VINGT SEPTIEME JOUR : LE 5 NOVEMBRE 2019
Aujourd'hui nous doublons l'étape à Battambang afin de visiter la seconde ville du Cambodge . Battambang vient de bâton , le fameux "bâton magique" du général de l'armée angkorienne perdu en venant défendre la frontière toute proche contre les soldats siamois envoyés depuis l'actuelle Thaïlande . Ka a décidé de partir très tôt , vers 7h30 , car le programme est chargé et aussi afin d' éviter de trop souffrir de la chaleur. De notre côté ,ce serait parfait de finir les visites relativement tôt car notre hôtel est doté d'une magnifique piscine qu'il serait dommage de ne pas utiliser deux jours de suite ! Je n'ai pas résister à l'envie de mettre en première ligne, la photo du petit pavillon en bois , installé au fond du jardin de l'hôtel , qui nous sert de chambre . Il a de la gueule , quand même et il est sur pilotis comme les maisons cambodgiennes traditionnelles !
Nous continuons à remonter le courant de la rivière ,pour aller cette fois dans un atelier où on confectionne des bananes séchées : celles-ci sont épluchées , puis coupées dans le sens de la longueur en fines lamelles, et enfin posées sur des clayettes en bambou exposées au soleil .La taulière nous en fait goûter deux sortes : une formule naturelle et une formule sucrée . Après cette dégustation ,nous avançons quelques kilomètres plus loin pour assister à la fabrication de l'alcool de riz :ici on cuit d'abord le riz que l'on fait ensuite sécher sur de grandes tables . Il est alors mis à fermenter dans des cuves , où on lui ajoute de la levure ; celle-ci est parfumée avec du piment , de l'anis étoilée , du poivre en grain et en bâtonnet , de la cardamone . Une fois la fermentation terminée , le mou ainsi obtenu est distillé trois fois : une première fois jusque 55 degrés , puis 30 et enfin 10 degrés . On mélange les trois distillats pour obtenir un alcool qui titre 30 à 35 degrés . Nous passons alors à la dégustation , d'abord pur , puis parfumé à la banane et ensuite au serpent, souvent le cobra . Les trois versions sont infectes : on dirait de l'éthanol pur , sans aucun parfum hormis celui de l'alcool . Heureusement que cette visite nous a permis de voir l'école installée , juste en face , de l'autre côté du pont . Nous avons pu renter dans des classes où les institutrices faisaient cours . Les enfants comme les maîtresses nous ont accueillis avec de larges sourires . Ce qui nous a surpris le plus ,ce sont les parents qui assistent au cours, debout dans la cour , devant les fenêtres sans vitre .
Nous reprenons une fois de plus la route , toujours en suivant la rivière , pour aller voir la pagode Phnom Ek ; il s'agit d'un temple hindouiste pré angkorien datant de 1020, dont le soubassement est fait de gros blocs de latérite , résistante à l'humidité , les parties supérieures ont étaient maçonné avec de blocs de grès , plus lisses , parfaitement ajustés , s’emboîtant les uns dans les autres en utilisant le système tenon-mortaise .A l'intérieure de l'une des deux tours , nous découvrons de magnifiques bas reliefs représentant deux serpents noués par la queue que des humains cherchent à séparer en tirant dessus de part et d'autre , comme au tire-à-la-corde :cela représente le barattage des mers qui forma la terre selon la doctrine brahmanique . Le site ,non restauré du fait qu'il ne bénéficie pas du classement au Patrimoine Mondiale comme Angkor , n'en a que plus d'authenticité à mes yeux. Dans cette végétation tropicale luxuriante, ces parois de pierre se trouvent divinement mise en valeur . En sortant nous passons devant la nouvelle pagode décorée de fresques aux couleurs agressives et aux dorures on ne peut plus kitsch !
