VINGT QUATRIEME JOUR : LE 2 NOVEMBRE 2019

















    Aujourd'hui nous quittons Kep et ses crabes . Nous nous octroyons  encore une journée de farniente , après tout c'est le week-end pour tout le monde , car nous devons musarder le long de la côte sud du Cambodge  ,en direction de Sihanoukville , distante d'une centaine de bornes . Norodom Sihanouk , lorsqu'il était au pouvoir voulez transformer les rives cambodgiennes du golfe de Thaïlande en véritable Riviéra . Pour cela il fit intervenir des investisseurs étrangers , en particuliers des chinois, qui se taillèrent la part du lion . En construisant de nombreux casinos , ils voulaient en faire le second enfer du jeu  de l'Asie du Sud-Est  ,au même titre que Macao .L'engouement pour les jeux sur le web ont toutefois mis un sérieux coup de frein à ce beau rêve ! Comme hier  matin , nous flânons dans le  superbe jardin tropical de l'hôtel , admirant au passage les bouquets de strélisias et les massifs d'hibiscus d'un rouge très vif , avant de nous rendre au premier étage d'une paillote pour prendre le petit déjeuner .





            Nous partons comme prévu aux environs de 8h30  vers le sud ouest . Dès la sortie de la ville , on peut voir des maisons traditionnelles sur pilotis , de part et d'autre de la route :leur vaste sous-sol sert au stockage des outils , à faire la sieste dans des hamacs ou à bricoler à l'ombre : on voit même des métiers à tisser ou des ateliers de confections .On tisse beaucoup la soie qui fut introduite par les Chinois au XIIIème siècle .Chacune de ces maisons abrite trois générations : les grands parents , les parents et une moyenne de quatre enfants . De temps en temps on se fait doubler par une voiture d'où pend une poule ou un canard , tête en bas : c'est affreux ! On voit qu'il n'y a pas de SPA par ici ! Sur notre droite on peut apercevoir dans la brume de chaleur, la silhouette de petites montagnes de quelques centaines de mètres, appelée la chaine des Éléphants .















            Comme aujourd'hui  ,nous avons Sam à bord de notre véhicule, il s'en suit une interminable discussion à bâtons rompus .Nous parlons d'abord d'histoire , entre autre du fait qu'au Cambodge la décolonisation s'est effectuée en douceur, suite à une négociation entre le roi Norodom Sihanouk et le gouvernement français de Vincent Auriol en 1953 .Lorsque les Viets ont envahi le Cambodge et ont soutenus le maréchal Lon Nol , les Américains ont bombardé le Cambodge et ont donc perdu leur image de marque auprès du peuple cambodgien . Norodom Sihanouk a alors utilisé sa grande popularité auprès du peuple pour encourager les foules à rejoindre les khmers rouges dans la jungle et entretenir  par la même occasion une haine des Américains . Les khmers rouges  , une fois maitre de la situation , ont mis  le roi  dehors . Actuellement cela fait 35 ans que le Cambodge est gouverné d'une main de fer par des anciens khmers rouges . Contrairement au Vietnam , ici les gens ont le droit de voyager d'une région à l'autre , de déménager sans avoir besoin d'une autorisation de l'administration : il n'y a pas le fameux cahier avec l'historique des origines de la famille dont nous avez parlé Tchin-tchin . L'espérance de vie est d'une soixantaine d'années ici au Cambodge .Il n'y a pas de protection sociale sauf chez les fonctionnaires tels que les soldats et les professeurs . L'enseignement est gratuit jusqu'au bac . Par contre l'université est payante et donc difficile d'accès . Les congés scolaires durent deux mois de fin août à fin octobre . Nous sommes donc au deuxième jours de l'année scolaire aujourd'hui . Dans le calendrier bouddhiste ,  cette année est l'année du cochon ,comme chez les chinois mais ici elle commence en avril .

















             On ne tarde pas à arriver à Kampot , ville spécialisée dans la production du sel venant des marais salants entourant la ville . Le district est aussi riche en plantations de poivriers et en production de durian dont une sculpture décore le rond point principal de la ville . Nos chauffeurs nous déposent au bord de la rivière éponyme pour voir le premier pont métallique construit sous le protectorat français .Puis Sam nous emmène visiter à pieds le centre ville , dont les rues sont encore bordées de maisons coloniales : il faut beaucoup d'imagination pour les reconnaitre derrière d'énormes écheveaux de fils électriques , d'enseignes publicitaires rouillées ou cassée .Heureusement qu'ils restent  sur  les façades quelques colonnes moulurées , des balcons à la peinture écaillée et aussides volets à lamelles qui pendent parfois lamentablement sur un seul  gond . C'est un peu navrant dans l'ensemble, ça fait vraiment grandeur et décadence ! Plus loin , on passe devant une université qui parait presque abandonnée . Malgré tout nous trouvons une jolie boutique d'articles en soie où nous achetons un krama , le fameux foulard à carreau des Khmers .




