
 

 

 

 
      C'est notre première nuit sans clim et aussi sous la
      tente . En effet Dominique a installé la moustiquaire sur notre
      lit hier soir . Ma hantise était d'avoir une envie urgente cette
      nuit et  d'oublier l'installation du chapiteau dans la
      précipitation ! Un clocher voisin a décidé de nous réveiller à
      5h00 en nous offrant un concert de violents coups de cloche .C'est
      sympathique ,ça rappelle la mère patrie , bien qu'un peu tôt à
      notre goût . Et puis , anachronique aussi ,dans un pays à grande
      majorité bouddhiste ! Ce matin , nous attaquons  déjà notre
      troisième semaine de périple , c'est incroyable ! Comme le pays
      est très joli et que la formule choisie pour notre voyage est
      idéale, aussi bien au niveau de la maniabilité que de la
      convivialité, nous ne voyons pas le temps passer ! Avec
      Tchin-tchin nous avons prévu de consacrer la matinée à la visite
      de Dalat, avant de continuer notre route vers le sud ouest , vers
      Mui Ne , au bord de la Mer de Chine . Au départ, le site de Dalat
      fut mis en valeur par le docteur Alexandre Yersin , français
      d'adoption et suisse de naissance, qui travailla sur la
      Yersiniose(la peste) et mit au point son vaccin .Il créa aussi
      trois Instituts Pasteur au Vietnam .Le gouverneur d'Indochine Paul
      Doumer , qui devint par la suite Président de la République
      Française , développa la ville  située à 1450 m pour en faire une
      station d'altitude , très prisée des coloniaux qui aimaient venir
      s'y rafraichir .Le nom de Dalat vient de Lat , une ethnie qui
      habitait le secteur avant l'arrivée de  Yersin .

 

 


 

 
            Vers 8h00 nous attaquons notre "city tour" en nous
      rendant à la gare ferroviaire :est-ce parce que son  père était
      cheminot que Paul Doumer a favorisé le développement du chemin de
      fer au Vietnam au cours de ses deux mandats de gouverneur
      d'Indochine ? Il commandita la construction de la voie à
      crémaillère menant de Saïgon à Dalat . Pour cela  la France acheta
      six locomotives à la  Suisse , spécialisée dans la production des
      trains à crémaillère .Pour la petite histoire la dernière
      locomotive est retournée dans son pays natal , au Furka pass ,il y
      a peu de temps à la demande d'une association  . Comme la ligne
      n'existe plus il a fallu la transporter en pièces détachées
      jusqu'au port .Les autres avaient été fondues lors d'une pénurie
      de métal  bien avant.Les trains à charbon ont circulé jusqu'en
      1995 au Vietnam , à cause  de l'embargo américain . C'est sous la
      colonisation française que le réseau ferroviaire vietnamien a été
      le plus important avec 3500 km de voies , aujourd'hui il n'en
      reste que 2800 km  .Très vite on a construit la ligne Saïgon-Hanoï
      avec un prolongement jusque Kunming en Chine qui coûta la vie à 10
      000 coolies chinois et vietnamien pour seulement 500 km . Cette
      zone très montagneuse a nécessité la construction de nombreux
      viaducs et le creusement de beaucoup de tunnels . Après toutes ces
      explications fournies par Tchin-tchin , nous entrons dans
      l'ancienne gare où l'on peut encore acheter un ticket pour faire
      les vingt premiers kilomètres  depuis Dalat ,sur une voie à
      crémaillère . Nous tirons le portrait d'une ancienne loco
      japonaise , de wagons de voyageurs ,et on  aurait même pu  boire
      un coup ou manger dans une voiture-restaurant .

