surface du lac à cet endroit . C'est vraiment superbe . Et en plus j'ai droit en prime , à un premier plan avec des pirogues de pêcheurs . Le panard ! Pas mal les clichés , non !








                          Après une petite pause" classement photos et blog" , faute de baignade en piscine , nous nous retrouvons au resto de l'hôtel, qui pour finir, se révèle une bonne adresse malgré tout ,et surtout très pratique car dehors il n'y a pas beaucoup de taules dans le secteur .










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