VINGTIEME JOUR : LE 29 OCTOBRE 2019



  Quel bonheur ce matin , nous assistons au lever de soleil sur un  des bras du Mékong , depuis notre fenêtre de chambre ! Nous pouvons voir également l'un des immenses ponts suspendus qui l'enjambent . D'après Tchin-tchin la construction de beaucoup d'entre eux est relativement récente , ce qui a permis aux villes ainsi rattachées au reste du delta de se développer aussi bien économiquement que culturellement . Il parait qu'il fallait attendre pendant des heures et des heures après le ferry il y a  encore seulement quatre ou cinq ans .



            Nous nous retrouvons assez tôt ce matin , vers 7h45, pour aller visiter un marché flottant sur le Mékong . Après avoir salué l'Oncle Ho qui monte la garde sur le port , nous grimpons à bord d'une grande pirogue à moteur . Le trafic est déjà très intense sur le fleuve : nous croisons des jonques en bois qui ressemblent à des langoustines géantes avec leurs deux grandes antennes entre lesquelles est accroché un filet pour la pêche aux crevettes et aux petits poissons . Parmi ce va et vient incessant , de petites pirogues à rame slaloment , souvent chargés de fruits ou de sacs de riz . Au milieu du Mékong c'est le domaine des grosses péniches en métal chargés jusqu'à la gueule , le plat-bord à ras des flots . Les rives sont peuplées d'un cordon ininterrompu de maisons en bois sur pilotis . Devant, se dandinent des embarcations rustiques de tous calibres , amarrés à d'énormes pieux plantés verticalement dans la vase : pour cela , on utilise des troncs de palmiers , réputés imputrescibles . A côté sont entreposées  de grosses billes de bois , qui trempent jusqu'au milieu de leur diamètre dans l'eau du bord  , certainement pour éviter l'éclatement sous le soleil déjà très ardent . A un moment notre moteur  se met  à faire des ratées : le pilote relève le moteur et enlèvent des jacinthes d'eau qui bloquent l'hélice . Il y en a beaucoup qui dérivent à la surface ,des eaux boueuses à souhait, du Mékong .




               Sur les rives ont voit également beaucoup de tas de bois , petits troncs dépourvus de leur écorce qui sèchent au soleil ; il s'agit de bois de mangrove , réputé imputrescible aussi , qui sert à fabriquer la partie immergée des maisons sur pilotis . Sur la gauche , nous sommes intrigués par de grands bâtiments dépourvus de fenêtre, simplement ouverts sur l'extérieur par de petits trous carrés  comme nos pigeonniers : ce sont des élevages d'hirondelles comme nous avions déjà vu du côté de Ba Tré . Sur la rive droite nous reconnaissons le haut building aux lignes géométriques , à la soviétique , que nous avions vu  tout illuminé , hier soir . Il appartient à la Vincom , un des plus gros "requins rouges" ,  c'est à dire les mafiosos appartenant à la nomenclatura communiste . Curieux contraste entre ce déballage de richesse et la population qui vit dans ces barcasses avec juste une natte de bambous tressés en guise de toit .















            Droit devant nous  ,le milieu du lit du Mékong , pourtant très large, est envahi de jonques accouplées par deux ou trois sur lesquelles s'amoncellent des pyramides de fruits et de légumes : des potirons , des choux , des pastèques , des ananas , des régimes de bananes , ...Notre pilote se faufile parmi ces grossistes en fruits et légumes pendant que de petites pirogues de détaillants viennent troquer la marchandise : on échange encore beaucoup de  végétaux pour du poisson pêché de l'autre côté de Can Tho , plus en aval sur le fleuve .De hautes perches de bambou dressées en l'air  ,permettent d'accrocher les fruits ou les légumes vendus à bord   des sampans ,en guise d'enseignes .  D'après Tchin-tchin le marché  grouillant que nous parcourons aujourd'hui ne représente plus que 10 pour cent de ce qu'il a pu être il y a seulement cinq ou six ans à cause de la concurrence du transport routier depuis la construction des ponts . Au mois de janvier , un peu avant les fêtes du Tet ,lors du dernier mois de l'année lunaire , le marché aux fruits et légumes se transforme en marché aux  fleurs . Nous accostons chez l'une  de ces marchandes  pour une dégustation d'ananas  qu'elle nous pèle en trois coups de couteaux habiles ; elle débarrasse même le fruit de ses yeux en faisant une série d'incisions en spirale, qui lui donne une fière allure .A médité pour la présentation des fruits pour Noël . Coupé en quatre , elle nous en sert chacun un morceau auquel on peut ajouter un peu de sel mélangé à de la poudre de piment , ça en relève le parfum .



