TRENTE NEUVIEME JOUR : LE 17 NOVEMBRE 2019
Sun ,échaudé par le quiproquo d'hier entre kayak et barque à moteur , est venu spécialement assister à notre départ . Pour finir celui-ci est décalé d'une demi heure et ce sont nos propres chauffeurs qui nous conduisent au terrain d'aviation d'où nous devons décoller . Malheureusement rien n'est prêt . Le ballon gît au sol comme un malheureux . Par chance avec la nombreuse main d'oeuvre rassemblées pour la circonstance, en deux temps trois mouvements le réchaud est mis en batterie et l'air chaud ne tarde pas à donner des rondeurs sympathiques à notre montgolfière . Une autre équipe redresse le grand panier d'osier à trois compartiments : le central pour le pilote et ses bouteilles de gaz et les latéraux pouvant contenir chacun six passagers . Le sort veut que nous partagions la nacelle avec des Coréens qui se révèlent beaucoup plus sages que des Chinois . Il est temps maintenant de grimper à bord en utilisant les marches pieds ménagés dans l'osier de la nacelle pour se hisser par dessus . A peine sommes nous à bord que nous sentons le sol se dérober sous nos pieds . On a juste le temps de se faire tirer le portrait par un employé de la société de vol .
Nous quittons l'hôtel vers 8h00 pour nous rendre à Phonsavan , dans la Plaine des Jarres , situé à 250 km , mais comme il s'agit de routes de montagnes , il faut compter six bonnes heures . Dès la sortie de la ville nous nous arrêtons dans un cimetière bouddhiste où nous voyons des alignement de pagodons avec en toile de fond des alignements de pains de sucre couvert de forêt tropicale . Sun nous montre la fosse construite pour la crémation des défunts .Ce sont des moines qui amène le corps depuis la maison jusqu'ici en tirant sur un fil symbolique attaché à l'avant du corbillard . Quelques kilomètres plus loin nous franchissons la Nam Song en empruntant un grand pont d'où nous nous offrons une séance photos sur les montagnes karstiques .Sous nos pieds , la rivière grouillent de grosses carpes . Puis Sun nous invite à traverser le pont à pieds pour nous rendre dans un temple bouddhique où nous voyons un moine donner des cours en plein air à deux novices d'une dizaine d'années .
Nous arrêtons de nouveau dans le village suivant, pour assister à la pendaison de crémaillère d'un petit restaurant familial : nous sommes chez les "Lao" et pour la circonstance le chaman est venu chasser les mauvais esprits .Ils veulent nous inviter à boire l'alcool de riz et même rester pour partager les festivités avec eux . Nous n'avons malheureusement pas le temps . En traversant le village à pieds ,Sun nous montre des plantes médicinales , des champignons séchés , du baume du tigre fait avec de la graisse d'antilope et de l'alcool de riz parfumé avec des frelons . Sun nous montre du poivre sauvage dont les grappes de grains verts sont plus trapues . C'est amusant de voir que l'étale de la boutique donne directement la pièce unique de la maison où des enfants dorment encore dans le grand lit matrimonial en planches . Encore quelques kilomètres et nous arrêtons pour assister au battage mécanique du riz . La machine, qui coûte très chère , est louée par son propriétaire : il est alors dédommagé en sacs de riz .. Toute la descente du petit col que nous franchissons offrent de magnifiques vues sur le fond de la vallée tapissée d'un damier de rizières que domine par les montagnes en pain de sucre . Par endroit des arachides sèchent étalées sur des tissus le long de la route .
Après avoir fait le plein de gasoil nous attaquons sérieusement la montagne en enchainant virage sur virage . Avec des pentes abruptes comme ce n'est pas permis , les autochtones construisent leur maison de bois sur pilotis juste sur le bas coté de la route , profitant du terrassement effectué par les Ponts et Chaussées. En face, on voit des traces de défrichage récent : ici on pratique la culture du riz sur brûlis . Comme il n'y a pas d'eau , sauf la pluie , les paysans ne font qu'une seule récolte par an et il s'agit de riz gluant, donc de moins bonne qualité . Sun nous montre aussi qu'ils récoltent du millet , gros grains noirs poussant sur une tige dont les feuilles ressemblent au roseau . En décortiquant la gaine noire on obtient une graine qui ressemble au blé . On en fait de la farine pour les gâteaux .
Après avoir laissé en haut d'un col la route de Luang Prabang sur la gauche , nous prenons à droite vers Phonsavan .Notre route en corniche nous offre de magnifiques panoramas dès que la végétation daigne s'écarter un peu ou lors des virages qui ne manquent pas . La culture sur brûlis , très répandue dans le secteur habile les pans de montagne d'un joli patchwork , du moins jusqu'à mi-pente . Sun nous propose une balade à pieds afin de découvrir un village Hmong , originaire de Chine .De part et d'autre d'un chemin de terre qui sert de rue , ils ont construits des maisons en planches avec des toits en feuilles de bambou séchées progressivement remplacés par de vulgaires tôles métalliques . Sun est venu avec des vêtements de ses enfants qu'il distribue de famille en famille , ce qui fait que nous pouvons rentrer dans les maisons et aussi de discuter par son intermédiaire avec leur propriétaire .Ils nous montre également une collection de munitions trouvées par les paysans du village en travaillant la terre .Il nous montre aussi l'école mais il parait que l'institutrice vient de l'extérieur quelques jours par semaine .
Nous terminons la route de Phonsavan avec la lumière du soleil couchant qui fait blondir les rizières en terrasse que nous avons du mal à photographier en roulant . Malheureusement il est déjà tard , il n'est donc plus question de faire des arrêts photos !! Nous nous contentons de contempler les superbes villages Hmong qui s'égrainent le long de la route . Malgré un final sur les chapeaux de roue nous arrivons à l'hôtel Vansana vers 17h30 où nous nous octroyons une petite heure de repos .
Nous partons ensuite pour le centre ville afin de voir le MAG , un petit musée consacré aux bombardements américains . Ils pilonnèrent la région à raison d'un bombardement tous les 7 minutes pendant 9 ans , déversant 2 millions de tonnes de bombes , soit 1 tonne par habitant .Le musée montre par une vidéo le calvaire des victimes d'après guerre , blessés par les engins non explosés , encore actuellement . Pour l'année 2019 on a retrouvé 20150 bombes encore actives .Nous rentrons ensuite pour manger au resto de l'hôtel , la journée ayant été longue et fatigante et nous ne regrettons pas car ce soir nous mangeons devant la cheminée ! Et nous en avons une aussi dans le salon de la chambre !
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