Il faut maintenant revenir sur nos pas, en descendant cette fois le courant de la rivière pour nous rendre à la fabrique de poissons fermentés, qui rappelle un peu celle du nyoc man vietnamien , mais en plus sale. Dans de grandes cuves en bois , on laisse fermenter des petits poissons de rivière dont on n' a prélevé que les filets . Ici aussi, on mélange le poisson avec du sel et du piment ,puis on couvre en ayant soin de mettre du poids sur le couvercle en bois . Nous profitons d'être à côté d'un pont qui enjambe la rivière Sangké pour aller faire quelques photos . De notre perchoir , nous voyons un pêcheur , la canne à la main , un casque de moto sur la tête et les deux pieds dans un pneu . Comme ça déclenche l'hilarité générale , Ka nous explique qu'il a gardé son casque à cause du soleil et que le pneu lui sert de coussin lorsqu'il est fatigué de rester debout ! Nous continuons notre route jusqu'à la pagode Samket , du nom du village où elle a été construite , qui date de 1850 . Elle est décorée de deux éléphants : un gris pour le mal et un blanc pour le bien .Avec sa colonnade tout autour et ses couleurs bleues , elle se démarque un peu de ses homologues . Comme il est presque midi , nous assistons au défilé des bonzes en robe ocre rouge, allant au casse-croûte . Pour des ascètes , ils ont l'air bien pressés d'aller manger ! D'après Ka ils sont plus de 200 000 au Cambodge, à vivre au crochet de la société ; ils ne travaillent pas , se contentent de ramasser les dons des fidèles et de faire la sieste . Il explique que, beaucoup entre dans les ordres pour en ressortir soit après leurs études payés par les fidèles , soit une fois qu'ils ont acquis suffisamment d'argent pour payer la dote afin se marier . C'est pour cela que Ka ne fait confiance qu'aux vieux moines qui ne sont pas des opportunistes mais de vrais croyants .
Comme les bonzes nous ont donné faim , nous allons nous restaurer à notre tour dans une taule recommandée par notre guide . Nous prenons du poulet au curry rouge, façon khmer , qui se révèle tout à fait correct pour 6 dollars US par personne . En sortant de table nous devons aller essayer le fameux"train de bambou" : il s'agit de wagons sans parois, dotés d'un moteur de scooter ,uniquement constitué d'un plateau en lames de bambou sur roue, qui servirent pendant les 4 ans de domination Khmer Rouge , c'est à dire de 1975 à 1979 ,pour alimenter la région de Phnom Penh en riz .En route nous nous arrêtons dans un atelier de moulage de monuments funéraires en mortier ; Gérard , spécialiste dans le domaine , trouve que la finition laisse à désirer car ils n'utilisent même pas de sable tamisé , résultat les détails des motifs en souffrent un peu! Nous nous arrêtons également au carrefour principal de la ville ,pour voir la statue du fameux général ,et de son bâton magique perdu lors de la bataille contre l'armée siamoise , que nous avions aperçu hier soir à la lueur des phares . Un petit arrêt photo et cette fois nous partons pour de bon voir le train de bambou . Pendant une petite heure , sous un cagnard pas possible nous nous promenons quatre par quatre au beau milieu des rizières où des autochtones pêchent soit au filet , soit avec une canne .Heureusement que le vent vitesse à tôt fait d'éponger notre sueur !
Nous terminons nos investigations de la journée en allant monter les trois cent marches du Wat Banan , une pagode qui date aussi de la période pré angkorienne ,comme celle que nous avons vu ce matin , perchée en haut d'une colline ombragée . Commandité par le même roi au début du XI eme siècle , elle est de même facture ,avec un superbe assemblage de blocs de grès à joints francs . Un régale pour les yeux avec l'allée centrale composée de trois tours protégées de chaque côté par deux autres alignements de trois tours également . Trempés de sueurs nous rentrons à l'hôtel vers 17h00 pour en essayer sa jolie piscine .Nous terminons l'après midi à la chambre pour prendre un peu de repos en tapant le blog et en classant les photos . Comme hier , par flemme , nous restons à l'hôtel pour casser la croûte . La dernière photo est celle du bas-relief qui décore la piscine et qui se reflète dedans le soir venu .
Je viens de m’apercevoir que tous mes commentaires ne se sont pas enregistrés. Tant pis . Je vous suis à travers vos photos et revis notre voyage au Cambodge. Bonne continuation.
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