DOUZIEME JOUR : LE 21 OCTOBRE 2019




           Ca y est, aujourd'hui nous quittons la côte de la Mer de Chine pour nous enfoncer à l'intérieur du Vietnam, dans la région des Hauts Plateaux . Aussi ,depuis deux jours nous avons commencé notre traitement préventif du paludisme par la Malarone . Ce matin , il faut donc partir un peu plus tôt que d'habitude, vers 8h00 , car nous avons 270 kilomètres à parcourir jusque Kon Tum , soit six bonnes heures de 4x4 . Lors de la construction de notre périple ,Sébastien avait prévu un vol entre Hué sur Saïgon, étant donné que nous lui avions fixé l'impératif de six semaines de voyage au total . Mais après lecture des guides et de nombreuses  discussions avec Marie-Noelle , nous avons demandé à Motaïba de prévoir une semaine supplémentaire ,pour aller visiter cette  incontournable région des Haut Plateaux, encore en dehors des grands circuits touristiques classiques .Il faut d'ailleurs obtenir une autorisation spéciale depuis leur ouverture aux touristes en 1990  et certaines zones sont encore interdite .Très réactif , Sébastien a supprimé le vol intérieur et nous a aussitôt concocté un itinéraire  passant par les points stratégiques tels que Kon Tum , Lac Lake , qui a obtenu l'assentiment de tous à l'époque .

















            Dès que nous quittons  le tumulte du centre ville d'Hoï An , nous nous mettons à longer une lagune pour prendre  ensuite une petite route à gauche qui serpente parmi les bananiers , enjambant des bras de rivières  sur de rustiques pont de bois . Nous traversons au passage un village de potiers dont le carrefour principal est décoré de deux jolis bas reliefs en terre cuite . Tchin-tchin emprunte ce chemin des écoliers pour couper dans l'angle et  gagner 20 kilomètres . Nous traversons une zone de rizières dont les verts deviennent jaune éclatant dans la lumière du matin . Des groupes d'aigrettes s'affairent déjà à la recherche de leur pitance, en piochant sans cesse rageusement la vase . A côté, des buffles s'adonnent à leur sport favori , le bain de boue matinal , pour se protéger des insectes et du soleil . Lorsque nous nous arrêtons pour tirer quelques clichés , une femelle redresse la tête pour mieux montrer ses cornes en guise de mise en garde , pendant que son petit accourt pour se mettre à l'abri le long de son flanc . Après avoir repris les voitures , nous commençons à rapprocher du pied des montagnes  où nous traversons une succession de villages  exploitant la forêt voisine : partout de frêles troncs d'eucalyptus dont on a enlevé l'écorce sèche en tas sous le soleil .Relativement droits et légers , ils fourniront un excellent bois de charpente . Dans les champs ,nous voyons des paysans récolter des plantes à grands coups de machettes , un chapeau conique vissé sur la tête . C'est superbe toutes ces petites parcelles cultivées , séparée par des haies de bananiers ,que domine parfois le haut plumeau d'un cocotier .



            Nous commençons à enchainer virage sur virage alors que la route joue au toboggan en longeant le  pied des monts couverts de forêt . Tchin-tchin nous explique que les Français en 1941 avait évalué la couverture forestière à deux tiers de la surface de la région . Il n'en reste malheureusement aujourd'hui à peine la moitié .La déforestation n'est pas du aux défoliants déversés par les Américains pendant la  guerre mais à l'embargo qui a suivi . Résultat il a fallu exploiter la forêt à outrance pour faire du charbon de bois qui servait de carburant aux camions . Ici ,on exploite aussi  bien l'eucalyptus que l'acacia ,qui sert à fabriquer du contre-plaqué . Nous nous arrêtons dans une forêt d'hévéas pour voir la technique de recueil de la précieuse résine . Une saignée profonde descend en spirale jusqu'à un petit bol où est stocké le latex d'un blanc immaculé . D'un avis général , çà pue ...! Dominique profite de cet arrêt pour avoir des explications sur les énormes bottes de bâtons d'encens que nous avons vu à plusieurs reprises le long de la route . Tchin-tchin explique qu'il s'agit d'éclats de bambou  fendus roulés dans une teinture rouge pour la poignée et  imbibée de parfum pour la partie marron qui est en haut .


