TRENTE NEUVIEME JOUR : LE 17 NOVEMBRE 2019





















      Dur , dur ce matin nous nous réveillons à 4h30 pour aller survoler  en montgolfière la vallée de la Nam Song coincée entre les pains de sucre du relief karstique de la région  , au lever du soleil . Tout un programme ! Mais quel sacrifice ! Par chance la nuit a été calme , heureusement car nous craignions le pire hier soir! Tout le long de la rivière des orchestres et des sonos diffusaient de la musique techno à fond les manettes pour satisfaire la jeunesse branchée venant se défoncer à Vang Vieng , haut lieux de la biture et du shoot , à tel point que les autorités ont du interdire la délivrance de boissons alcoolisées le long de la paisible rivière , suite à de nombreuses noyades !! C'est donc dans un silence monacal que nous nous préparons ce matin car les Argoud et les Coffinet ne font pas partis de cette sortie matinale . Nous retrouvons comme prévu Isabelle et Gérard au desk de l'hôtel un peu avant 5h30 où nous avons rendez vous avec notre pilote .





            Sun ,échaudé par le quiproquo d'hier entre kayak et barque à moteur , est venu spécialement assister à notre départ . Pour finir celui-ci est décalé d'une demi heure et ce sont nos propres chauffeurs qui nous conduisent au terrain d'aviation d'où nous devons décoller . Malheureusement rien n'est prêt . Le ballon gît au sol comme un malheureux . Par chance avec la nombreuse main d'oeuvre rassemblées pour la circonstance, en deux temps trois mouvements  le réchaud est mis en batterie et l'air chaud ne tarde pas à donner des rondeurs sympathiques à notre montgolfière . Une autre équipe redresse le grand panier d'osier à trois compartiments : le central pour le pilote et ses bouteilles de gaz et les latéraux pouvant contenir chacun six passagers . Le sort veut que nous partagions la nacelle avec des Coréens qui se révèlent beaucoup plus sages que des Chinois . Il est temps maintenant de grimper à bord en utilisant les marches pieds ménagés dans l'osier de la nacelle pour se hisser par dessus . A peine sommes nous à bord que nous sentons le sol se dérober sous nos pieds . On a juste le temps de se faire tirer le portrait par un employé de la société de vol .



            A grand coups de réchaud , notre pilote prend de l'altitude et nous commençons le survol des premiers bâtiments , juste pour se rendre compte que nous avons bien quitté le plancher des vaches . On découvre les nombreuses piscines d'hôtel et aussi les longues rues désertes à cette heure , qui traversent le village de part en part . Le soleil commence à rosir le contour des montagnes voisines qui se détachent sur le ciel, comme les dents d'une grande mâchoire . Nous prenons la direction de la rivière , la Nam Song , dont nous voyons maintenant les douces ondulations qui lui permettent de s'insinuer parmi les reliefs karstiques alignés le long de la vallée . De petits nuages de brume , en séfilochant , donne juste un léger soupçon d'irréel , de mystère, qui colle très bien avec le silence du matin . Encore quelques coup de réchaud et nous voilà à 800 mètres d'altitude d'après l'altimètre du bord . La chaine prend maintenant des tons oranges depuis que le soleil a réussi à passer au dessus de la crête . Les appareils photo sont mis à rude épreuve . En bas on peut admirer le magnifique damier des rizières s'étalant de part et d'autre de la Nam Song . C'est majestueux . Nous survolons notre hôtel avec son armada de pirogues à moteur ranger cote à cote comme des sardines le long de la plage . En descendant le courant de la rivière jusqu'à la verticale de la grotte d'hier , le pilote nous permet d'avoir une vue complète de la chaine des pains de sucre de plus en plus éclairés . Puis nous amorçons la descente sans nous en rendre compte , sauf peut être lorsque nous commençons à approcher du toit des immeubles les plus hauts . A l'approche du terrain d'atterrissage  , le dessous de la nacelle frotte la cime des arbres . Une équipe au sol nous attend déjà pour amarrer la montgolfière  dès que le panier touche le sol . Il ne reste plus qu'à s'extirper de là en escaladant la parois d'osier et à attendre nos chauffeur . Un jolie vol d'à peine une demi heure et aussi un baptême pour Dominique ,Isabelle et Gérard .





