QUARANTE ET UNIEME JOUR : LE 19 NOVEMBRE 2019
Pour la troisième journée consécutive , nous sommes obligés de nous réveiller très tôt , vers 4h30 , et c'est de plus en plus dur car ce matin je n'ai même pas entendu ma montre sonner !! Par chance Dominique a palié à cette défaillance de ma part .En effet , nous devons assister à une cérémonie bouddhiste , la distribution du riz collant aux moines qui viennent faire l’aumône au lever du soleil ; ce rituel local s'appelle "Tak Bat". C'est sur que notre" Sun le bonze" est à son article ici et que pour rien au monde , nous aurions pu échapper à cette cérémonie, avec lui au commande !! Heureusement que nous sommes bien aidés dans cette démarche par un café salvateur pris à la chambre et aussi une bonne douche bien fraîche !
Rassasiés de photo de bonzes , nous suivons Sun qui s'enfonce dans une étroite ruelle sur notre gauche où un petit marché de fruits et de légumes bat déjà son plein . C'est amusant de voir les commerçantes s'appliquer à ranger leurs étales à la lueur d'une lampe frontale ou celle de leur smartphone . Etalées sur des toiles posées directement sur le sol , les denrées sont joliment alignées ou disposées en bottes ou en pyramides : il y en a pour tous les goûts . On y vend de tout : des grenouilles attachées par une patte et vendues par bouquet , des écureuils ouverts en deux et passés à la broches , des tiges de rotin que l'on épluche pour mettre dans le Pho , des fleurs de bananiers pour la soupe , des pousses de bambous , des fleurs d'hibiscus ,des larves de frelons décortiquées de leur nid de cire devant nos yeux et qui se vendent très chères . Il y a aussi les fruits exotiques qui commencent à être familiés pour nous tel que les pommes cannelles , le fruit du jaquier , les fruits du dragon , les caramboles , les jamboos , ... Un peu plus loin Sun nous fait goûter de petits gâteaux de riz au lait de coco, cuits sur une tôle alvéolée, au dessus de la braise . Ils sont servis par dix dans un petit cornet fait avec une feuille de bananier harmonieusement pliée . Dorés à cause du sucre qui se caramélise , ces petites friandises se révèlent excellentes à grignoter en marchant .Nous tentons de sortir de ce labyrinthe pour avancer jusqu'aux rives du Mékong dans une cohue indescriptible, puis nous rentrons ensuite à l'hôtel pour prendre le petit déjeuner
Nous repartons pour la suite de la visite de Luang Prabang , l'ancienne capitale du Royaume des Milles Eléphants , peuplée de 70 000 habitants , par celle du temple Vat Mai . Dotée de cinq toits superposés , elle a beaucoup d'allure cette pagode . Elle date du XVIII ème siècle . Le porche est décoré de bas-reliefs, faits en mortier de ciment doré , représentant les différents épisodes de la vie de Bouddha .Les portes en bois sculpté ; dorées à la feuille d'or ,sont de toutes beautés ; on peut y voir la représentation d'Apsara , les fameuses déesses danseuses . Il faut se déchausser pour entrer voir les piliers peints au pochoir , couverts de motifs géométriques , de même que les éléments principaux de la charpente . Sur l'autel central ,on peut voir la photo et le buste du bonze Mun Thun qui habita le temple et qui fut l'un de ses principaux bienfaiteurs.Il dut s'exiler par la suite en Thaïlande , suite à des représailles d'ordre politique . Derrière on peut admirer une énorme statue de Bouddha en position de méditation , également doré à la feuille d'or .
Après avoir traversé le Mékong , nous reprenons les 4x4 pour aller voir les chutes de Kuang Si , distantes de 35 km ,malheureusement très prisées par les autochtones et par beaucoup de jeunes touristes blancs . Dans une nature particulièrement luxuriante nous montons un petit sentier qui offre de magnifiques points de vue sur une rivière qui cascade entre des bouquets d'arbres , formant par endroit de petits bassins aux eaux couleur aigue-marine .Le cadre est particulièrement enchanteur avec cette alternance de bleu turquoise qui tranche avec le blanc de l'écume et les différentes nuances de vert de la végétation . Et je ne parle pas des effets de lumière que procurent les rayons du soleil filtrant à travers les feuillages .Parvenus au milieu de l'ascension du sentier , nous admirons une succession de bassins naturels ,disposés en terrasses étagées , cascadant les uns dans les autres et offrant tout une palette de nuances de bleu vert .C'est à couper le souffle , aussi les appareils photos sont mis à rude épreuve .Partout de jeunes touristes profitent de la fraîcheur de l'eau dans ce cadre de nature idyllique, en s'y baignant .On se croirait revenu dans le jardin d'Eden ,lorsque l'on voit certaines nymphes aux longs cheveux blonds ondulant sur le dos , goûtant les rayons du soleil , assises sur un rocher . Nous grimpons jusqu'au terminus du chemin pour voir le clou du spectacle , la grande chute de 83 mètres de haut qui tombe en cascadant sur les rochers les plus saillants, avant d'auréoler d'écume le grand bassin de réception bleu des mers du sud . Sur le parcours de la balade nous découvrons au passage quelques spécimen d'ours noirs d'Asie , espèce protégée en voie de disparition . Il y en a un qui attire particulièrement notre attention , regardez la dernière photo de la journée , vous comprendrez mieux de quoi il s'agit !
