QUARANTE HUITIEME JOUR ; LE 26 NOVEMBRE 2019
Aujourd'hui nous devons nous rendre à Sapa , distante de 200 bornes , soit six heures de route de montagne difficile ,avec passage du plus haut col du Vietnam à 1900 mètres d'altitude . Aussi Tchin-tchin nous a donné rendez vous à 8h00 pour pouvoir partir relativement tôt d'autant que nous devons visiter des villages d'ethnies différentes sur notre parcours . Ici à l'hôtel Lan Anh 2 , il n'y a pas de buffet , nous sommes à la merci au bon vouloir de la taulière , et elle en a ! Dans cet hôtel où nous sommes les seuls clients et certainement depuis bien longtemps , elle est obligé d'envoyer quelqu'un au marché pour chercher du pain et des yaourts . Elle rassemble à l'arrache un restant de confiture et de beurre ,elle nous bricole vite fait une omelette et nous presse les dernières oranges qui traînent en cuisine . Résultat, en moins d'une heure ,nous avons pris notre petit déjeuner ! Une étape à réserver aux gens qui aiment être à l'écart des hordes de touristes et qui ne sont pas des maniaques du confort .
A peine avons nous quitté l'hôtel ,que nous nous ménageons un arrêt photo sur le grand pont qui enjambe la Nam Laï et le bout du lac .Encore un ou deux kilomètres et là nous enjambons le Fleuve Noir cette fois ,pour prendre la direction de Sapa vers le nord est . La route accrochée à la paroi verticale de la montagne ,offre une succession de superbes panoramas sur les gorges de la Nam Na .Comme chaque matin, des lambeaux de brouillasse restent accrochés sur les sommets ou flottent simplement à mi pente , comme tout à l'heure le long du lac .On profite de certains virages qui dominent les gorges, pour admirer les effets de la lumière métallique du matin sur la surface de l'eau. Les endroits les plus larges se transforment en miroirs et offrent de jolis reflets des sommets voisins .Nous faisons quelques arrêts photos pour tenter de tirer le portrait des rizières en terrasse même si elles sont à l'état de labour . C'est vraiment frustrant , pour les photographes amateurs que nous sommes, de savoir que nous n'en verrons pas de vertes au cours de notre périple ! Des plantations de bananiers descendent les pentes raides de la vallée jusqu'au niveau de la rivière .La région est relativement déserte car nous traversons très peu de villages au cours de la première partie de la matinée . Nous voyons malgré tout au passage au moins deux barrages hydro-électriques installés sur la Nam Na . Depuis un moment les bananiers ont envahis notre champ visuel ; ils sont partout , du sommet des montagnes jusqu'au ras de l'eau , une vrai mer de bananiers qui s'offre à nous .
Nous quittons maintenant les rives escarpées de la Nam Na pour grimper dans la montagne . Tchin-tchin en profite pour nous faire visiter un village Khao , une des plus importantes ethnies du Vietnam avec 800 000 membres . Par contre le village que nous visitons ici correspond à un sous groupe très rare , appelé les Khao Sapèque , à cause des motifs de broderie en forme de pièce de monnaie , que les femmes portent sur leur pantalon de laine . Le sapèque était l'ancienne monnaie, faite de pièces rondes percées en leur centre d'un trou carré que l'on enfilait sur une tige carrée ; telle longueur correspondait à telle somme d'argent ,comme nos rouleaux de pièces de monnaie . Ici aussi les autochtones ont de belles maisons en planches mais sans pilotis car ils vivent en altitude dans des zones non inondables . Une des villageoises nous montre ses fins travaux de broderie sur tissus noirs , qui sont de toutes beautés mais très chers : un million de dongs pour un pantalon !! Sur le coup cela parait énorme , mais cela représente 40 euros pour un travail long et minutieux . Nous nous contentons de faire quelques clichés de l'artiste , discrètement parce qu'elle n'est pas d'accord . A la sortie du village , nous commençons à voir des plantations de thé .Tchin-tchin nous explique il y a des théiers sauvages, qui peuvent atteindre trente à quarante mètres de haut : pas la peine de vous expliquer que ce thé est hors de prix sur le marché, étant donné les difficultés rencontrées pour le cueillir . Nous débouchons sur un vaste plateau , entouré de rangées de pain de sucres, couverts de forêt tropicale . Nous nous y arrêtons pour photographier la mer de théiers qui s'étale devant nous , n'hésitant pas à partir à l'assaut du pied des monts voisins .