 

 
    

 

 
    Nous reprenons les voitures pour descendre jusqu'au
      lac qui est d'origine naturel : nous suivons à pieds jusqu'au jardin
      botanique . Là aussi ,les Français ont joué un rôle important en
      introduisant des tas d'espèces de plantes et d'arbres tropicaux ,
      venant d'Afrique et d'Amérique du Sud .Nous nous baladons parmi
      les pares-terres de sauges , les massifs d'hortensias dotés de
      têtes énormes  , les tapis d'impatiences et de mufliers , . Nous
      longeons des pièces d'eaux bordées d'azalées géantes et buissons
      de strélysas . Ici aussi les bonzaïs sont légions , parfois avec
      des blocs de racines énormes ,débordant de leur jardinière . Nous
      montons jusqu'à une serre pour découvrir une collection
      d'orchidées dont les fleurs sont démesurées et les couleurs très 
      variées . Des sculptures offertes par des artistes locaux
      agrémentent les pelouses .

 

 

 

 
            Nous allons ensuite au marché central, où de vieilles
      paysannes vendent des artichauts , des choux fleurs , des brocolis
      et des choux raves qu'elles transportent sur les deux plateaux de
      leur palanches , rivés sur leur épaule . Ils s'agit de légumes
      importés par les Français, qui portent le même nom au Vietnam,
      étant  donné qu'ils n'existaient pas avant . Ici , avec le climat
      tempéré de Dalat , tout pousse très vite ,en un mois  il parait pour un choux!
       Nous voyons également sur les étales de gros avocats que nous
      n'avions pas encore vu au Vietnam .Les pyramides de fruits , de
      par leurs couleurs vives égaient  le marché : du raisin , des
      jujubes ,des noix de coco , des bananes ,des fruits du dragon  ou
      du jaquiers , des pommes cannelle ,..  Après en avoir pris plein
      les yeux sur le  parvis , nous entrons dans les halles proprement dites
      pour voir le coin des bouchères qui découpent la viande au hachoir
      , directement par terre pendant que d'autres empilent des oreilles
      ou des pieds de cochons , toutes sortes de volailles et aussi des demi
      poitrines . Au fond du bâtiment c'est le coin du poissons : ici
      tout est vivant et remue à souhait dans des bassines émaillée : de
      petits requins , des anguilles , des carpes ,des grenouilles et
      des crevettes .Parfois il a des évasions et on voit une anguille
      serpenter entre nos pieds .

 

 


 

 


 
            Nous quittons le quartier vietnamien ,aux maisons
      étroites et tassées les unes sur les autres ,pour traverser ensuite
      l'ancien quartier colonial ,aux grandes maisons se dressant
      fièrement au milieu d'un jardin . Abandonnées après le départ des
      Français, elle furent repris en main il y a seulement 25 ans avec
      l'apparition du tourisme, pour en faire des hôtels , des banques, des établissements universitaires ou
      des bâtiments administratifs . Je commence à mieux comprendre le
      pourquoi du nom de notre hôtel :" Villa Monet Garden" . Parvenus
      sur les hauteurs de la ville ,Tchin-tchin nous montre la "Vallée
      des Amours" , un parc de loisir très prisé des autochtones .Nous
      commençons par une balade en suivant des allées bordées de
      représentations de monuments du monde allant de la Tour Eiffel en
      passant par le Sphynx et le rochers des présidents américains de
      Rushmore ! Nous parcourons ensuite un mini musée Grévin avec des
      moulages en cire d'artistes en tous genres . Nous empruntons
      ensuite un petit véhicule électrique qui nous conduit au sommet du
      parc . Il y atteint en même le sommet du kitch : là , nous sommes accueillis
      par Adam et Eve dans le plus simple apparat ainsi qu'une quantité
      de reproductions d'animaux en céramique , notamment un groupe de hiboux , qui nous laisse pantois !

 
    

 

 

 
     En continuant à nous éloigner du centre ville  , nous
      traversons une forêt de pins, pour aller visiter le monastère Truc
      Lam ,construit il y a 25 ans pour fêter le centenaire de la ville
      .Ici on pratique le Bouddhisme Zen Vietnamien , c'est à dire "de
      la forêt de bambou" appartenant au Grand Véhicule . Après nous
      être avancé nous atteignons le temple principal ,où un bonze frappe sur un 
      gong pour rythmer les prières pendant que des gens se prosternent 
      sur le sol ou prie à genoux , nous nous baladons ensuite en suivant les
      allées du parc, débordant de massifs de fleurs .C'est ici que la
      haute société vietnamienne envoie ses enfants de 6 à 18 ans pour
      des stages de méditation .D'après Tchin-tchin ces exercices d'une
      durée de deux heures , commencent dès 3 h00  du matin , et se
      répètent quatre ou cinq fois par jour . Les pauvres petits ...!