Nous retournons au centre de Luang Prabang pour visiter un atelier de tissage de soie . C'est impressionnant de voir le contraste entre la qualité du tissage de fibres aussi fines et le côté rustique , voir rudimentaire des métiers à tisser fait de bouts de planche et de morceaux de bambous .Il faut trois jours à une ouvrière pour faire une écharpe en soie , vendue 20 dollars US .Puis nous allons voir la stupa Phou Si construite en haut de la colline éponyme , haute de 221 mètres . Il faut grimper 329 marches pour pouvoir admirer le coucher de soleil sur la ville . L'ascension pèse un peu sur mes genoux fatigués par une journée de visite qui dure depuis 5h30 du matin mais je constate que je ne suis pas le seul à souffrir , tout le monde étant obligé de faire quelques pauses ; c'est l'occasion de pouvoir admirer le panorama sur la ville et sur le Mékong dans la chaude lumière de fin d'après midi . Tout le long de l'escalier , il y a des statues de Bouddha et de petits autels couverts d'offrandes et de bâtons d'encens qui se consument en fumant tout ce qu'ils peuvent . Arrivés au sommet , nous commençons par mitrailler le panorama à 360 degrés , puis nous nous frayons tant bien que mal un chemin à travers la cohue de touristes venues assister au coucher du soleil mais aussi d'autochtones venues prier et faire des offrandes . Nous sommes obligés d'attendre debout en pleine chaleur, un pied sur chaque marche pendant une bonne quarantaine de minutes avant que phébus daigne se coucher . Lorsque le soleil commence à incendier le Mékong , on entend plus que le bruit des déclencheurs qui crépitent , tout le monde a l'oeil rivé sur le viseur et malheur à celui qui bouge la tête ou qui tente de mettre les bras en l'air pour tirer un cliché . Dès que le disque incandescent disparaît derrière la montagne , c'est le rush qui commence en direction de l'escalier de sortie . Pendant ce temps quelques photographes plus assidus continuent à s'acharner sur le lambeau de nuage qui rougit par dessus le sommet de la montagne .
Une fois en bas nous attaquons la visite du marché de nuit qui occupe une bonne partie de la rue principale .Il faut se faufiler sous des toiles de tente, parfois un peu basses, pour regarder les étales où s'entassent des tonnes de souvenirs plus ou moins intéressants : cela va du tee-shirt en passant par la machette ou la pipe à opium , sans compter les innombrables boites à riz . Annie et Dominique trouvent enfin les sets de table qu'elles désiraient depuis plusieurs jours . Christian réussit à les avoir à 70 000 kips pour six au lieu de 120 000 ! Il est dur en affaire , l'Auvergnat !! Vers 18h45 nous retrouvons tout le monde pour aller manger au Coconut Garden, le resto où Sun nous a retenu une table , car ce soir nous sommes invités par Motaïba pour nous dédommager du quiproquo kayak-pirogue à moteur de Vang Vieng . On nous sert un pho de porc et légumes (bouillon) puis du poisson cuit dans une feuille de bananier , des nems , des nouilles frites aux légumes et bien sur du riz noir gluant et du riz blanc . Nous terminons par une assiette de fruits ; ananas , mangue , pastèque et fruit du dragon . Sun profite alors du café pour faire son briefing pour demain . Merci Motaïba pour cette délicate attention qui , de surcroît ,vient conclure une de nos meilleures journées de visite ,remarquablement orchestrée par Sun notre "bonze" préféré !
de gauche à droite : l'ursus plicatus , ursus jean-maricus (espèce en voie de disparition , grand amateur de poissons du Mékong) , ursus maritimus
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