



Aujourd'hui nous devons aller explorer le delta
du Mékong pour voir de plus prés à quoi ressemble la mangrove de
la Cochinchine . Tchin-tchin nous a expliqué ,il y a quelques jours
,que malgré l'ancienneté de prés d'un demi siècle de la réunification du Vietnam (1974) , il
existe encore une certaine animosité entre les deux régions et que
lorsque les gens du sud entendent son accent du nord , ils se
ferment .Et en réaction , les nordistes appellent les sudistes les
"cochon chinois"! Par la même occasion , il nous avait expliqué
que bien qu'Hanoï reste la capitale administrative , Saïgon est
la ville la plus entreprenante , la capitale économique , c'est
ici qu'il faut s'installer si l'on a envi de faire des affaires
.Avec sa situation géographique et ses 14 millions d'habitants ,
c'est une ville jeune , dynamique et très ouverte sur l'avenir .
Deux histoires qui les séparent aussi avec la domination chinoise
au nord, et la tutelle khmer au sud . Il a fallu attendre
l'arrivée de la dynastie N'guyen au XVIII ème siècle , puis la
colonisation des Français de 1882 à 1954 pour essayer d'unir le
Tonkin et la Cochinchine . Mais la géographie reste la plus forte
avec 1600 km et aujourd'hui encore , 36 heures de train entre
Hanoï et Saïgon . Il parait que 50 pour cent du PIB est fourni par
Saïgon alors qu'elle ne dépense que 15 pour cent du budget national .





Nous avons rendez vous avec Tchin-tchin vers 8h30
pour aller à Can Gio située à une cinquantaine de kilomètres au
sud de Saïgon .Il faut tout d'abord affronter la circulation
infernale des petites rues du centre pour rejoindre les rive de la rivière Ben Nghe et pouvoir avancer correctement le long des quais. Puis
nous tournons à gauche et nous traversons alors des banlieues
assez sordides ,en remontant de larges avenues où des bataillons
de scooters font la loi dès que nous sommes arrêtés à un feu
tricolore ou à une intersection . C'est impressionnant de voir
cette mer de casques qui brillent au soleil déjà bien ardent .
Après une demi heure de slalom dans la cohue , nous nous mettons à
faire la queue au milieu de grandes flaques d'eau . Le chauffeur
achète un ticket et nous attendons que la circulation se fluidifie
. Nous apprenons qu'en fait nous faisons la queue pour prendre le
ferry qui traverse un des bras principaux du Mékong . Celui-ci se
divise en 9 bras ,délimitant un réseau d' îles ,avant de se jeter
dans la Mer de Chine . C'est donc sur l'une de ces iles que nous
allons découvrir la mangrove . Un quart d'heure plus tard nous
grimpons sur le pont supérieur du ferry pour observer les eaux
boueuses du grand fleuve qui charrient de nombreuses branches
d'arbres .Devant les rives industrialisées ,circulent des péniches
chargées de graviers dont le plat-bord effleure la surface ; on
peut voir aussi quelques anciennes jonques au mouillage .






En continuant notre traversée du delta , nous
remarquons des haies de tamaris qui quadrille la plaine , un peu
comme chez nous en Camargues .Celle-ci séparent des ensembles de
marais salants où des autochtones ,couverts d'un chapeau conique,
jouent du râteau . La route joue les toboggans en empruntant une
succession de ponts qui enjambent différents bras secondaires du
Mékong .Pour finir ,nous roulons un peu plus de deux heures avant
d'atteindre un petit village de pêcheurs . Nous restons bloqués
dans la rue principale par la cérémonie d'un mariage : ici ,nous
sommes chez le marié et nous sommes intrigués par une file
d'invités , endimanchés de la tête aux pieds ,qui attendent
sagement en file indienne à l'extérieur , dans la rue . Les
quatre premiers sont célibataires et apportent un cadeau ,
souvent au moins une offrande de bétel ,qu'ils vont donner aux
quatre jeunes filles qui gardent la porte toute fleurie de la
salle de banquet . Après une incontournable séance photos ,nous
continuons à traverser le village à pieds . Partout sur le
trottoir des femmes , armées de grands paniers ,vendent des
crevettes séchées , des coquillages , des poissons frais ou séchés
au soleil . C'est très coloré . D'autres vendent des racines de
lotus et des châtaignes de mer qu'elles font griller sur un
brasero . En avançant jusqu'au bout de la rue , nous tombons sur
une digue de pierres le long de laquelle des bateaux de pêcheurs
se dandinent au mouillage , toujours peints en bleu ciel avec un
oeil dessiné de chaque côté de la proue . Sur le rivage à gauche ,
sur plusieurs centaines de mètres ,s'alignent des maisons de
pêcheur sur pilotis . Nous revenons sur nos pas pour aller visiter
un temple bouddhiste , construit au XVIII ème siècle ,à la demande de Gia Long, le
premier Empereur de la dynastie N'guyen . Lorsque son père , alors
simple seigneur s'est fait renversé , Gia Long a du se sauver dans le
sud du Vietnam et a était sauvé d'un naufrage par une baleine .
Il a donc fait construire ce temple en remerciement et la baleine
est devenue un animal sacré , à tel point que les habitants du
village ont ramené le squelette de l'une d' entre-elle , venu
s'échouer sur la plage .