            Nous quittons le marché après une sacrée moisson de photos très colorées et qui ont encore un relent d'authenticité , pour aller ensuite visiter une fabrique de nouilles de riz .On assiste à la cuisson de  galettes de broyat de grains de riz , sur un linge tendu au dessus d'une marmite d'eau bouillante .Une fois cuite , les galettes sèchent sur des clayettes de bambous tressées . Dès qu'elles sont translucides , elles sont passés à la machine pour être découpées en vermicelles . Il ne nous reste plus qu'à rentrer à l'hôtel pour prendre une bonne douche car cette balade , pourtant matinale , nous a déjà occasionné un sacré bain de sueur !





            Vers 10h00 nous reprenons les 4x4 pour nous diriger vers l'ouest cette fois , vers Chau  Doc, distante de seulement 150 bornes ,car demain nous quittons le Vietnam pour le Cambodge en utilisant la voie fluviale .Comme hier nous empruntons encore une série de ponts enjambant des  bras secondaires du Mékong . Par endroit l'absence d'asphalte fait ressembler la route à une piste ; nous sommes secoués comme des pruniers! Il faut profiter de la surélévation des ponts pour voir la plaine du delta couverte de plantations de palmiers et bananiers . Des parcelles inondées servent à la culture du liseron d'eau ou de choux :perchés sur des sampans et armés de perches pour faire avancer leurs embarcations , des paysans se déplacent d'un champs à l' autre comme chez nous dans l'hortillonnage d4Amiens ou de Saint Omer . Nous nous arrêtons dans une ferme d'élevage de crocodiles . Avant l'arrivée des Viets du nord , la région couverte de marigots , était infestée de crocodiles . Aujourd'hui on a creusé des canaux de drainage  et élevé des digues pour assécher la terre afin de cultiver . Il ne reste donc que très peu d'espace vierge propice au  développement  de ces reptiles. Tchin-tchin profite de cette visite pour nous annoncer qu'il y a une violente tempête qui arrive sur le Vietnam en provenance de Mer de Chine . Nos chauffeurs vont donc nous abandonner plus tôt que prévu pour avancer leur remonter sur Hanoï dès cette après midi .



            Nous profitons de la traversée d'un village pour aller au marché acheter de grands sacs à commissions pour mettre les souvenirs que nous laisserons dans les voitures , histoire de ne pas être encombrés avec eux pendant le périple au Cambodge et au Laos . Tchin-tchin nous trouve une taule sympa où nous goûtons deux sortes de poissons , des haricots verts ,du porc à l'aigre-doux , de petits concombres et des pousses de soja , du pho , encore un festin pour 100 000 dongs par personne bière comprise, soit 4 dollars avec le café !















