QUARANTE CINQUIEME JOUR : LE 23 NOVEMBRE 2019
A 6h45 nous descendons vers la salle de restaurant, distante de 300 mètres, en longeant un petit torrent . Un réseau de passerelles en bois , slalomant parmi les autres bungalows et les bananiers permet de commencer la journée par une agréable balade , histoire de se mettre en appétit car il en faut pour profiter du magnifique buffet proposé devant la piscine . Un joli hôtel mais qui somme-toute ne se retrouve qu'à la dernière place de notre top 4 à cause de l’exiguïté des chambres , de l' intermittence de la wifi et de la médiocrité de la restauration , la première place étant attribué à l'hôtel de Champasak , la seconde à celui de Mui Ne , et la troisième à Pak-Beng .
Après moultes délibérations , nous décidons de faire la balade à pieds de 10 bornes proposée par Sun et de ce fait nous mettons les bouts tout de suite pour être à la réception à 8h30 . Nous y retrouvons le reste de la troupe sauf Michèle et Jean Marie qui préfèrent profiter de l'hôtel et ses équipements . Nous montons à bord d'un minibus accompagné de deux guides touristiques de la ville de Oudomxay ; leur présence est rendue obligatoire par l'office du tourisme laossien , afin de donner du travail à tout le monde , nous explique Sun . Après avoir fait les vingt bornes qui nous séparent d'Oudomxay , nous allons visiter une école réservée aux orphelins et aux enfants abandonnés par des familles trop pauvres pour s'en occuper .Tout ceci serait financé par le gouvernement vietnamien , celui du Laos n'en étant pas capable . Les enfants y cultivent la terre pour alimenter la cantine et en réduire ses frais .
Nous continuons ensuite notre route , puis un chemin de terre , jusqu'au pied de la chaine de montagne qui longe la vallée . Là , nous abandonnons le minibus et nous récupérons nos sacs à dos que nous chargeons de bouteilles d'eau . Nous commençons par grimper un chemin carrossable ,en terre battue, qui longent quelques fermes aquacoles ; elles sont toutes équipées de grands bassins grouillant de bancs de poissons chats et de carpes . Dès que nous laissons les dernières habitations derrière nous, le chemin part aussitôt à l'assaut de la montagne en décrivant quelques lacets . Parvenus à la troisième épingle à cheveux nous faisons une petite pause à l'ombre pendant que les guides se mettent à tailler des branches afin d' en faire des bâtons de marche qu'ils offrent à ceux qui ne sont pas encore équipés ; résultat je sors les miens du sac à dos et nous empruntons aussitôt un petit sentier à droite qui grimpe en pente raide à travers la jungle . Les guides locaux ,partis en tête de notre colonne, distribuent à droite et à gauche de vigoureux coups de machette pour nous frayer le passage . Nous nous glissons parmi des bouquets de bambous et de hautes herbes qui ressemblent à des roseaux : Sun nous explique que les autochtones s'en servent pour faire les toits des paillotes une fois séchés au soleil . Par moment nous voyons disparaitre carrément le groupe de tête , tant la végétation est dense . Au dessus de nous, de grands arbres forment une superbe voûte de verdure .Ce sont des hévéas dont nous voyons les noix ,non comestibles, qui tapissent le sol . Bien souvent la pente devient très raide car nous montons tout droit sur la montagne au lieu de décrire des lacets à flanc de coteau . Avec la chaleur ambiante , il faut absolument observés des pauses régulières pour éviter de faire trop monter les pulsations. Avec leur taille d'un mètre cinquante , tout au plus , nos guides passent partout sans être obligé de baisser la tête comme nous , pour se glisser sous les branches basses . Sun nous montre des massifs de cardamone . Un peu plus loin , le plus jeune des guides locaux nommé Kui nous cueille des goyaves sauvages au goût de poire de la Saint Jean , très rafraichissant .
