SEPTIEME JOUR : LE 16 OCTOBRE 2019



        Ce matin j'essaie de me réveiller de bonne heure pour voir éventuellement le lever de soleil sur la Mer de Chine : en fait , je dois me contenter d'un vague reflet orange sur les grosses vagues qui viennent se fracasser sur la grève , avec en arrière plan  l'alignement des grands hôtels sur fond de brume . Le ciel est gorgé de pluie et la route côtière est complètement inondée . Je profite que Dominique dort encore pour continuer à taper le blog . Vers 6h45 nous rejoignons les autres au second étage , pour prendre un petit déjeuner continental : en effet on fatigue déjà des "pho" de poissons , des beignets , des nems et du riz gluant le matin à jeun  ! C'est l'occasion de goûter aussi les fruits locaux tels que de petites bananes très sucrées ou des jujubes , sorte de petite  poire-pomme de couleur verte , un peu granuleuse et insipide .



                        A 8h00 nous quittons l'hôtel , pour aller visiter le port de pêche de Cua Lo . Après avoir remonté l'avenue principale particulièrement inondée , où nos 4x4 soulèvent d'impressionnantes gerbes d'eau , nous nous faufilons dans un dédale de ruelles très étroites pour finir d'en un vulgaire cul de sac ,  sous les yeux étonnés des autochtones . Il faut se résoudre à  faire demi-tour après une marche-arrière jusqu'à un renfoncement . Pas facile la manoeuvre , avec 4 véhicules qui se suivent !! Après renseignements pris auprès des locaux ,et encore deux autres demi-tours , nous parvenons sur le quai d'un petit port de pêche construit dans l'estuaire d'une rivière . C'est superbe cet alignement de bateaux très colorés  ,qui se dandinent au mouillage ,toutes ailes déployées : en effet ,la plupart sont munis de part et d'autre de la coque de  grands balanciers faits de troncs d'arbre noueux .Avec les filets qui pendent  par dessous ,cela leur donnent l'aspect de cormorans qui se sèchent leurs ailes . Nous descendons pour visiter le marché voisin . Comme la météo est mauvaise depuis quelques jours , il n'y a que très peu de poissons à vendre et la plupart des étales sont fermés . Nous voyons malgré tout , des petits requins , des poissons plats  et de grosses gambas. Il y a aussi quelques marchandes de fruits et légumes  : on reconnait les fruits du dragons , de gros pamplemousses , des mangues , des nashis et des kakis .Nous sommes étonnés par l'accueil : ici tout le monde nous sourie , ça nous change du visage fermé des Chinois que nous avons connu sur le Paris-Pékin-Istambul . Et pourtant nous ne leur achetons rien ,il ne s'agit donc pas de manoeuvres commerciales , mais de spontanéité .



                Par chance nos chauffeurs ont un peu moins de misère qu'à l'aller , pour retrouver la route principale , car Tchin-tchin veut nous montrer un village de charpentiers , spécialisés dans la construction de bateaux de pêche en bois depuis 7 siècles .Là encore ,il faut emprunter un dédale de ruelles très étroites , parfois inondées , parfois envahies de boue , le plus souvent encombrées de piétons , de vélos et de scooters . Tout le monde circule dans tous les sens , couvert d'un immense poncho en plastique et le plus souvent avec le chapeau conique traditionnel en  feuilles de latanier tressée . Ils ont le mérite d'être larges et d'avoir un effet perlant remarquable . Après un bon quart d'heure de recherche à pieds dans le village ,Tchin-tchin trouve un propriétaire de chantier naval qui accepte de nous montrer son atelier . Nous découvrons la carcasse d'un future bateau de pêche construite avec des poutres de talauma , un bois exotique très dur et relativement imputrescible , d'une sympathique couleur orange . Depuis quatre ans les ateliers du village sont en pleine récession , les pouvoirs publiques faisant la promotion de bateaux métalliques , plus solides face à l'agression des grands navires de pêche chinois qui n'hésitent pas à envoyer les chalutiers vietnamiens par le fond . Les archipels de  Paracels et Spratleys  , attribués aux Vietnamiens  par les Français ,sont sans cesse revendiqués par les Chinois, qui se conduisent comme des pirates . La pêche etant fortement réduite , ce village de charpentiers  agonise tout doucement ! Après nous avoir montré les maquettes des bateaux qu'ils construisent , nous sommes invités à prendre le thé avec toute l'équipe de l'atelier .Ils nous expliquent que nous sommes les premiers touristes qui leur rendent visite  .