 


 

 
            Un peu plus loin , toujours en traversant la forêt de
      pins , nous allons voir les chutes de Datanla .Il faut descendre
      quelques centaines de marches par un escalier assez raide, qui
      s'enfonce sous une magnifique voûte de végétation tropicale très
      dense . Parvenus en bas , nous sommes accueillis par un grondement
      sourd et un gros nuage d'embruns . Il faut alors franchir un  
petit
      pont, pour découvrir une jolie chute d'eau qui en tombant du haut 
du plateau , cascade parmi les énormes rochers d'un champs d'éboulis  . 
Par chance 
,      nous pouvons  remonter au parking grâce à des espèces de luges
      biplace ,tirées sur des rails à l'aide d'un  câble . Bien qu'il
      soit déjà 13h00 , nous reprenons la route sur 40 bornes pour aller
      manger dans une taule où l'on peut goûter les avocats que nous
      avons vu ce matin au marché . Pour finir , comme le troquet est
      fermer , nous déjeunons dans une autre cantine ,où la tambouille
      est bonne mais très épicée . Nous en profitons pour goûter le
      fruit du jaquier, acheté ce matin . C'est sucré et ça rappelle un
      peu le goût du Malabar de notre enfance.

 

 
            Il est 14h30 lorsque nous reprenons notre route vers
      Mui Ne . Celle-ci ,très sinueuse, traverse  encore des forêts de 
pins ,
      mais aussi d'eucalyptus  et d'acacias. Courant à mi pente en 
corniche, elle
      offre par endroit , de magnifiques  vues panoramiques sur les 
flancs de montagnes
      couverts de caféiers ou sur le fond des vallées,  quadrillé  par 
le 
      damier des rizières . Nous finissons par laisser les montagne 
derrière nous pour traverser une plaine où poussent des champs de cannes
 à sucre alternant avec des plantations de cactus produisant des fruits 
du dragon . Ici  comme ils sont à maturité , nous nous arrêtons pour 
photographier les vergers décorés de leurs gros fruits roses . Un peu 
plus loin, nous voyons un groupe de femmes en préparer pour charger un 
énorme camion à destination de la Chine dont la frontière est distante 
de 1800 km .D'après Tchin-tchin les autorités chinoises , en  fonction 
des relations diplomatiques entre les deux pays ouvre ou ferme sa 
frontière à l'exportation . Résultat , le producteur peut très bien 
perdre le fruit de son travail sans aucun recours ! Il parait qu'ils ont
 fait de même avec des chargement de cochons que les camionneurs ont du 
abandonner sur le bord de la route et que ceux ci , incapable de se 
nourrir tout seul, errent dans les bois à l'état squelettique !! Nous 
traversons aussi quelques rizières bordées de tamaris . Notre guide nous
 en cueille le fruit , le tamarin , qui ressemble à une gousse de 
haricot : à maturité , le tamarin prend un goût acidulé et sucré ; il 
est alors utilisé pour la réalisation de certaines sauces .
            Comme les deux jours précédents , nous terminons l'étape 
dans l'obscurité totale . Il est 18h30 lorsque nous nous installons dans
 un des bungalows de l'hôtel Bamboo Village . Bien que nous soyons un 
peu rincé par cette longue journée , nous nous retrouvons dix minute 
plus tard dans la sympathique piscine de l'établissement , nichée au 
milieux des palmiers .Puis nous décidons de boycotter le resto et de 
manger  dans notre chambre les avocats acheter par Tchin-tchin en route ,
 complétés par les fruits du dragon que les paysannes nous ont donné 
tout à l'heure .
 
Commentaires
Enregistrer un commentaire