Au bout d'une demi-heure d'effort ,nous parvenons à franchir une première crête , mais il ne faut pas se réjouir trop vite , ce n'est que pour mieux replonger de l'autre côté , toujours à travers une végétation luxuriante qui empêche de voir quoi que ce soit . D'ailleurs , nous ne tirons pas un seul cliché , hormis quelques photos de notre colonne , émergeant derrière des buissons ou sous une voûte de bananiers sauvages dont on ne peut pas manger les fruits. Par chance , nous arrêtons notre descente à mi-pente, pour traverser un passage à découvert d'où nous avons une vue sur deux flancs de montagne où les villageois ont pratiqué la culture sur brûlis : c'est curieux de voir la jungle s'arrêter brutalement pour laisser la place à un champs de maïs juste au dessus de nous avec une plantation de bananiers à sa limite supérieure . En face c'est un polygone jaune qui tâche la forêt , semblant dégouliner du sommet . Il s'agit d'une rizière de riz gluant, c'est à dire de mauvaise qualité , poussant uniquement grâce à l'eau de pluie contrairement à celles des vallées qui demandent à être inondées . Nous continuons notre sentier qui descend à nouveau assez fortement jusqu'au pied de la montagne d'en face ; comme ici avec la sécheresse l'argile forme des billes qui roulent sous les semelles , il faut s'aider de nos bâtons de marches et surtout marcher en crabe, avec les pieds en travers . Malgré tout par endroit ,nous sommes bien content d'accepter l'aide de nos guides pour franchir les passages les plus scabreux .
Parvenus au pied de l'autre montagne ,nous recommençons une grimpette particulièrement raide , droit sur la pente . C'est épuisant d'autant que la végétation très dense à cet endroit ne laisse filtrer aucun pet d'air . Il faut aussi faire attention de bien lever les pieds pour ne pas rester coincer dans des végétaux rampants qui nous feraient facilement trébucher .Juste derrière moi ,Christian , en franchissant une large pierre bien lisse et légèrement recouverte de sable , échappe de peu à une chute dans le ravin . "Oouuaah! Tu nous a fait peur, Christian !" Arrivés à mi pente , il faut traverser à découvert la fameuse rizière sur brulis que nous avions vue d'en face .Pas facile de ne pas glisser sur la paille ou sur le chaume restant après la moisson , d'autant que nous montons toujours directement en suivant la ligne de pente .Là les arrêts se multiplient malgré la morsure du soleil , particulièrement ardant à cet endroit .
Une fois sortis du chaume de la rizière, nous empruntons un plus large chemin sur notre gauche qui court relativement horizontalement jusqu'à mi-hauteur d'un autre mont ,plus haut celui-là , dont nous attaquons aussitôt l'ascension ,toujours à découvert . Par chance une petite brise relativement fraiche vient nous caresser le visage et commence même à sécher la sueur qui coule sur nos fronts . Cette dernière ascension, toujours directement sur la ligne de pente, nous entame sérieusement au niveau fatigue . Il faut dire que cela fait bientôt deux heures et demi que nous crapahutons dans des conditions très difficiles quand même ! Parvenus au sommet , nous nous mettons à suivre la ligne de crête ,tout en admirant le panorama sur Oudomxay . Vers midi les guides locaux décident d'arrêter dans un endroit un peu plus dégagé et surtout ombragé pour pique-niquer . Ils se mettent aussitôt à couper quelques petites branches feuillues pour que ces dames puissent s'assoir sans trop être incommodées par la poussière et les fourmis qui courent par terre . Nous mangeons des boites de riz frit au poulet et aux légumes préparées par l'hôtel et nous terminons par quelques petites bananes .
En rentrant l'hôtel ,nous avons quand même la force de nous arrêter en route pour faire quelques clichés de rizières en terrasse avant de prendre une bonne douche et de se reposer un peu car j"ai rendez vous à 16h00 pour un massage et les Coffinet à 17h00 . Isabelle et Gérard , de leur côté ,optent pour la piscine . Puis comme hier nous nous retrouvons vers 19h00 pour finir les deux bouteilles d'apéro avant notre passage de la frontière vietnamienne, prévu demain en milieu de journée .
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