CINQUANTE NEUVIEME JOUR : LE 7 DECEMBRE 2019






        Une fois de plus , nous enchainons les lever matinaux , même très matinaux ! 4h00 aujourd'hui , hier 4h30 , c'est très dure après deux mois de périple . Et tous les jours il y a une bonne raison , heureusement ! Hier la croisière sur l'Irrawaddy , aujourd'hui le survol en montgolfière du célèbre site de Bagan et de ses 3000 pagodes qui émergent de la forêt . Tiens , hier à propos de Bagan , j'ai lu que l'Unesco avait refusé son classement au patrimoine Mondiale de l'Humanité à cause du  régime militaire de Birmanie , certainement de peur que les capitaux prévus pour  la réfection des pagodes ne servent à acheter des armes ou tout simplement à enrichir encore un peu plus ses dirigeants corrompus ! Donc ce matin nous sommes malgré tout très motivés pour décoller l'hôtel à 5h00 et découvrir ce qu'il est commun d'appeler" l'Angkor de Birmanie" . Comme d'habitude , la douche se révèle un excellent partenaire pour y voir plus clair et parvenir  à nous préparer dans les temps . Un petit café et nous filons à la réception de l'hôtel où la société qui propose les vols doit venir nous chercher .




            A peine attendons nous depuis dix minutes qu'un minibus vient nous chercher pour nous conduire à une dizaine de kilomètres de là  dans l'obscurité la plus totale . On nous installe autour d'une table de huit pour boire un café accompagné de croissants chauds . Je commence à regretter de n'avoir pris qu'un plus gros pull car il fait froid au point que nous voyons notre haleine ce matin . D'autres candidats au vol en montgolfière arrivent petit à petit et peuplent les sept autres grandes tables voisines . Ensuite les pilotes viennent se présenter à leurs passagers respectifs ; pour nous c'est Olli , un Finlandais venu travailler pour cette compagnie australienne dont l'organisation semble remarquable . Notre pilote , avec sa petite moustache grisonnante , sa casquette et son maintien un peu amidoné , fait penser à un officier britannique . Une fois restaurés , on nous invite à avancer vers une immense pâture dans laquelle nous devinons, grâce à la lumière occasionnelle des flammes de réchaud  ,une bonne dizaine de ballons étalés sur le sol devant leur panier respectif . Là , Olli nous explique les consignes de sécurité et la position à adopter pendant le take off et le landing , c'est à dire assis au fond du panier sur un coussin et le dos à plat contre la paroi , la tête contre le rembourrage du plat-bord . On entend maintenant un peu partout dans la demi-obscurité des ventilateurs ronronner . En quelques minutes notre horizon se trouve bouché par la masse énorme des ballons qui commencent à se mettre debout . Ce sont ceux de couleur jaune au bout qui sont en tête , suivi de peu par les ocres ,installés encore un peu plus loin , quant à nous avec les verts nous clôturons la marche . Des nacelles se relèvent déjà et des touristes grimpent aussitôt à bord . En moins d'un quart d'heure, les 25 montgolfières quittent le sol sans la moindre bavure . Quelle organisation ! Après la photo d'usage prise par le personnel au sol , Olli demande de nous asseoir au fond de la nacelle  , met un coup les gaz et hop , nous voilà parti sans la moindre secousse  . Nous pouvons nous redresser pour voir, maintenant que la lumière de l'aube rosit le ciel , ce magnifique lâchée de ballon  au dessus de nos têtes . Dès que nous prenons de l'altitude nous voyons des dizaines de pagodes sortir la tête de la végétation . La timide lumière du matin commence à  colorer la pointe de leur dôme , puis rapidement le chapeau complet du  temple . Le temps de tirer quelques clichés et voilà que ce sont même les façades qui s' embrasent maintenant, prenant des teintes roses puis orangés . Quant au dôme tapissé de feuillles d'or , je ne vous explique pas comment ils s'illuminent , on dirait  de véritables phares  de bord de mer tant ils scintillent . Comme Olli fait tourner la montgolfière à la demande de Christian , nous pouvons admirer le paysage sur 360 degrés : c'est vraiment un grand moment de bonheur que nous dégustons calmement entre deux  rafales de clichés . Au loin ,nous voyons  vers l'ouest les méandres de l'Irrawaddy et ses rives sablonneuses et de l'autre côté  une chaine de petites montagnes qui se découpe à contre jour sur le ciel encore rose . Avec le silence qui règne là-haut et la douce caresse du soleil qui nous réchauffe , c'est la béatitude totale . Des centaines de pagodes  émergent complétement  de la végétation, maintenant qu'il fait clair ,et tous ces ballons colorés qui glissent sur le bleu du ciel , c'est un ravissement . Aussi nous ne voyons pas passer les 60 minutes de vol  et nous sommes tout surpris  lorsque nous commençons à descendre sérieusement au dessus du damier des cultures  sur lesquelles nous voyons courir notre ombre . Puis Olli nous demande de nous asseoir à nouveau au fond de la nacelle , nous frottons une ou deux fois la cime des arbres et voilà que nous glissons sur l'herbe d'un terrain vague avec une armée d'autochtones pour immobiliser la nacelle . Nous avons ensuite droit au diplôme , à la coupe de champagne et même  à une gourde isotherme en guise de petit cadeau souvenir de la part de la société . Chapeau bas , ils ont le sens de l'organisation les Australiens ! En discutant , avec une coupe en main , nous apprenons qu' Olli  a plus deux mille vols à son actif . C'est vrai qu'avec son flegme très british , il nous a tout de suite mis en confiance , le bougre !




















