QUINZIEME JOUR ; LE 24 OCTOBRE 2019



      C'est notre première nuit sans clim et aussi sous la tente . En effet Dominique a installé la moustiquaire sur notre lit hier soir . Ma hantise était d'avoir une envie urgente cette nuit et  d'oublier l'installation du chapiteau dans la précipitation ! Un clocher voisin a décidé de nous réveiller à 5h00 en nous offrant un concert de violents coups de cloche .C'est sympathique ,ça rappelle la mère patrie , bien qu'un peu tôt à notre goût . Et puis , anachronique aussi ,dans un pays à grande majorité bouddhiste ! Ce matin , nous attaquons  déjà notre troisième semaine de périple , c'est incroyable ! Comme le pays est très joli et que la formule choisie pour notre voyage est idéale, aussi bien au niveau de la maniabilité que de la convivialité, nous ne voyons pas le temps passer ! Avec Tchin-tchin nous avons prévu de consacrer la matinée à la visite de Dalat, avant de continuer notre route vers le sud ouest , vers Mui Ne , au bord de la Mer de Chine . Au départ, le site de Dalat fut mis en valeur par le docteur Alexandre Yersin , français d'adoption et suisse de naissance, qui travailla sur la Yersiniose(la peste) et mit au point son vaccin .Il créa aussi trois Instituts Pasteur au Vietnam .Le gouverneur d'Indochine Paul Doumer , qui devint par la suite Président de la République Française , développa la ville  située à 1450 m pour en faire une station d'altitude , très prisée des coloniaux qui aimaient venir s'y rafraichir .Le nom de Dalat vient de Lat , une ethnie qui habitait le secteur avant l'arrivée de  Yersin .




            Vers 8h00 nous attaquons notre "city tour" en nous rendant à la gare ferroviaire :est-ce parce que son  père était cheminot que Paul Doumer a favorisé le développement du chemin de fer au Vietnam au cours de ses deux mandats de gouverneur d'Indochine ? Il commandita la construction de la voie à crémaillère menant de Saïgon à Dalat . Pour cela  la France acheta six locomotives à la  Suisse , spécialisée dans la production des trains à crémaillère .Pour la petite histoire la dernière locomotive est retournée dans son pays natal , au Furka pass ,il y a peu de temps à la demande d'une association  . Comme la ligne n'existe plus il a fallu la transporter en pièces détachées jusqu'au port .Les autres avaient été fondues lors d'une pénurie de métal  bien avant.Les trains à charbon ont circulé jusqu'en 1995 au Vietnam , à cause  de l'embargo américain . C'est sous la colonisation française que le réseau ferroviaire vietnamien a été le plus important avec 3500 km de voies , aujourd'hui il n'en reste que 2800 km  .Très vite on a construit la ligne Saïgon-Hanoï avec un prolongement jusque Kunming en Chine qui coûta la vie à 10 000 coolies chinois et vietnamien pour seulement 500 km . Cette zone très montagneuse a nécessité la construction de nombreux viaducs et le creusement de beaucoup de tunnels . Après toutes ces explications fournies par Tchin-tchin , nous entrons dans l'ancienne gare où l'on peut encore acheter un ticket pour faire les vingt premiers kilomètres  depuis Dalat ,sur une voie à crémaillère . Nous tirons le portrait d'une ancienne loco japonaise , de wagons de voyageurs ,et on  aurait même pu  boire un coup ou manger dans une voiture-restaurant .



   













    Nous reprenons les voitures pour descendre jusqu'au lac qui est d'origine naturel : nous suivons à pieds jusqu'au jardin botanique . Là aussi ,les Français ont joué un rôle important en introduisant des tas d'espèces de plantes et d'arbres tropicaux , venant d'Afrique et d'Amérique du Sud .Nous nous baladons parmi les pares-terres de sauges , les massifs d'hortensias dotés de têtes énormes  , les tapis d'impatiences et de mufliers , . Nous longeons des pièces d'eaux bordées d'azalées géantes et buissons de strélysas . Ici aussi les bonzaïs sont légions , parfois avec des blocs de racines énormes ,débordant de leur jardinière . Nous montons jusqu'à une serre pour découvrir une collection d'orchidées dont les fleurs sont démesurées et les couleurs très  variées . Des sculptures offertes par des artistes locaux agrémentent les pelouses .

            Nous allons ensuite au marché central, où de vieilles paysannes vendent des artichauts , des choux fleurs , des brocolis et des choux raves qu'elles transportent sur les deux plateaux de leur palanches , rivés sur leur épaule . Ils s'agit de légumes importés par les Français, qui portent le même nom au Vietnam, étant  donné qu'ils n'existaient pas avant . Ici , avec le climat tempéré de Dalat , tout pousse très vite ,en un mois  il parait pour un choux!   Nous voyons également sur les étales de gros avocats que nous n'avions pas encore vu au Vietnam .Les pyramides de fruits , de par leurs couleurs vives égaient  le marché : du raisin , des jujubes ,des noix de coco , des bananes ,des fruits du dragon  ou du jaquiers , des pommes cannelle ,..  Après en avoir pris plein les yeux sur le  parvis , nous entrons dans les halles proprement dites pour voir le coin des bouchères qui découpent la viande au hachoir , directement par terre pendant que d'autres empilent des oreilles ou des pieds de cochons , toutes sortes de volailles et aussi des demi poitrines . Au fond du bâtiment c'est le coin du poissons : ici tout est vivant et remue à souhait dans des bassines émaillée : de petits requins , des anguilles , des carpes ,des grenouilles et des crevettes .Parfois il a des évasions et on voit une anguille serpenter entre nos pieds .


