Nous arrêtons un peu plus loin dans un village Lu , une des ethnies les moins nombreuses . Les femmes portent un foulard aux couleurs vives plié sur la tête avec les deux pointes qui retombent de chaque côté . Elles ont les oreilles décorées de pompons de couleurs identiques à celles de leurs coiffes . En bas elles ont de longues jupes droites , en tissu noir brodé et sur le buste ,une veste cintrée ,maintenue par une ceinture brodée également . On va voir un peu plus loin leur métier à tisser fabriqué avec de simples bouts de bois et de tiges de bambou .Nous assistons à la teinture du tissus avec une décoction de charbon de bois , puis d'indigo pour faire des foulards bleus . Pour finir Dominique craque sur un tissage de 800 000 dongs , soit 32 dollars que Tchin-tchin est obligé de nous avancer . Nous visitons ensuite le reste du village, doté de jolies maisons en bois sur pilotis, sous lesquelles sèche la récente récolte de maïs, pendue aux poutres du plancher .En passant dans les ruelles du village nous croisons un buffle et aussi des cochons noirs dans leur enclos .
L'arrêt suivant nous permet d'assister à la fabrication de vermicelles de cannas . Oui , oui , vous avez bien compris , les jolis cannas que nous voyons dans nos pare-terres qui fleurissent orange ou rouge . Ici on utilise la racine avec laquelle on fait une pâte , que l'on passe ensuite à la machine pour en faire de longs fils . Ceux-ci sèchent ensuite au soleil sur des clayettes de bambous , avant d'être vendus assez cher en tresses . Après avoir assisté à tous les stades de fabrication , nous allons dans un resto voisin pour les goûter , servies avec un émincé de boeuf bouilli , agrémenté de sauce soja salée .Nous nous en sortons avec 180 000 dongs soit 8 dollars par couple, boissons comprises . Dès que nous sortons de table, nous attaquons l'ascension du col et aussitôt les virages se succèdent à un rythme infernal . Au détour de l'un d'eux nous voyons un naja ou un cobra au milieu de la route entrain de se battre avec un chien . Bien que le serpent soit dressé prés à attaquer , le chien ne démord pas et continue à tourner autour du reptile . Dès que nous reprenons l'ascension c'est pour constater que beaucoup de nuages cachent les monts voisins .Parvenus au sommet du Tram Tom à 1900 mètres , nous nous dépêchons d'enfiler un pull pour aller boire un café . Encore une commande bien difficile à obtenir car nous voulons des doubles expressos mais lorsqu'ils arrivent sur la table , une seule tasse est correctement remplie , les autres sont aux trois quarts vides ! Il faut pas moins de trois garçons pour reprendre la première tournée puis ramener la seconde et je ne parle pas des deux barmans mis à contribution dans l'affaire , soit cinq membres du personnel pour cinq cafés !!
En descendant le col nous nous arrêtons au pied d'une grande chute d'eau , la chute d'Argent .Un escalier permet de monter jusqu'en son milieu pour mieux la prendre en photo . Des bassins ont été construits au pied de la chute pour pratiquer l'élevage de saumons et d'esturgeons parce que l'eau y est froide . Nous finissons de descendre le col pour arriver à Sapa où des travaux nous empêchent d'approcher de l'hôtel Bamboo en voiture . Il faut finir à pieds en tirant les valises ; heureusement que la rue descend assez fort , il n'y a qu'à essayer de les freiner ! Bien qu'il fasse frais nous allons essayer la piscine à débordement tant elle est belle , face à un super panorama de montagnes . Par chance ,celle-ci est chauffée , résultat nous y restons un bon moment au point que ça décide Michèle et Jean Marie à nous rejoindre . Nous nous octroyons ensuite un peu de repos avant de ressortir pour aller manger en ville .
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