Nous reprenons la voiture pour cette fois aller à Rung
Sac , voir la mangrove de plus prés . Malgré les mises en garde de
Tchin-tchin concernant les singes qui pullulent dans le coin ,
Gérard se fait voler les lunettes de soleil pourtant attachée avec
un cordon .Il faut l'intervention d'un gardien et une poignée de
cacahuètes pour récupérer le butin sans dommage . Nous commençons
par aller voir une zone de mangrove où il y a quelques crocodiles
. Puis nous nous enfonçons dans les marais en suivant un réseau de
passerelles en bois plus ou moins vermoulues . C'est
impressionnant de voir tout cet enchevêtrement de racines ,
dépassant du sol de plus d'un mètres cinquante , avec
des bras tentaculaires comme des pieuvres , qui pataugent dans
les
eaux boueuses des marigots . Malheureusement l'ombre provoquée par
la voûte de verdure réduit la luminosité et ne facilite pas notre
travail de photographe . Nous finissons par atteindre la
reproduction d'un campement Vietcong avec un ensemble de paillotes
sur pilotis reliées par des passerelles en bois . C'est d'ici
qu'ils préparaient leurs actions commandos contre l'armée du sud
. La couverture forestière leur fournissait un excellent abri
contre les bombardements américains .Des mannequins portant
l'uniforme kaki relevé du fameux foulard à carreaux noir et blanc
donnent une petite idée des silhouettes que leurs adversaires pouvaient
voir . Nous en voyons deux occupés à scier une bombe américaine non
éclatée , afin de récupérer la poudre explosive pour en faire des mines
. Par chance ,c'est en vedette
que nous faisons le retour, car la marche sur ces frêles
passerelles et avec la chaleur et l'humidité ambiante n'est
vraiment pas drôle . Nous n'avons pas la résistance des Vietcongs
!! Leur vie devait être un enfer dans ces marigots avec de l'eau
jusqu'au ventre parmi les serpents et les crocodiles .




Il est 13h30 lorsque nous récupérons les 4x4 pour
trouver une petite taule de pêcheurs un peu plus loin , au bord du Mékong ; à la demande de Tchin-tchin
ceux-ci nous improvisent une fondue de poissons accompagnée de crabes .
Le temps de dégommer une bière, nos cuisiniers improvisés nous installent deux marmites
contenant un bouillon de poissons sur des réchauds . Il faut
plonger des liserons d'eau , des fleurs et des tiges d'un végétal
inconnu pour les faire cuire . Puis dans un bol, nous devons mélanger
des pattes de riz avec les morceaux de poissons ,la chair des
crabes et les légumes enfin cuit dans le bouillon . Il n'y a plus qu' à assaisonner avec une
sauce au piment , du sel et du citron vert . Le résultat , bien
que peu engageant au départ , se révèle excellent ,puisque nous y
retournons une seconde fois . Dommage que le bol et les baguettes
ne soient pas forcément les instruments les mieux adapter pour
manger ce genre de plat .




La route du retour nous parait plus courte ; il faut dire
que la queue de cette après midi pour prendre le ferry n'a rien à voir
avec celle de ce matin . Nous avons la surprise de constater que Saïgon a
été inondée par une violente pluie pendant notre absence ; dans
certaines avenues des faubourgs , nous voyons des autochtones avec de
l'eau jusqu'au genoux . Revenus dans le centre nous faisons un saut
jusqu'à la cathédrale construite par les Français en 1877 avec des
briques roses venant de Marseille qui ont parait-il la propriété de ne
pas se couvrir de mousse . C'est vrai qu'elle est comme neuve et quelle a
une certaine allure avec ses deux clochers . Dommage qu'un échafaudage
en défigure le corps ! Nous continuons notre exploration du centre par
celle de la poste , construite selon les plans de Gustave Eiffel en 1886
. On y retrouve l'incontournable charpente métallique , un plan de
Saïgon , un autre des lignes télégraphiques de Cochinchine et du
Cambodge et bien entendu un grand portrait de l'oncle Ho avec sa
barbiche . En sortant nous voit à gauche un bâtiment moderne qui abrite
la bourse .Comme l'obscurité commence à tomber , nous rentrons à l'hôtel
pour prendre un peu de repos après le bain de sueur de la journée .Le soir nous sortons manger dans un resto à proximité de l'hôtel spécialisé dans la bière pression où on nous sert une magnifique assiette de 10 gambas .











En faite, on était chez la mariée car les garçon viennent chez elle pour donner des offrandes
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