            Après cette courte visite, nous reprenons la route de Sihanoukville, en laissant sur notre droite une montagne plus haute ,qui culmine à 1100 m, appelée Bokor . C'est là que les colons français aller se rafraichir . Sam nous explique que les petits étales proposant des bouteilles de coca cola , que nous voyons depuis trois jours sur les  bas-cotés, sont en fait des stations services pour les scooters  .Tout le long de la route, nous voyons également des stères de bois parfaitement rangées . Dans ce secteur les villageois exploitent les forêts d'acacias, que nous traversons depuis tout à l'heure , pour faire la cuisine et même pour le chauffage car le thermomètre peut descendre à 16 degrés , ce qui est considéré comme très froid  par les autochtones !!. Nous traversons aussi beaucoup de rizières . Sam nous explique que 90% de la population cultive la terre et que l'essentielle de la surface est consacrée à la culture du riz .Le meilleur est appelé riz jasmin : c'est le jasmati que l'on trouve chez nous avec un grain long .Ils en vendent à la Thaïlande et au Vietnam qui le commercialisent pour eux à d'autre pays . Ici ,on ne mange le riz gluant comme au Vietnam , sauf dans les desserts comme ceux que nous avons goûtés hier au marché  ; soit cuit dans une feuille de palmier soit collé autour d'une banane cuite dans une feuille de bananier sur la braise .




            En route nous voyons sur la gauche le chantier de construction d'un temple bouddhiste dédié à la méditation (samathi) : ceux-ci sont uniquement financé par les dons des fidèles , avec parfois un petit soutien de l'Etat . Le roi n'intervient pas car il n'a ni pouvoir , ni argent . Dans le culte bouddhiste le roi est en dessous des bonzes sur le plan hiérarchique . Nous voyons aussi une mosquée : d'après Sam la communauté musulmane ne dépasse pas 5% de la population cambodgienne .
            Nous arrivons maintenant à proximité de Sihanoukville , la circulation devient très dense . Nous passons devant l'aéroport : il existe une compagnie aérienne cambodgienne , Cambodgian Angkor Air qui appartient à l'Etat à hauteur de 51%  . Les cinq autres compagnies sont chinoises ! Sam nous montre beaucoup de rizières en cours d'assèchement par les Chinois pour construire des immeubles à usage d'habitations et aussi des usines de textile et des ateliers de confection qui utilisent  quand même la main d'oeuvre cambodgienne .  Que l'on regarde à droite ou à gauche , il y a des chantiers partout avec des grues immenses !  C'est impressionnant ! Nous roulons d'ailleurs dans la poussière depuis un bon moment tant les routes sont défoncées par les travaux omniprésents . D'après Sam il faut compter une heure pour traverser la ville , rien que ça!. Sihanoukville , avec ses bassins en eaux profondes est devenue  le premier port cambodgien . A un moment donné la circulation devient impossible avec  des colonnes de camions bennes qui attendent cul à cul . Il faut se résoudre à faire demi-tour pour emprunter des pistes d'argile pleines d'ornières tout en soulevant des nuages de poussière indescriptibles .





            Après une demi-heure de rodéo parmi des trous de 50 cm de profondeur nous arrivons à l'hôtel Sea Breeze  pour nous délester de nos valises  ,et aller manger un peu plus loin chez un Français, qui s'occupe d'une paillote de bord de mer . Sa terrasse donne directement sur une magnifique plage de sable blanc qu'il vient de finir de nettoyer avec son fils . Ils ont eu un ouragan il y a deux mois qui a tout ravager . Ils ont eu 7 cocotiers d'arracher . Beaucoup d'établissements ont perdu leur toit dans la bataille . Comme il n'est pas encore prêt pour la restauration , il nous propose d'aller nous chercher des plats commandés dans la taule d'à côté . Résultat ,nous attendons trois quart d'heure après nos repas, devant notre demi-pression . Comme il est déjà 15h00 lorsque nous sortons de table, nous ne sommes plus que trois sur huit à vouloir faire la sortie bateau prévue au programme . Dominique reste  ici avec les Argoud et les Coffinet pendant que je pars avec Isabelle et Gérard .





            Il faut reprendre les 4x4 sur quelques kilomètres pour trouver la plage où notre pirogue est au mouillage . Pour grimper à bord il  ne faut pas avoir peur de mouiller le pantalon car nous devons avancer dans l'eau jusqu'à mi-cuisse . Sam nous explique que nous commençons par mettre le cap vers l'île de Tres qui se trouve à d'une demi heure navigation . Cela nous permet d'observer l'interminable ligne de bâtiment en construction qui longe la côte d'un côté et de l'autre la ville de Sihanouk et ses affreux buildings à la chinoise . Arrivés sur site , notre pilote s'ancre à vingt ou trente mètre de la rive ce qui nous permet d'aller explorer les fonds marins à l'aide d'un masque et d'un tuba .Dans les innombrables failles du récif de corail , nous découvrons des bancs de petits poissons argentés , des sortes de scalaires jaunes rayés de noir , de longs poissons bleus fluo, peu nombreux ceux-la , et quelques autres plus gros , plus plats et complétement noirs . Après une demi heure de barbotage , nous remontons à bord pour tirer la route jusqu'à l'île du Grand Père Kim où nous nous baignons devant une plage de sable immense où l'eau est cristalline . Encore une demi-heure de bonheur à se délasser dans une tiède à souhait puis il commence à être temps de rentrer car il y a une heure de navigation selon Sam . Pour finir notre pilote parvient  à tirer droit en rasant un cap entouré de récifs et faire une route plus courte .






            De retour à l'hôtel nous nous dessalons en nous offrant notre troisième bain de l'après midi  mais cette fois dans la piscine . Puis nous faisons nos adieux à Sam qui rentre  en bus sur Phnom Penh ce soir . Après une heure de repos à la chambre nous nous retrouvons pour pot de l'amitié offert par l'hôtel , puis nous décidons de manger sur place pour ne pas nous compliquer l'existence .

Commentaires

Articles les plus consultés