          Nous reprenons la route de Chau Doc vers 13h30 dans une chaleur épouvantable  . Nous faisons un bref arrêt  chez des fabriquants de bâtons d'encens et aussi pouvoir de prés  un corbillard décoré de dragons et peint en jaune vif .Arrivés à Chau Doc nous  nous installons à l'hôtel Chau Pho et nous remplissons le sac acheté tout à l'heure avec les souvenirs déjà achetés depuis le début du voyage et quelques vêtements inutiles . Nous les confions aux chauffeurs pour les déposer chez Sébastien  et nous leur faisons nos adieux . Puis Tchin-tchin nous emmène en pirogue à moteur dans une île peuplée de Chams musulmans . Ce sont les descendants des Chams chassés par l'empereur Minh Mang en 1835 .  Après une demi heure de navigation sur le fleuve nous débarquons sur une île entourée de fermes aquacoles installées sur d'immenses radeaux . Pour atteindre la terre ferme  ,il faut emprunter une succession de passerelles faites de branches et de planches, plus ou moins vermoulues .Nous découvrons des femmes chams ,voilées mais pas sauvages du tout , jouant avec leurs enfants, devant leur maison sur pilotis en planches et à toits de tôles . Nous allons jusqu'à la mosquée . Des hommes jouent au volley ball avec un volant comme au badminton sur la place du village . En rentrant nous nous arrêtons dans une ferme flottante pour assister au repas des poissons élevés dans de grands filets pendus dans le fleuve sous la ferme . Ils sont nourris avec des boulettes ,faites d'un mélange d'enveloppe de grains de riz et de boyaux de poissons . Une fois de retour au quai , nous rentrons à l'hôtel à pieds . Dure , dure la vie sans voiture ni chauffeur !
              Après une heure de repos à l'hôtel  , bien méritée après une journée passée à crapahuter sous le cagnard par 40 degrés , Tchin-tchin vient nous chercher pour nous conduire chez une dame qui nous  a préparé un diner privatif chez elle . Nous sommes reçu par la maitresse de maison en personne qui nous convie à nous installer autour d'une table ronde magnifiquement dressée . Elle nous sert d'abord des nems  , qui sont en principe , plutôt une spécialité du nord , puis un pho d'une couleur mauve, très joli dans le bol  , préparé avec du taro , un genre de grosse patate douce , puis des pâtes de riz mélangées avec des crevettes et de fines tranches de canard , un plat de liseron d'eau à l'ail , des tranches d'un gros poisson avec une sauce très fine , puis un plateau de fruits avec de l'ananas et de la pastèque . Tous le monde se régale car le repas est divinement bien préparé . Un sacré diner de clôture pour nos vingt premiers jours au Vietnam ! Merci Tchin-tchin pour cette délicate attention !
















            Après vingt jours de Vietnam , l'heure est au bilan , même s'il est provisoire puisqu'il nous reste cinq jours pour découvrir le nord . Sans jeu de mot de ma  part je dirais que le Vietnam est une  grande"histoire d'eau" : les cultures , la pêche et même les moyens de transport sont basés sur l'eau que ce soit celle des rivières ou de la mer . Nous avons bien apprécier sa cuisine très parfumée et très variée avec une nette préférence pour celle du sud . Et je ne parle pas des fruits d'une infinie variété , c'est un délice ! La population  très souriante , très jeune et très gaie nous à séduite ,même si les conditions de conduite nous pousserez à mettre un bémol ! Les points forts de notre périple ont été évidemment la Baie d'Ha Long pour les sites géographiques et Hoï An pour les villes .Personnellement j'ai été déçu par la visite des  Hauts plaeaux bien que nous ayons découvert des paysages magnifiques mais le peu d'approche des ethnies reste une grosse déception . Par chance nous terminons cette première tranche par trois belles journées de découverte du delta du Mékong . D'un avis général la formule choisie avec un 4x4 avec chauffeur par couple et un guide nous semble idéale , surtout pour un petit groupe de huit . On garde la convivialité du  groupe tout en respectant une part d'intimité et de confort lors des déplacements . Le panard ! Qu'on se le dise ! Et puis nous avons eu la chance que Sébastien de chez Motaïba nous trouve de bons chauffeurs , de bons véhicules et surtout un incomparable guide en la personne de Thin-tchin avec qui les questions ont toujours une réponse , et dans un français incomparable .Très cultivé , il a su nous faire partager l'amour de son pays . Merci Tchin-tchin . Nous sommes impatient de te retrouver à Dien Bien Phu .


















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