VINGT DEUXIEME JOUR : LE 31 OCTOBRE 2019
Fatigués par la journée marathon d'hier, avec un lever à 5h00 , un long trajet en vedette et le visite de Phnompenh en prime ,nous dormons comme des souches jusque 6h00 ! En principe ce matin , nous avons rendez vous avec Sam vers 8h00 car nous attaquons notre première étape à travers le pays, en nous dirigeant vers Kep distante de 170 km ; elle est située au bord du golfe de Thaïlande , dans le sud du pays . Le premier contact d'hier , pourtant très bref avec le Cambodge, nous amène à faire quelques réflexions en vrac . Dès le débarcadère nous avons l'impression de ne plus être en "Asie" mais en" Inde ", de part le salut de notre guide , les mains jointes sous le menton et la flexion du buste en avant , l'absence d'yeux bridés , la peau couleur pain d'épice et mat , le krama , un foulard à carreaux bleu et blanc, noué autour du cou . Avec la circulation beaucoup plus fluide, on constate aussi que nous ne sommes plus dans un pays de 96 millions d'habitants comme le Vietnam ,avec des trottoirs encombrés au possible par des milliers de scooters en stationnement, collés les une aux autres ; ici il n'y a que 15 millions d'habitants , dont 2 millions à Phnompenh . La population est encore plus jeune qu'au Vietnam puisque ici la moyenne d'âge serait de 15 ans ! La cuisine aussi ,avec d'avantage de curry que de piment, rappelle plutôt l'empreinte indienne . Par contre les prix de la restauration sont beaucoup plus élevés : il faut compter 10 à 15 dollars US par repas que l'on peut payer en monnaie américaine . Ce n'était vraiment pas la peine de changer à la frontière d'autant que le taux était plus faible (3800 riels au lieu de 4000 dans la capitale) .En voyant le personnel de l'hôtel , très calme voir très lent , nous comprenons
tout de suite qu'il faudra ranger notre impatience d'Européen au fond de la poche avec un mouchoir dessus . Heureusement que leur large sourire omniprésent nous ramène aussitôt à la bonne humeur .
Etant donné que la plaine devient très céréalière , nous nous arrêtons au beau milieu des rizières . Comme au Vietnam , on fait une à trois récoltes par an suivant les régions : on sème le riz ou on le repique , c'est plus fatigant mais le rendement est meilleur car les épis sont plus gros . En nous enfonçant sur une digue de terre ,parmi des parcelles offrant différentes nuances de vert en fonction de leur degré de maturité , nous découvrons de grosses termitières aux pieds des arbres qui jalonnent notre chemin . De retour à la voiture nous constatons que nos pantalons sont couverts de graines d'herbes accrochées aux fibres du tissus . Il faut s'armer de patience pour arriver à s'en débarrasser . Un peu plus loin , au coeur d'un village , nous voyons un groupe de petits bonzes en herbes monter à bord d'une bétaillère tirée par un tracteur : c'est le ramassage scolaire , apparemment !! Il parait qu'à cause du génocide des khmers rouges , il manque furieusement d'enseignants de qualité au Cambodge et que malheureusement , suite à cette pénurie ,la scolarité des jeunes enfants est faite dans le cadre des temples bouddhistes , du moins chez les plus démunis . Sam profite d'un arrêt à mi-chemin pour nous faire goûter les graines de lotus grillées et salées : ça se croque comme des cacahuètes , mais c'est malheureusement beaucoup trop dur pour nos dents de sexagénaires européens .
Par moment la monotonie de cette interminable plaine se trouve rompue par la présence de collines pointues qui ressemblent à des chapeaux chinois . Couvertes de végétation tropicale luxuriante , elle laisse apparaitre des statues protectrices de bouddha à mi pentes et même une pagode au sommet . Nous nous arrêtons à proximités d'une ferme , pour voir de plus prés des buffles bien en chair , armés d' une redoutable paire de cornes cannelées repliées vers l'arrière , et aussi des vaches efflanquées dont les côtes sont affreusement saillantes . Des poules au cou déplumé circulent librement entre les étables aux toits de palmes .Des poussins de cannes et de poules ont été mis en sécurité dans de petites cages en attendant leur maturité . Les paysans viennent de ramener des gerbes de hautes herbes à l'aide d'une pirogue , qu'ils distribuent ensuite au bétail . Notre intrusion un peu intempestive ne semble guère perturber nos hôtes , en tout cas ils ont le tact de ne pas le montrer ! En revenant vers les véhicules, nous voyons d'autres autochtones pêcher au filet à bord d'une barque, au beau milieu des rizières . Le long du chemin Sam nous montrent des nasses où grouillent des crabes d'eau douce . De petites tailles , on les mange entièrement, soit grillés , soit en soupe aigre parfumée au tamarin .
Nous reprenons la route pour pendant un bon quart d'heure pour nous arrêter cette fois à Kampot dans une ferme spécialisée dans la production de poivre . En dégommant une bière , le patron nous fournit quelques explications concernant sa production . Il nous explique que le Cambodge produit 8 000 tonnes de poivre de haute qualité .Sa culture a été introduite au Cambodge par les Chinois au XIIIème siècle et développait sérieusement sous le protectorat français . La liane peut atteindre 15 mètres de long si elle n'est pas taillée .C'est ici dans le sud est que l'on retrouve les 450 producteurs du pays . Il nous propose ensuite une dégustation : on commence par le vert , c'est la graine à l'adolescence . Elle est d'abord bouillie pour la désinfecter puis elle est salée . Gustativement c'est un poivre très doux mais qui ne conserve qu'un an ou deux en le laissant au frais dans le frigo . Arrivée à maturation , la grappe comporte des grains verts et des rouges qu'il faut trier après la cueillette que l'on renouvelle 4 à 5 fois au cours de la saison de production qui dure 4 mois . Là aussi on ébouillante les graines pour désinfecter avant de les faire sécher . Ils sont ensuite tamisé pour être calibré : en principe 4 mm de diamètre .Pour le blanc il faut le frotter le poivre rouge pour qu'il perde l'enveloppe superficielle . En fin de maturation , on cueille le noir .J'avoue qu'après la dégustation du vert et rouge , je ai du mal à retrouver les subtilité gustatives du blanc et du noir . Nous passons ensuite dans le verger pour les explications se rapportant à la production proprement dite .On fait grimper trois ou quatre lianes par poteau qu'il faut arroser mais pas trop et qu'il faut protéger du soleil avec des bambous par dessus les allées . Il nous explique qu'ici pour une exploitation d'un hectare , il emploie quatre familles aussi bien pour la cueillette que pour l'entretien de la plantation car il faut fumer deux fois par mois entre les allées avec un mélange à base de déjections de chauves-souris . Il faut aussi désherber entre les pieds . Nous passons ensuite à table pour manger des beignets de porc présentés avec une sauce à base de jus de citron vert et de poivre vert à peine pilé . La sauce est excellente .
Il ne reste plus qu'à descendre vers le port pour visiter le marché aux crabes , la spécialité de Kep : partout le long du quai sont empilés des paniers en bambous pour piéger les crabes , très nombreux dans ce secteur de la côte sud . De vieilles villageoises sont occupées à griller des poissons et des brochettes de crevettes sur de grands barbecue . Puis nous prenons la route de l'hôtel où nous nous dépêchons de piquer une tête car la journée a encore été assez éprouvante sous cette chaleur humide . Nous nous octroyons ensuite une petite heure de repos avant d'aller diner dans un petit resto du port recommandé par Sam . Nous y dégustons des crabes au poivre vert particulièrement bien préparés .
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