            C'est sous une pluie battante que nous reprenons  notre route  vers le sud , en direction de Dong Hoi , distante de 250 km  . En cherchant la nationale 1 , nous commençons par emprunter une petite route où nous devons traverser une foule de cyclistes et de motocyclistes massés devant la porte d'une usine . Toute la campagne semble inondée : il faut dire que nous voyons des torrents d'eau boueuse descendre du moindre coteau , tant ça tombe dru depuis hier soir . Des buffles et des vaches , très placides , paissent au milieu des rizières qui s'étendent à perte de vue . Seules ,des haies de bananiers et de cocotiers , en rompent le miroir . Ici aussi, quelques clochers d'imposantes églises, se dressent au beau milieu de la plaine, qui s'étend à perte de vue , coincée entre la Mer de Chine à gauche et une chaine de petites montagnes à droite , appelée cordillère Truong Son : celle-ci descend vers le sud  jusqu' au delta du Mékong . Elle sert  de frontière avec le Laos  : dans sa partie centrale , le Vietnam  est si étroit que par endroit il ne dépasse pas 50 km ! Hier nous avons quitté le Tonkin pour nous enfoncer dans l'Annam  , véritable couloir étroit qui descend jusque la Cochinchine . En fin de matinée la pluie cesse pour faire place à un beau soleil qui ne tarde pas à chauffer violemment .



       













          Vers 12h30 Tchin-tchin nous trouve une petite taule sympa sur le bord de la route , où nous mangeons  du poulet au miel accompagné de morceaux de petit rongeur( je trouve personnellement que ça ressemble au cuy , le cochon d'Inde d'Amérique du Sud) , des  petits calamars entiers ,une tranche de requin , de petites aubergines blanches  de la taille d'un oignon de Mulhouse, confites dans le vinaigre , du liseron d'eau et bien sur du riz avec de la sauce soja et du nuo- man ( sauce vietnamienne fabriquée avec du poisson fermenté dans des jarres comme nous avons vu chez les constructeurs de bateaux) pour 6 dollars US par personne , boissons comprises .


            A 14h00 nous reprenons la nationale 1 qui suit de plus prés la cordillère Truong Son qui culmine à 1600 mètres d'altitude  . Ici , un épais manteau de forêts couvre le flanc des montagnes jusqu'au sommet . Partout des vaches et des buffles broutent sur les bas-côtés quand ils ne décident pas de traverser la chaussée à notre nez . A une cinquantaine de kilomètres avant Dong Hoï  ,nous prenons une petite route à droite, qui monte au col de Ngang , la nationale 1 empruntant maintenant un tunnel  en bas dans la vallée. Cela nous permet d'avoir une vue panoramique sur la côte et le damier de rizières qui en occupe l'arrière pays . Tchin-tchin nous explique  que nous sommes ici en plein pays Chams , une ethnie venue de Java , un peu pillarde , qui fut chassée pour cette raison  ,dans le sud par l'Empereur Le .Il en reste une petite communauté de 40 000 âmes à la frontière cambodgienne, du côté de Chau Doc . Leur capitale était Champa .



            Un peu avant Dong Hoï nous prenons quelques violentes averses qui donnent du fil à retordre à nos essuies-glaces . Aussitôt la chaussée disparait sous une belle couche d'eau . Nous longeons la côte de la Mer de Chine , puis les rives de la rivière Nhat-Le pour nous installer à l'hôtel Saïgon Quang Binh où nous héritons de superbes chambre avec vue panoramique sur le fleuve .


Nous nous octroyons une heure de repos pour faire un peu de lessive , mettre à jour le blog et ranger
les photos .Puis nous sortons pour aller voir de plus prés la citadelle dotée d'une porte fortifiée et de larges douves alimentées par la rivière . Puis nous suivons le fleuve jusqu'au pont qui l'enjambe pour trouver une pizzeria car nous voulons manger à l'européenne ce soir .








Petite mise au point : il est impossible de visiter le Vietnam en camping car , c'est interdit par le gouvernement . Il n'y a jamais eu un seul camping car sur les routes de ce pays ! Qu'on se le dise , même si certains voyagistes français  le prétendent !D'autre part regardez les photos du blog , l'étroitesse des routes et les conditions de circulation empêchent toute approche du Vietnam profond , du Vietnam de tous les jours, tel qu'on l'aime, avec ce genre de véhicule .









Commentaires

  1. La capitale du royaume de Champa était à Indrapura, dans les environs de Hoian. Elle a été poussée plus loin vers sud à cause des invasions vietnamienne.

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