            Nous quittons le quartier vietnamien ,aux maisons étroites et tassées les unes sur les autres ,pour traverser ensuite l'ancien quartier colonial ,aux grandes maisons se dressant fièrement au milieu d'un jardin . Abandonnées après le départ des Français, elle furent repris en main il y a seulement 25 ans avec l'apparition du tourisme, pour en faire des hôtels , des banques, des établissements universitaires ou des bâtiments administratifs . Je commence à mieux comprendre le pourquoi du nom de notre hôtel :" Villa Monet Garden" . Parvenus sur les hauteurs de la ville ,Tchin-tchin nous montre la "Vallée des Amours" , un parc de loisir très prisé des autochtones .Nous commençons par une balade en suivant des allées bordées de représentations de monuments du monde allant de la Tour Eiffel en passant par le Sphynx et le rochers des présidents américains de Rushmore ! Nous parcourons ensuite un mini musée Grévin avec des moulages en cire d'artistes en tous genres . Nous empruntons ensuite un petit véhicule électrique qui nous conduit au sommet du parc . Il y atteint en même le sommet du kitch : là , nous sommes accueillis par Adam et Eve dans le plus simple apparat ainsi qu'une quantité de reproductions d'animaux en céramique , notamment un groupe de hiboux , qui nous laisse pantois !
   




















     En continuant à nous éloigner du centre ville  , nous traversons une forêt de pins, pour aller visiter le monastère Truc Lam ,construit il y a 25 ans pour fêter le centenaire de la ville .Ici on pratique le Bouddhisme Zen Vietnamien , c'est à dire "de la forêt de bambou" appartenant au Grand Véhicule . Après nous être avancé nous atteignons le temple principal ,où un bonze frappe sur un  gong pour rythmer les prières pendant que des gens se prosternent  sur le sol ou prie à genoux , nous nous baladons ensuite en suivant les allées du parc, débordant de massifs de fleurs .C'est ici que la haute société vietnamienne envoie ses enfants de 6 à 18 ans pour des stages de méditation .D'après Tchin-tchin ces exercices d'une durée de deux heures , commencent dès 3 h00  du matin , et se répètent quatre ou cinq fois par jour . Les pauvres petits ...!




            Un peu plus loin , toujours en traversant la forêt de pins , nous allons voir les chutes de Datanla .Il faut descendre quelques centaines de marches par un escalier assez raide, qui s'enfonce sous une magnifique voûte de végétation tropicale très dense . Parvenus en bas , nous sommes accueillis par un grondement sourd et un gros nuage d'embruns . Il faut alors franchir un  petit pont, pour découvrir une jolie chute d'eau qui en tombant du haut du plateau , cascade parmi les énormes rochers d'un champs d'éboulis  . Par chance  , nous pouvons  remonter au parking grâce à des espèces de luges biplace ,tirées sur des rails à l'aide d'un  câble . Bien qu'il soit déjà 13h00 , nous reprenons la route sur 40 bornes pour aller manger dans une taule où l'on peut goûter les avocats que nous avons vu ce matin au marché . Pour finir , comme le troquet est fermer , nous déjeunons dans une autre cantine ,où la tambouille est bonne mais très épicée . Nous en profitons pour goûter le fruit du jaquier, acheté ce matin . C'est sucré et ça rappelle un peu le goût du Malabar de notre enfance.



            Il est 14h30 lorsque nous reprenons notre route vers Mui Ne . Celle-ci ,très sinueuse, traverse  encore des forêts de pins , mais aussi d'eucalyptus  et d'acacias. Courant à mi pente en corniche, elle offre par endroit , de magnifiques  vues panoramiques sur les flancs de montagnes couverts de caféiers ou sur le fond des vallées,  quadrillé  par le  damier des rizières . Nous finissons par laisser les montagne derrière nous pour traverser une plaine où poussent des champs de cannes à sucre alternant avec des plantations de cactus produisant des fruits du dragon . Ici  comme ils sont à maturité , nous nous arrêtons pour photographier les vergers décorés de leurs gros fruits roses . Un peu plus loin, nous voyons un groupe de femmes en préparer pour charger un énorme camion à destination de la Chine dont la frontière est distante de 1800 km .D'après Tchin-tchin les autorités chinoises , en  fonction des relations diplomatiques entre les deux pays ouvre ou ferme sa frontière à l'exportation . Résultat , le producteur peut très bien perdre le fruit de son travail sans aucun recours ! Il parait qu'ils ont fait de même avec des chargement de cochons que les camionneurs ont du abandonner sur le bord de la route et que ceux ci , incapable de se nourrir tout seul, errent dans les bois à l'état squelettique !! Nous traversons aussi quelques rizières bordées de tamaris . Notre guide nous en cueille le fruit , le tamarin , qui ressemble à une gousse de haricot : à maturité , le tamarin prend un goût acidulé et sucré ; il est alors utilisé pour la réalisation de certaines sauces .
            Comme les deux jours précédents , nous terminons l'étape dans l'obscurité totale . Il est 18h30 lorsque nous nous installons dans un des bungalows de l'hôtel Bamboo Village . Bien que nous soyons un peu rincé par cette longue journée , nous nous retrouvons dix minute plus tard dans la sympathique piscine de l'établissement , nichée au milieux des palmiers .Puis nous décidons de boycotter le resto et de manger  dans notre chambre les avocats acheter par Tchin-tchin en route , complétés par les fruits du dragon que les paysannes nous ont donné tout à l'heure .

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