CINQUIEME JOUR : LE 14 OCTOBRE 2019

                                                               


      La nuit à bord en pleine Mer de Chine se révèle salvatrice pour nous qui commencions à accumuler pas mal d'heures d'insomnie depuis notre départ .Le doux bercement de la houle ,la fraicheur de la nuit , le silence , tous ces éléments ont contribué à nous offrir une nuit de bébé . Dès que nous ouvrons un oeil , c'est pour nous précipiter sur le pont afin de ne rien manquer du lever de soleil : ce n'est pas tous les jours que l'on voit la brume matinale transformer les îlots rocheux de la Baie d'Ha Long en silhouettes fantasmagoriques . Tout autour de nous de petites barques de pêcheurs sont venues tirer leur filet pendant la nuit ou bien poser des casiers dont on voit les flotteurs munis d'un petit drapeau se dandiner au gré de la houle . Rapidement les rayons du soleil parviennent à passer par dessus la falaise la plus proche de nous pour argenter  à souhait , les flots ondulants sous  une légère brise matinale . On va encore avoir un sacré paquet de photos à trier ce soir avec un tel spectacle . Petit à petit les autres membres du groupe nous rejoignent sur le desk pour partager ce spectacle .




            Vers 7h00 le cuisinier vient nous chercher pour prendre le petit déjeuner pendant que nous faisons route vers un village de pêcheurs installés dans une baie étroite et très abritée par les hautes falaises des îlots rocheux . Ils y ont installés de véritables fermes aquatiques , immenses radeaux avec une petite habitation dessus et de grands filets en dessous où se reproduisent poissons , crevettes et huitres . A peine sortons nous de table que nous nous ancrons à proximité de ce havre de paix . Il faut d'abord emprunter notre navette avant de grimper ensuite dans de petits sampans par groupe de quatre . Ce sont des pêcheurs qui  , pour améliorer leurs revenus s'occupent de conduire ces petites esquisses à l'aide de deux grandes rames qu'ils font tournoyer habilement , en position debout sur la plage arrière . Cela permet , comme hier en kayak , d'approcher le pied des falaises rongées par l'érosion marine . Au passage nous constatons que toutes ces fermes  aquacoles possèdent trois ou quatre chiens . Tchin-tchin nous explique qu'ils servent à la fois de défense mais surtout à rappeler la terre ferme dont les pêcheurs sont  nostalgiques . Le point culminant du travail de l'érosion nous est offert en fin de parcours : il s'agit d'une large grotte qui forme une vaste arche naturelle , creusée à travers un îlot rocheux : une gigantesque fenêtre offrant une vue panoramique sur le reste de la Baie d'Ha Long ; un incomparable  contre-jour d'ombres chinoises qui défilent devant nos yeux .




            Nous regagnons ensuite notre jonque pour rentrer au port d'Ha Long en fin de matinée . En fait nous rentrons sur Hongaï  ,c'est à dire la ville traditionnelle , située à droite du grand pont ,la ville touristique occupant l'autre rive . Nous passons une bonne partie du temps de la route du retour ,assis sur le pont avant , à admirer les panoramas qui défilent aussi  bien à droite qu'à gauche . Quel bonheur d'être là , à pouvoir photographier tous ces pains de sucre que l'érosion a façonné , tous différents les uns des autres . La baie d'Ha Long mérite bien son nom de" huitième merveille du monde"! Pas étonnant quelle attire plus de 14 millions de visiteurs par an ,soit 2000 bateaux par jour ! Les conditions idylliques dans lesquelles nous l'avons visité décuple notre plaisir ,c'est évident : une météo parfaite ce qui n'est pas souvent le cas et surtout un bateau privé ,uniquement notre petit groupe de huit . Et je ne parle du soin apporté par les matelots et le cuisinier pour nous soigner comme des princes . Avant de rejoindre la côte , nous prenons un dernier repas à bord , toujours aussi bon et aussi bien présenté : beignets de calamar enrobés de cacahuètes ,poisson plat de la baie avec une sauce  orange très relevée, un ragout à base de morceaux de poulet et de légumes , des frites et du riz gluant . Et bien sur un plat de tranches de pastèque joliment découpées pour clore ce dernier festin .