            De retour à l'hôtel , nous reprenons un second petit déjeuner avant de retrouver Zaw , vers 9h15 comme prévu pour commencer la visite du site de Bagan  , mais terrestre cette fois . Il décide de commencer par la visite de la pagode Shwe Si Gon qui date du XIème siècle . Sa construction  en pavés de gré dura trente ans ,de 1050 à 1080 .Haute de 55 mètres , elle est constituée d'un empilage de terrasses carrés , représentant les plis de la robe de Bouddha , surmontées de son énorme dôme doré à la feuille d'or . Nous entrons par la porte Est pour faire le tour de la cour intérieure . Dans un des pavillons de l'enceinte nous découvrons une série de sculptures en bois retraçant la vie de Sidartha . Cette pagode nous plait peu à cause de son aspect clinquant et nous ne trainons pas malgré l'enthousiasme de Zaw à nous montrer des détails sur telle statue de Bouddha couché qui a la tête au nord et les yeux ouverts , ou le trou ménagé dans la cour , rempli d'eau , dans lequel on peut voir le reflet doré du dôme  , ...




            Nous reprenons le bus sur quelques kilomètres pour aller voir la pagode Ananda datant également du XI ème siècle , restaurée en partenariat avec les Indiens après le tremblement de terre de 2014 . Ici aussi il faut enlever ses chaussures et marcher dans les déjections de pigeons, très nombreux à cet endroit . Construite en briques et en pavé de gré , elle était enduite d'un crépi blanchi à la chaux . Les voûtes en ogive lui donnent une certaine élégance et rappellent notre style gothique apparu deux siècle plus tard . Son dôme allongé , strié à la fois verticalement et horizontalement , lui donne l'aspect d'un épi de maïs d'autant plus qu'il est doré à la feuille d'or .Cinq niches en décore chacune des quatre faces , les quatre première étant occupé par une statue de Bouddha , la cinquième vide attendant l'arrivée du " nouveau Bouddha" . Il est encadré de quatre clochetons, sous bâche actuellement, à cause des restaurations en cours . Nous entrons par la porte Est , la principale , pour voir une statue de Bouddha dorée de 9 mètres de hauteur qui a la particularité de changer d'attitude, plus on approche d'elle : le visage éclairé d'un sourire se fige lorsqu' on approche du pied de la statue dont le visage est spécialement éclairé par un petit fenestron percé dans l'épaisse maçonnerie . Nous faisons le tour de la galerie intérieure garnie de niches contenant chacune une statue de Bouddha ou de sa mère ou sa tante . Les murs étaient recouverts de fresque dont on peut encore admirer quelques fragments d'époque .