            Nous quittons l'hôtel vers 8h00 pour nous rendre à Phonsavan , dans la Plaine des Jarres , situé à 250 km , mais comme il s'agit de routes de montagnes , il faut compter six bonnes heures . Dès  la sortie de la ville nous nous arrêtons dans un cimetière bouddhiste où nous voyons des alignement de pagodons avec en toile de fond des alignements de pains de sucre couvert de forêt tropicale . Sun nous montre la fosse construite pour la crémation des défunts .Ce sont des moines qui amène le corps depuis la maison jusqu'ici en tirant sur un fil symbolique attaché à l'avant du corbillard . Quelques kilomètres plus loin nous franchissons la Nam Song en empruntant un grand pont d'où nous nous offrons une séance photos sur les montagnes karstiques  .Sous nos pieds , la rivière grouillent de grosses carpes . Puis Sun nous invite à traverser le pont à pieds pour nous rendre dans un temple bouddhique où nous voyons un moine donner des cours en plein air à deux novices d'une dizaine d'années .
            Nous arrêtons de nouveau dans le village suivant, pour assister à la pendaison de crémaillère d'un petit restaurant familial : nous sommes chez les "Lao" et pour la circonstance le chaman  est venu  chasser les mauvais esprits .Ils veulent nous inviter à boire l'alcool de riz et même rester pour partager les festivités avec eux . Nous n'avons malheureusement pas le temps . En traversant le village à pieds ,Sun nous montre des plantes médicinales , des champignons séchés , du baume du tigre fait avec de la graisse d'antilope et de l'alcool de riz parfumé avec des frelons . Sun nous montre du poivre sauvage dont les grappes de grains verts sont plus trapues . C'est amusant de voir que l'étale de la boutique donne directement la pièce unique de la maison où des enfants dorment encore dans le grand lit matrimonial en planches . Encore  quelques kilomètres et nous arrêtons pour assister au battage mécanique du riz . La machine, qui coûte très chère , est louée par son propriétaire : il est alors dédommagé en sacs de riz .. Toute la descente du petit col que nous franchissons offrent de magnifiques vues sur le fond de la vallée tapissée d'un damier de rizières que  domine par les montagnes en pain de sucre . Par endroit des arachides sèchent étalées sur des tissus le long de la route .





            Après avoir fait le plein de gasoil nous attaquons sérieusement la montagne en enchainant virage sur virage . Avec des pentes abruptes comme ce n'est pas permis , les autochtones construisent leur maison de bois sur pilotis juste sur le bas coté de la route  , profitant du terrassement effectué par les Ponts et Chaussées. En face, on voit des traces de défrichage récent : ici on pratique la culture du riz sur brûlis . Comme il n'y a pas d'eau , sauf la pluie , les paysans ne font qu'une seule récolte par an et il s'agit de riz gluant, donc de moins bonne qualité . Sun nous montre aussi qu'ils récoltent du millet , gros grains noirs poussant sur  une tige dont les feuilles ressemblent au roseau . En décortiquant la gaine noire on obtient une graine qui ressemble au blé . On en fait de la farine pour les gâteaux .
















            Vers 11h30 nous arrêtons en haut d'un col pour admirer le paysage qui est presque à 360 degrés et aussi pour manger sous un préau face au panorama : c'est l'occasion pour nous de comparer les différents types de curry : le vert , le plus relevé , le rouge et le jaune plus doux . En fait le vert est riche en courgettes et haricots verts , le rouge en carottes et le jaune en oignons et patates douces . Nous nous en sortons avec 100 000 kips , soit une dizaine d'euros boissons comprises . Dès que nous sortons de table ,nous reprenons notre route de montagne qui serpente comme jamais , offrant des a-pics vertigineux , à donner froid dans le dos . Nous traversons des villages où nous circulons entre deux lignes de maisons en planches , laissant juste le passage pour deux véhicules , à condition de ralentir pour se croiser ! Ici c'est le Laos profond , les enfants vont pieds nus , voir au trois quart nus pour les plus petits . Avec leur hottes chargés d'ananas sur le dos , les autochtones ressemblent aux indiens du Guatémala .

















            Après avoir  laissé  en haut d'un col la route de Luang Prabang sur la gauche , nous prenons à droite vers Phonsavan .Notre route  en corniche nous offre de magnifiques  panoramas dès que la végétation daigne s'écarter un peu ou lors des virages qui  ne manquent pas . La culture sur brûlis , très répandue  dans le secteur habile les pans de montagne d'un joli patchwork  , du moins jusqu'à mi-pente . Sun nous propose une balade à pieds afin de découvrir un village Hmong , originaire de Chine .De part et  d'autre d'un chemin de terre qui sert de rue , ils ont construits des maisons en planches avec des toits en feuilles de bambou séchées progressivement remplacés par de vulgaires tôles métalliques  . Sun est venu avec des vêtements de ses enfants qu'il distribue de famille en famille , ce qui fait que nous pouvons rentrer dans les maisons et aussi de discuter par son intermédiaire avec leur propriétaire .Ils  nous montre également une collection de munitions trouvées par les paysans du village en travaillant la terre .Il nous montre aussi l'école mais il parait que l'institutrice vient de l'extérieur quelques jours par semaine .
























             Nous terminons la route de Phonsavan  avec la lumière du soleil couchant qui fait blondir les rizières en terrasse que nous avons du mal à photographier en roulant . Malheureusement il est déjà tard , il n'est donc plus question de faire des arrêts photos !! Nous nous contentons de contempler les superbes villages Hmong qui s'égrainent le long de la route . Malgré un final sur les chapeaux de roue nous arrivons à l'hôtel  Vansana vers 17h30 où nous nous octroyons une petite heure de repos .

             Nous partons ensuite pour le centre ville afin de voir le MAG , un petit musée consacré aux bombardements américains . Ils pilonnèrent la région à raison d'un bombardement tous les 7 minutes pendant 9 ans , déversant 2 millions de tonnes de bombes , soit 1 tonne par habitant .Le musée montre par une vidéo le calvaire des victimes d'après guerre , blessés par les engins non explosés , encore actuellement . Pour l'année 2019 on a retrouvé 20150 bombes encore actives .Nous rentrons ensuite pour manger au resto de l'hôtel , la journée ayant été longue et fatigante et nous ne regrettons  pas car ce soir nous mangeons devant la cheminée ! Et nous en avons une  aussi dans le salon de la chambre !











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