            En serpentant toujours autant parmi les forêt , laissant par  endroit des zones de brulis ,nous finissons par prendre de l'altitude suffisamment pour dominer la rivière Dak Mi et son  chapelet de lacs de barrage qui occupent le fond des vallées voisines . Il parait qu'à cause de l'érosion des sols par ravinement du à la déforestation massive , les retenues d'eau se comblent et produisent donc de moins en moins d'électricité . Un programme nucléaire avait été envisagé à une certaine époque mais il a du être abandonné à cause des secousses sismiques qui secouent la région .Vers 12h30 nous arrêtons, à proximité d'une énorme cascade qui écume à souhait parmi les bananiers, pour casser la croûte dans un routier vietnamien .Le temps de nous réhydrater, la taulière aidée, d'un marmiton et de Tchin-tchin , nous prépare le repas : soupe aux oeufs , poulet au gingembre , poisson au piment , salade de choux cuit , et bien sur du riz .Nous mangeons avec les genoux dans le menton sur une table basse ,dont le plateau de 10 cm d'épaisseur est d'un seul morceau . Pendant que nous nous démenons avec nos baguettes , un routier descendant la montagne , s'arrête  sur le parking pour arroser ses freins , dégageant un gros nuage de vapeur à chaque roue .Ce n'est pas étonnant car depuis le départ nous voyons des panneaux indiquant des pentes supérieures à  10 pour cent .Arrivés au café Tchin-tchin  nous annonce que nous avons déjà parcouru 165 kilomètres dans la matinée .




               Vers 14h00 nous reprenons notre route de montagne , qui se met à serpenter à mi pente , en corniche , offrant par moment de jolies vues sur le damier de rizières là-bas en bas  .Sur les pentes abruptes des montagnes,  la forêt tropicale dégringole du sommet jusqu'au fond de la vallée , à peine interrompue par des coupes de bois ou des cultures d'ananas .Après une demi-heure de route , Tchin-tchin nous emmène visiter un village Gie Treng : les habitants des premières maisons se révèlent assez agressifs  . D'après notre guide cette réaction est plus à mettre sur le compte de l'alcool que sur celui de la sauvagerie .Par contre, en nous enfonçant plus profondément entre deux rangées de cabanes, construites en planches plus ou moins disjointes ,nous tombons sur des autochtones plus sympathiques . Après discussion , on arrive même à prendre en photo quelques vieilles femmes au visage ridée à souhait . Nous n'avons pas la prétention d'imiter Rehahnr , mais nous essayons de nous appliquer pour mettre leurs traits en valeur .L'une d'entre elle me demande de lui montrer son portrait sur l'écran : elle a l'air satisfaite , ça fait déjà au moins une personne qui trouve la photo réussie !! Quand on regarde de prés le faciès des Gie Treng on remarque tout de suite qu'ils ont des très négroïdes avec un nez épaté et de grosses lèvres . Il parait qu'ils seraient originaire d'Indonésie , qu'ils auraient échoué sur la côte de l'Annam et qu'ils auraient été chassés secondairement vers l'intérieur du Vietnam , c'est à dire vers les Hauts Plateaux . Ils feraient partis des Austronésiens qui représentent 0,8 pour cent des ethnies . Nous admirons ensuite la finition de la" maison  communale" faite uniquement en bambou : nattes en lamelles de bambou entrecroisées pour les murs , charpente en fin bambou tressé pour réaliser les arrondies du toit , tapis de roseaux en guise de tuiles  .On y grimpe par escalier à claire-voie .Des cornes de buffle décorent chaque extrémité de la faitière et celles-ci sont changés tous les ans .










          A peine avons parcouru une dizaine de kilomètres que nous  nous arrêtons pour  admirer les champs de "riz pluvial" tapissant le flanc des montagne d'un tapis aux multiples nuances de jaune , très éclatant dans le soleil  de fin d'après midi . Il s'agit d'un riz sauvage très fragile ,qui ne peut compter que sur la pluie pour pousser . Il est récolté tige par tige , à la faucille , une seule fois par an  : de ce fait il est  trois fois plus cher que celui des rizières irriguées de la plaine . A côté,  nous voyons des champs de manioc qui sert à faire le tapioca et à nourrir les animaux .On récolte la racine et on replante  ensuite un tronçon de tige posé horizontalement dans la terre pour en continuer la culture . En reprenant notre route , nous voyons que c'est le moment de sa récolte : il est transporté dans de grands sacs plastiques rouges à bord de camions bennes que des militaires semblent déposer à raison de deux ou trois unités par maison . Nous sommes également  intrigués par des alignements d' arbustes aux feuilles brillantes, cultivés sur d'étroites terrasses , qui descendent en escalier vers la vallée : renseignement pris , il s'agit de caféiers . Nous terminons la route de Kon Tum aux phares avec des chauffeurs qui commencent à être sérieusement fatigués par cette longue étape. Il est plus de 18h00 lorsque nous nous installons à l'hôtel Indochine . Après une bonne heure de repos   bien méritée à l'issue de cette longue étape ,nous retrouvons Tchin-tchin dans la salle de restaurant où il nous a invité pour l'apéro : pour la circonstance, il nous a préparé un punch avec de la canne à sucre , du jus d'orange , du lait de coco et bien sur du rhum . Une bien sympathique attention de sa part . Merci Tchin-tchin !










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