            Après avoir récupéré nos chaussures , nous reprenons le bus pour aller au village de Myaing Kaba  voir un atelier de laque . Le responsable , qui dirige une équipe de 49 ouvrières et ouvriers nous explique rapidement les différentes étapes de la fabrication des objets laqués . Il nous rappelle que laque vient de la résine d'un arbre , le laquier , qui pousse dans les montagnes de la région du lac Inlé  , que celle-ci est blanche initialement lorsqu'elle sort de l'arbre mais devient noir après 15 jours d'oxydation dans une cave . Elle est appliquée sur du teck ou sur des tressages de bambou . Il faut neuf applications à l'intérieur et autant à l'extérieur , avec une semaine de séchage à chaque fois . Puis celle-ci peut être décorée en appliquant de la laque teintée avec des pigments naturels : jaune provenant de la terre , bleu venant de l' indigo , vert avec le mélange du jaune et du bleu et le rouge . On additionne de la cendre que l'on utilise pour durcir d'avantage . On polit à chaque fois entre les couches avec de l'acacia  . Nous assistons ensuite aux différentes phases du travail en parcourant l'atelier puis nous passons au magasin où nous nous achetons un plat à biscuits apéro compartimenté et doté d'un couvercle pour 65 dollars après négociation .







            Bien qu'il soit déjà 12h30 ,nous partons visiter la pagode Dhamma Ya Zi datant du XIII ème siècle . Nous l'avons survolée ce matin et nous nous souvenons bien d'elle car elle a un plan pentagonale assez unique en son genre . Avec sa maçonnerie en briques apparentes  à la partie basse elle dégage une certaine sobriété qui tranche avec l'éclat de son dôme doré . Bien que le tremblement de terre de 2014 l'ait privé de sa partie supérieure , elle emporte de loin notre préférence par sa sobriété et l'équilibre de ses formes . Un magnifique bâtiment dont nous faisons le tour avec beaucoup de plaisir . Sa partie basse était décoré de bas-reliefs en céramiques émaillée de couleur verte représentant des scènes mythologiques, qui malheureusement ont été arrachées pour la plupart, par des pilleurs de sites historiques . En partant pour le resto nous faisons arrêter le bus dans une zone riche en petites pagodes et stupas construites par des donateurs privés en remerciement d'un voeux exhaussé,  comme le précise souvent une plaque commémorative . Construites toutes en briques , elles ont chacune une forme différente : leur dôme peuvent être arrondis  ou pointus, lisse ou strié , trapu ou élancé . Il faut emprunter de petits sentiers qui courent parmi les bouquets d'arbres et les herbes folles pour aller de l'une à l'autre . La population qui habitait le site a été exproprié en 1999 pour être relogé dans la ville de New Bagan , créée spécialement pour eux . Zaw nous trouve un petit troquet admirablement situé au milieu du site : le la paillote qui sert de salle à manger nous voyons deux pagodes à peine distante de vingt mètres . Malheureusement la tambouille  et le service  ne sont pas à la hauteur du décor : nous attendons plus d'une heure avant que l'un d'entre nous soit servit et il se passe encore une bonne demi heure avant que le dernier ait à manger . Adresse à oublier car pour finir nous nous en sortons avec 21 000 kiaps pour des demi parts dont une mal cuisinée de surcroît !
















            De retour à l'hôtel  ,je m'occupe du blog et des photos avant d'aller essayer la grande piscine à débordement, avec vue sur une authentique ancienne pagode en briques .

          








Commentaires

Articles les plus consultés