QUARANTIEME JOUR : LE 18 NOVEMBRE 2019



       Aujourd'hui encore nous sommes obligés de nous réveiller tôt vers 5h30 car nous avons une très longue étape vers le nord , en direction de Luang Prabang , distante de plus de 250 km , soit environs 7 heures de route de montagne et en plus ce matin nous devons aller visiter la fameuse Plaine des Jarres avant de quitter Phonsavan .Donc c'est un peu dur avec le lever à 4h30 d'hier pour la montgolfière qui a quand même laissé des séquelles ! C'est bien la  première nuit où nous ne mettons pas de clim dans la chambre et ce matin pour aller au petit déjeuner j'aurais volontiers mis un petit pull si je l'avais eu à porter de main . Il faut dire qu'hier nous avons franchi des montagnes de plus de 1500 mètres d'altitude et qu'ici à Phonsavan nous sommes encore à 1100 mètres .




            Comme convenu avec Sun , nous parvenons à décoller vers 7h30 malgré l'inertie de groupe . Il faut faire 5 à 6 bornes avec nos véhicules ,vers l'Est de Phonsavan ,pour trouver l'entrée du site de "La Plaine des Jarres" . Là une  navette électrique nous rapproche du pied de la première colline .Il faut ensuite grimper au sommet par un petit sentier tracé dans l'herbe rase . Comme la zone est  truffée d'engins explosifs encore en état de nuire , il est recommandé de ne pas s'écarter des chemins balisés . Parvenus au sommet ,nous avons le souffle coupé par la vue d'ensemble du site .Des dizaines de jarres , pouvant atteindre 2,5 mètres de haut gisent là  droit devant nous ,soit se dressant fièrement debout , soit basculée d'un côté ou d'un autre, soit partiellement brisées . On dirait un champs de bataille , avec des blessés couchés sur le flanc , ou amputés d'un membre .Et dire que c'est presque la réalité car le massacre de ces superbes jarres , datant de moins 500  à plus 500 après JC , est le résultat des bombardements américains .C'est quand même dommage que la folie meurtrière d'une puissance impérialiste ait pu endommager à jamais un tel site archéologique faisant partie depuis peu du Patrimoine Mondiale  .En  y regardant de plus prés, nous constatons que les jarres les mieux finies sont dotées d'une encolure à leur partie supérieure . Elles ont été creusées dans des blocs de granit , de gré ou de molasse . D'après Madeleine Collani , l'archéologue française , morte en 1943 , qui consacra sa vie à ce site , il s'agirait d'urnes funéraires : le corps était d'abord placé dedans pour se dessécher , puis dans un second temps les os en étaient retirés pour être brulés dans un four installé au pied de la falaise que nous voyons en face . Nous voyons une jarre qui est encore coiffée de  son couvercle en pierre . Il parait qu'il y en a une autre qui est décorée de la représentation d'un homme gravé sur la paroi extérieure ,. mais personnellement nous ne l'avons pas vu . De notre monticule nous dominons un autre site encore plus fourni  en jarres , entouré d'immenses cratères laissés par l'explosion des bombes . Nous descendons un autre petit sentier pour aller voir la caverne servant de four à crémation puis nous remontons sur le second site . Il parait qu'il y a 334 jarres sur le périmètre que nous avons parcourus . Après une séance photo incontournable avec des militaires asiatiques , nous décidons de rejoindre le parking à pieds pour éviter d'attendre la navette qui nous avait amené tout à l'heure , ce qui n'est pas du tout du goût de Sun : il faut dire qu'avec ses tennis deux tailles trop grande , il a du mal à marcher le pauvre ! Nous terminons la visite par celle du petit musée où notre guide nous fait une démonstration de khen , le fameux instrument de musique traditionnelle qui ressemble à une flûte de pan mais où on souffle par le milieu des tubes de bambou .




          Une fois que nous avons atteint Phonsavan , nous prenons la route de Luang Prabang dont nous connaissons déjà le premier tronçon . Nous commençons par traverser une zone riche en rizières où nous faisons des arrêts photos successifs mais celle-ci , bien que disposées  en terrasses étagées ,manquent de dénivelé et de couleur verte pour réaliser de beaux clichés . Dès que nous reprenons de l'altitude, la route se met à enfiler des virages à un rythme déconcertant . Ce n'est pas drôle pour taper sur l'ordinateur avec un clavier qui court de droite à gauche et un curseur qui saute sans prévenir  dans le texte . Comme hier nous nous remettons à traverser des chapelets de villages Hmong aux maisons de planches et aux toits de chaumes,  débordant de part et d'autre de la chaussée . Entre les village nous traversons des zones de forêts tropicales très sauvages alternant avec des pans de montagne couverts de plantations d'ananas . Comme au plateau de Boloven , ici aussi la route est souvent bordée de superbes  massifs de marguerites géantes . D'après Sun il s'agirait de tournesols sauvages mais nous n'avons pas vraiment confiance en ses connaissances   en botanique .




            Vers 12h30 , comme nous ne sommes pas en avance , Sun décide de trouver une taule à l'espèce de col où les routes de  Vang Vieng et Luang Prabang coupent celle de Phonsavan .Bien qu'il s'agisse d'un "bouiboui" pour reprendre l'expression de Ka ,nous mangeons du riz frit avec des légumes et du poulet tout a fait correct , culinairement parlant , et cela pour 50 000 kips soit 5 euros pour deux , boissons comprises  .Commer la tourista sévit dans notre groupe , Annie se contente d'un Pho sans viande et Gérard d'un riz blanc et d'un verre d'eau . Il doit déjà être bien entamé pour shunter la mousse traditionnelle !



        Après le repas nous attaquons le tronçon de la route de Luang Prabang que nous ne connaissons pas encore mais qui se révèle rapidement très montagneux avec énormément de virages serrés , des épingles à cheveux et de joli à-pics à donner froid dans le dos .Nous traversons encore beaucoup de villages Hmong aux belles maisons de bois et aux femmes portant d"étroites jupes longues et brodées .Partout on voit des tapis couverts de petits piments rouges, séchant au soleil sur les bas cotés .Sur certaines portions les ornières deviennent nombreuses et profondes au point que nous décollons du siège régulièrement , sur d'autres tronçons c'est carrément le macadam qui fait place aux cailloux et à la poussière . Pas étonnant que pendant longtemps on a privilégié le  transport fluvial à la route comme voie d'accès à Luang Prabang..D'après Sun c'est cette difficulté d'accès qui l'a préservé de la contamination par le monde moderne et qu'il lui a permis de garder son authenticité .
         Il est 17h30 lorsque nous prenons possession de nos chambres à l'hôtel Santi Resort Spa, après plus de 8 heures de route de montagne, dont la moitié en mauvaise état . Nous avons l'impression d'avoir été passés au shaker ,lorsque nous descendons enfin des voitures !! Aussi la superbe piscine de l'établissement est la bienvenue après cette journée marathon . Une heure de repos  bien mérité et nous nous retrouvons au resto de l'hôtel car nous sommes trop excentrés pour  aller manger à l'extérieur .










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