            Vers 11h00 nous faisons nos adieux à l'équipage et nous reprenons les 4x4 pour traverser le delta du Fleuve Rouge ,du nord au sud , pour aller à Tam Coc . Il faut d'abord grimper la colline pour récupérer l'extrémité nord du grand pont qui enjambe le bout de la baie , puis reprendre l'autoroute qui mène à Haiphong : c'est le port principal du Vietnam . Il fut fondé par les Français au XIX ème siècle , les colons britanniques , portugais et hollandais s'étant déjà taillés la part du lion dans le secteur . Ils  relièrent ensuite Haiphong à Kunming en Chine en construisant une voie de  chemin de fer , celle qui emprunte le pont Paul Doumer à Hanoï . A partir de Haiphong nous quittons l'autoroute  pour emprunter des routes secondaires , ce qui nous permet de traverser des tas d'agglomérations et de voir le plus prés le  Vietnam du quotidien . Heureusement que nous avons un chauffeur vietnamien pour éviter les camions qui se jettent sur nous ou les scooters qui coupent note route au dernier moment . Sans compter les bosses et les trous de la chaussée qui sont légion . Entre les agglomérations la plaine alluviale du Fleuve Rouge est couverte de rizières séparées par des haies de bananiers . Par moment la monotonie de celles-ci est interrompue par les petits toits recourbés des stèles bouddhiques d'un cimetière . Comme avant hier sur la route entre Hanoï et Ha Long nous sommes surpris par le  nombre d'église qui se dresse au milieu des villages .



            Nous arrêtons à mi-route pour aller visiter la pagode Kéo . Pour cela il faut quitter la nationale 10 un peu avant Nam Dinh et prendre une petite route à gauche que nous suivons  sur 15 km .Il s'agit d'une pagode bouddhiste datant du XVII ème siècle construite derrière un immense bassin entouré de kapokiers . Son énorme charpente ,faite de grosses poutres rondes de bois de fer à l'état brut , lui donne un aspect rustique . La première salle est occupée par deux énormes bustes , en argile cuite avec de la paille de riz et peinte secondairement : à droite le bien , à gauche le mal . Dans la pièce suivante des pratiquants prient à genoux sur des tapis , devant un autel surchargé d'offrandes .Nous traversons ensuite un préau où sont exposées des sculptures en bois laqué qui servent dans les processions : il y a plusieurs représentations de chevaux et celle d'un bateau disposées sur des brancards . Nous pénétrons ensuite dans une autre salle dont l'autel est couvert de statuts de bouddha et d'une déesse aux mille mains . Dans la dernière salle , la dépouille de Kéo trône assise sur l'autel : il parait que les fidèles lui ont laqué son squelette avant de l'installer dans ce temple . A l'extérieur , juste derrière se dresse la robuste charpente de la Tour de la Cloche : au rez de chaussée on peut voir un gong en pierre  partiellement détruit dans les années soixante par les brigades rouges , et au troisième niveau est installée la cloche de bronze . Dans les angles recourbés des toitures on utilisait la partie métallique des socs de charrue comme on peut le voir sur l'une des photos de la charpente .
 




  


  Nous terminons la route de Tam Coc en moins d'une heure dans la grisaille avec une circulation assez dense sur les derniers kilomètres .A peine installés à l'hôtel "Boutique-garden" , nous goûtons les galettes au miel achetées au temple avec une bière comme nous l'a conseillé Tchin-tchin . Il est temps ensuite de repasser à la chambre pour s'occuper des nombreuses photos de la Baie d'Ha Long . Vers 19h00 nous nous retrouvons pour aller manger en ville dans un petit troquet recommandé par notre guide : la taulière nous propose des crevettes grillées parfumées à la citronnelle et à l'ail . Encore une fois l'addition est redoutable car nous nous en sortons avec 5 dollars par tête, boisson comprise !! Puis il faut se résoudre à rentrer à pieds sous une fine pluie : cela de laisse rien présager de bon pour notre balade en sampan demain matin 



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